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2. Ce changement put venir aussi de quelque chagrin de ce que l'Eglise catholique lisoit quelques additions de Theodotion. Et ce fut pour cela que, tant qu'il ne fit que traduire les LXX. il prit ces additions immediatement de l'hebreu, ex hebraeo în sermone nostro addita sunt, dit-il; quoiqu'il y ait un mot un peu difficile sur ce point dans la Lettre à S. Augustin.

3. I put encore avoir remarqué par une longue experience, que la negligence, l'ignorance, ou l'empressement des Libraires et des copistes confondoient tout; et que les copies d' un original fort exact étoient pleines de fautes, ou par la transposition, ou par la suppression des étoiles et des lignes. C'est en effet ce qu'il dit aux Dames Sunie et Fretelle qui lui avoient écrit; et cet endroit est très-remarquable: Hinc apud vos et apud plerosque error exoritur, quod scriptorum negligentia, virgulis et asteriscis subtractis, distinctio universa confunditur.

4. Il étoit comme impossible d'empêcher que sous pretexte de mettre ces additions, ou comme Origene, ou comme quelqu'autre, on ne mît plusieurs mots suspects qui changeoient l'Ecriture, et qui la rendoient differente selon les lieux et les copistes. C'est ce qui faisoit dire à S. Jerome (a) avec peu d'exageration, que l'ancienne version des LXX. telle qu'elle avoit été au commencement, pura, et ut ab eis in graecum versa est, ne subsistoit plus, et qu'elle avoit été Vol. II.

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(4) Præf. in Paral. ad Chromat, tom. 1. pag. 1923.

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corrompue et mêlée en cent manieres: Nunc vero, cum pro varietate regionum diversa ferantur exemplaria, et germana illa antiquaque translatio corrupta sit; ce qu'il entend de l'édition même la plus exacte, quoiqu'il n'attribuât cela autrefois qu'à la Vulgate populaire dans l'Epitre à Sunie, et que dans l'avant propos du XVI. Livre sur Isaïe, il gardât encore cette moderation: Hos versiculos, dit-il (a), parlant de huit versets que S. Paul cite contre les Juifs, et qui sont tout de suite dans le XIII. Pseaume, quoiqu'ils. soient tirés du V. du CXXXIX. et en partie d'Isaïe, veru annotant atque praetereunt, liquido confitentes in hebraico non haberi, nec esse in LXX. Interpretibus, sed in editione Vulgata, quae graece xov dicitur, et in toto orbe diversa est.

TREIZIEME DISSERTATION.

Sur l'état où est a present la sainte
Ecriture.

SI je me contentois de ce que j'ai dit dans

les precedentes Dissertations sur l'Ecriture, j'aurois fait plus de mal que de bien. Car en parlant de l'état où étoit l'Ecriture au tems d'Origene, j'aurois mis les lecteurs en inquietude sur l'état où elle est aujourd'hui.

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(«) Præf. in lib. 16. Comm. in Isaï. tom. 3. p. 415.

Il vaudroit mieux ne leur avoir rien dit de tant de versions grecques, de tant d'éditions differentes, et de tant d' additions ou peu necessaires ou suspectes, si je ne demêlois cette obscurité, et si je ne faisois voir quelle est l'Ecriture dont l'Eglise catholique se sert aujourd'hui. Pour le faire avec ordre, je commencerai par le texte original, et je passerai ensuite à la traduction des LXX. et de cette version grecque aux plus celebres versions latines.

S. I.

De l'état ou est aujourd'hui le Texte
original de l' Ecriture..

Je soutiens que nous avons aujourd'hui le texte original de l'Ecriture dans sa pureté; qu'il ne peut être suspect qu'à des gens ou peu éclairés ou prevenus; et qu'il n'est rien arrivé qui l'ait pu degrader de son rang, et qui ait pu lui faire perdre l'honneur et l' autorité de texte original.

Pour dissiper d'abord tous les nuages et tous les soupçons, je commence par l'éclaircissement d'une difficulté, qui paroit à bien des gens être decisive en faveur du parti contraire. S. Justin, S. Irenée, Tertullien, Origene, Eusebe, S. Chrysostome soutiennent que les Juifs, en haine de la Religion chretienne, ont corrompu l'Ecriture à dessein, et qu'ils y ont fait des changemens essentiels. Peut-on dans le XVII. siecle en être mieux instruit que l'étoient ces anciens Auteurs

T &

dont

dont un grand nombre ont vu le II. siecle? Voilà la difficulté.

A cela je repons qu'il faut examiner ces Auteurs et ce qu'ils disent, sur le fait dont il s'agit. Commençons par S. Justin. Ce saint Martyr dans le Dialogue avec le Juif Tryphon, lui prouve par la confrontation de plusieurs endroits de l'Ecriture, que ceux de sa nation avoient changé ou supprimé plusieurs propheties, qui regardoient l'incarnation, le crucifiement, et la divinité de JesusChrist; et sur ce que Tryphon se recrie que la chose est sans apparence et qu'elle est incroyable, S. Justin lui replique en ces termes (a) Scilicet incredibile? Quasi vero id abominabilius sit quam fecisse vituli effi. giem, et immolasse solis Daemoniis, aut Prophetas ipsos interemisse.

Mais il est certain par la seule vue de cet endroit, que S. Justin parle de la version des LXX. dont il pretend que les Juifs avoient alteré la pureté: Ac, quod illi multos et integros prorsus locos illarum (Scripturarum) ex translatione eorum qui cum Ptolomaeo fuere seniorum sustulerint, in quibus clare hunc ipsum crucifixum Deum et hominem esse, eumque in cruce pendere, et mori pronunciatum esse ostenditur, scire vos volo. Et par cette reponse, on voit comment il faut entendre Eusebe (b), qui parle ainsi du Dialogue de S. Justin avec Tryphon: Quaedam Prophetarum testimonia profert, quae

1

ad.

(a) S. Juftin. Dial. cum Tryph. p. 299. edit. 1636.
(b) Euseb. lib. 4. hist. c. 18.

adversus Tryphonem disputans, a Judaeis e sacris Libris recisa atque expuncta esse convincit. Car il est visible que cet Historien n' assure rien de son chef, et que ce qu'il dit de S. Justin ne peut avoir d'autre explication que celle que nous avons donnée

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Origene qui est assurément de tous les anciens le plus capable de juger de cette matiere, ne dit rien non plus contre le texte hebreu. Le passage le plus fort qu'on en puisse objecter, est dans la XVI. Homelie sur le Prophete Jeremie, où expliquant ces paroles du Chapitre XVII. v. i. Peccatum Juda scriptum est stilo ferreo, il marque que les Juifs avoient substitué corum à Juda; et voici ce qu'on cite (a): Quoniam difficile est aliquem se malum confiteri, ideo Judaei, qui exemplaria nonnulla falsarunt, etiam in hoc loco pro peccato Judae, peccatum eorum posuerunt. Mais ce passage ne paroit fort, que parce qu'il est rapporté infidelement. Voici ce qui y manque (b): Alia sequitur prophetia (quam nescio quare apud Septuaginta non invenientes, in caeteris editionibus, quae cum hebraeo consentiunt sermone, reperimus) quae plena est necessariis rebus et tam utilibus ut possit, si animus fuerit attentus, a vitiis revocare lectorem. Sic autem sequitur, etc. Par où il est clair 1. qu' Origene parle des LXX. 2. qu'il avoit trouvé le mot de Juda dans les autres éditions qui

T3

sui

(a) Hom 16. in Jerem. c. 17. n. 10. tom. 3. pag. 134. (b) Ibid.

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