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DR DRAPEAUX. ( Bénédiction des ) Cette cérémonie se fait avec beaucoup d'éclar, au bruit des tambours, des trompettes & même de la mousquetterie des troupes qui sont sous les armes. Si la bénédi&tion a lieu dans une ville , elles se rendent en corps dans l'Eglise pincipale; là l'Evêque ou quelqu'Eccléfiastique de marque, bénit & consacre les drapeaux, qui y ont été portés pliés, par des prières, des signes de croix & l'asperfion de l'eau bénite : alors on les déploie, & les troupes les remportent en cérémonie. Voyez le détail dans les Elements de l'art Militaire, par M. d'Héricourt.

Quelques incrédules ont conclu de-là que l'Eglise approuve la guerre & l'effusion du sang. Il n'en eft rien; mais par cette cérémonie elle fait souvenir les Militaires que c'eft Dieu qui accorde la victoire, ou punit les armées par des défaites ; qu'il faut bannir les armées des désordres capables d'attirer la colère , s'abstenir de tout ade de cruauté qui n'est pas absolument nécellaire pour vaincre l'ennemi, respecter le droit des gens, même au milieu du carnage. Voyez GUERRE.

« Les soldats, dit le Maréchal de Saxe, doivent se faire une » religion de ne jamais abandonner leur drapeau, il doit leur o etre sacré, & l'on ne sauroit y attacher trop de cérémonies » pour le rendre respectable & précieux. Si l'on peut y parve»nir, on peut ausi compter sur toutes sortes de bons succès; » la fermeté des soldats, leur valeur en seront les suites. Un v homme déterminé, qui prendra en main leur drapeau , leur » fera braver les plus grands dangers ». Cela est prouvé par l'exemple des Romains; ils rendoient aux enseignes militaires un culte idolâtre & fuperftitieux, & cer excès leur a été reproché par nos anciens Apologistes. a La religion des Romains est » route militaire , disoit Tertullien ; elle adore les enseignes, o jure par elles, & les mer à la tête de tous les Dieux ». Adv. gentes, c. 16. Le Christianisme , en détruisant le culte idolâtre attaché aux drapeaux, n'a pas voulu détruire une vénération fi urile au service militaire; l'usage de les bénir est fort ancien. Sur la fin du neuvième siècle , l'Empereur Léon le Philosophe recommande aux Capitaines de faire bénir leurs enseignes par des Prêtres un ou deux jours avant de partir pour une expédition. Mém. de l'Acad, des Inscript. t. 63 , in-12, p. 2 & 10.

Comme les images des Dieux étoient peintes ou sculptées sur les enseignes des Romains, que les soldats croyoient combattre sous la protection de ces fausses divinités, & leur rendoient un calte idolâtre, les premiers Chrétiens eurent pendant quelque temps de la répugnance à exercer la profession des armes ; ils craignirent de paroitre prendre part à ce culte superstitieux. C'est

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à cause de ce danger que Tertullien décida, dans son livre de cororá militis, qu'il n'étoit pas permis à un Chrétien d'être soldat. Mais il faut qu'il ait jugé lui-même cette décision trop sévère, puisque dans son Apologétique, c. 37, il atteste que les camps étoient remplis de Chrétiens, & il ne les désapprouve point. Voyez ARMES.

DROIT. Nous ne pouvons parler du droit divin fans donner une notion du droit en général. Nous entendons sous ce nom toute prétention conforme à la loi; ou, si l'on veut, c'est ce que l'homme peut faire lui-même, ou exiger des autres pour son bien en vertu d'une loi. S'il n'y avoit point de loi, il n'y auroit ni droit ni tort; c'est la loi divine qui est le fondement, la règle & la mesure de tous nos droits.

Quand on suppose que l'homme est de même nature que les brutes, & souinis aux mêmes loix, sur quoi ses droits peuvent-ils être fondés? Sur les besoins sans doute & sur ses forces; mais toutes les manières de pourvoir à nos besoins & d'exercer nos forces ne sont pas légitimes, il en est desquelles il ne nous eft jamais permis de nous servir. Quoique nous ayons le besoin &'la force de conserver notre vie, nous n'avons pas

droit de le faire aux dépens de la vie de nos semblables; le degré de nos besoins & de nos forces ne peut donc pas être la mesure de nos droits. Les animaux ont des besoins égaux, & fouvent des forces supérieures à celles de l'homme ; on ne s'est pas encore avisé de leur attribuer des droits à l'égard de l'homme ou envers leurs semblables.

Le vrai fondement des droits de l'homme est donc cette loi primitive du Créateur : « Croiffez, multipliez , dominez sur les » animaux & sur les productions de la terre ». Gen. ch. 1,

. 28. Toute faculté & toute action qui n'est pas comprise dans le sens de ces paroles n'est plus un droit, mais une injustice & une usurpation.

La plupart des Philosophes modernes ont voulu tirer la notion du droit & de la justice, des sensations. Lorsqu'un homme nous fait violence, disent-ils, la sensation que nous éprouvons eft jointe à l'idée d'injustice; nous sentons que cet homme n'a pas le droit de nous faire violence, qu'au contraire, il blesse le droit que nous avons de ne pas la souffrir.

19. Ceite théorie même suppose que nous avons déja l'idée du droit, avant d'éprouver une violence, 2°. Lorsqu'un coup de vent nous renverse , nous éprouvons la même sensation que quand un brutal nous jette par terre ; dans le premier cas, cependant, elle ne nous donne point l'idée de tort ni d'injustice. Si elle nous donne cette idée dans le second cas, c'est

que nous supposons celui qui agit doué de connoiffance & de liberté ; autre idée qui ne vient point des sensations. Dire que

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celui qui nous blesse n'en a pas le droit, & dire qu'il y a une loi qui le lui défend , c'est la même chose. Ainsi la notion de droit & de tori eft effentiellement liée à celle de loi. 3o. Nous ne voyons pas pourquoi le bien que nous recevons de nos lemblables ne nous donneroit pas l'idée de droit, comme le mal, que nous en éprouvons nous donne l'idée de tort ou d'injustice. Cette théorie est fausse à tous égards.

De même que fans la notion de loi nous ne pouvons avoir celle de devoir ou d'obligation morale , nous ne pouvons former non plus l'idée de droit & de justice.

Il ne faut cependant pas confondre l'une de ces idées avec l'autre. Le devoir est ce que Dieu nous ordonne de faire, le droit est ce qu'il nous permet, & ce qu'il commande aux autres de faire pour nous. Il est de notre devoir d'allifter nos femblables dans le besoin, & nous avons droit d'exiger d'eux l'assistance en pareil cas. Ce n'est pas pour nous un devoir d'exercer nos droits dans toute leur étendue & dans la rigueur, nous pou• vons en relâcher par indulgence, ou renoncer à un droit quelconque, pour en acquérir un autre qui nous paroît plus avantageux.

Droit & devoir sont donc corrélatifs; la loi ne peut me donper un droit à l'égard de mes semblables, sans leur imposer le devoir de me l'accorder , & sans m'imposer aussi des devoirs à leur égard, autrement elle me favoriseroit à leur préjudice; ainsi nos devoirs sont toujours proportionnés à nos droits.

Si l'on n'avoit pas confondu ces notions, l'on n'auroit pas décidé

que c'est un devoir pour l'homme de se marier & de mettre des enfans au monde , puisqu'il en a le droit ; on n'auroit pas conclu que l'état de continence est contraire au droit naturel. Droit & devoir ne sont pas la même chose ; où est la loi qui ordonne à l'homme de se marier? Personne n'a droit de l'en empêcher pour toujours & dans tous les cas ; mais personne non plus ne peut lui en imposer le devoir , sinon dans le cas de nécessité. Il å le droit de choisir l'état de vie qui lui paroit le plus avantageux, lorsqu'il ne porte aucun préjudice à les semblables. Or, il est des hommes qui, par goût, par caraćtère, par temperament , jugent que le célibat est plus avan. tageux pour eux que l'état du mariage. Loin de porter aucun préjudice à la société, en préférant le premier, ils s'abstiennent de mettre au monde des enfans, qui probablement seroient malheureux & à charge à la société.

En général les théologiens ne sauroient trop se défier des notions que les Philosophes modernes veulent nous donner des étres moraux ; c'est avec raison que la Faculté de Théologie de Paris a condamné leur théorie sur l'origine des idées de droit, de justice, de devoir & d'obligation morale , elle n'a été forgée que pour favoriser le Matérialisme.

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Il n'est pas besoin d'une longue discussion pour réfuter le sentiment de Hobbes, qui est aulli celui de Spinosa; savoir que tout droit est fondé uniquement sur la puissance que l'un eft toujours en proportion de l'autre, que Dieu lui-même n'a droit de commander aux hommes que parce qu'il est tout-puissant ; qu’ainsi l'obligation d'obéir n'est autre chose que l'impuillance de résister. D'où il s'ensuit que si un homme étoit assez puilsant pour subjuguer l'univers entier, il en auroit le droit, & que tout le monde seroit dans l'obligation de lui obéir. Mais il s'ensuit aussi que tout homme qui a le pouvoir de résister impunément, en a aussi le droit, & que, dans le fond, l'obligation morale est absolument nulle, que la force seule règne parmi les hommes , comnie parmi les animaux. Voyez Cudworth, Syst. intell. chap. 5 , fect. 5 S. 33, & les Notes de Mosheim.

Ces conséquences, & beaucoup d'autres qu'entraîne ce fyftême, suffisent pour en démontrer l'absurdité, & pour en inspirer de l'horreur. Dieu n'a point créé le monde pour faire oftentation de la puissance, mais pour exercer la bonté, puisqu'il n'avoit besoin d'aucune créature. De même que

c'est par bonté qu'il a donné l'être aux hommes, & qu'il les a faits tels qu'ils sont, c'est aussi par bonté qu'il les a destinés à l'état de société; il n'étoit pas bon que l'homme fút seul. Gen. ch. 2, V. 18. Conséquemment il a fallu qu'il leur imposât des loix & des obligacions mutuelles , & c'est ainsi qu'il leur a donné des droits les uns à l'égard des autres ; il a ordonné à chacun d'eux d’eider for prochain. Eccli. c. 17, ¥. 12. Une liberté illimirée, loin d'être un avantage pour eux, feroit leur malheur & tourneroit à leur destruction; David n'avoit pas cort de dire : Votre loi , Seigneur , est un bien pour moi. Ps. 118, N. 72. Sur cette loi éternelle sont fondées toutes les autres loix, & ce que nous nommons droit & justice. Voyez Société.

De là il résulte que le droit de commander , dont Dieu a revêtu certains hommes , est destiné , comme celui de Dieu mê. me, à procurer le bien de la société humaine ; ainsi Dieu n'a donné à aucun homme une autorité absolue, desporique, illimitée , affranchie de toute loi, parce quc, vu les passions aux. quelles tout homme est sujet, une telle autorité seroit destructive de la société, & ne pourroit tourner qu'à son malheur. Quand un homme auroit le pouvoir de se la procurer, il n'en auroit pas le droit , il seroit injufte & punisTable de vouloir l'exercer. Mais lors même que celui qui est revêtu d'une autorité légisime abuse de son droit, il n'est permis de résister que quand ce qu'il commande est formellement contraire à la loi de Dieu; c'elt alors seulement qu'il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux kommes. A&. ch. 4, V. 19. Un droit absolu & illimité de réfire tance rendroit l'autorité nulle, établiroit l'anarchic, & feroit

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aussi contraire au bien de la société qu'une autorité despotique & illimitée.

Dès que l'on perd de vue ces principes, dont la vérité est palpable, & que la raison nous dicte aussi bien que la révélation, l'on ne peut plus enseigner que des absurdités touchant le droit, la justice , l'autorité, le

gouvernement , &c. DROIT NATUREL. C'est ce qu'il nous est permis de faire pour notre bien , & ce qu'il est ordonné aux autres de faire en notre faveur , par la loi générale que Dieu a imposée à tous les hommes, en les destinant à l'état de société.

Dieu avoit décidé qu'il n'est pas avantageux à l'homme d'être seul , Gen. c. 2, V. 18, il avoit formé deux individus, & il les unit en les bénissant par ces paroles : Croilez, multiplier , &c. Cette société naturelle & domestique eft l'origine & le fondement de toutes les autres, du droit naturel dans toute son étendue.

Nous convenons que le droit naturel est fondé sur la nature de l'homme, tout comme la loi naturelle ; mais fi l'homme étoit l'ouvrage du hasard, ou de la matière aveugle , comme le prétendent tant de Philosophes, quel droit , quelle loi pourroit-on fonder sur la nature 'Tout leroit nécessaire ; donc rien ne seroit ni bien ni mal, il n'y auroit ni droit, ni tort, ni vice, ni vertu.

Mais dès que l'homme, tel qu'il est, est l'ouvrage de Dieu, ce Créateur intelligent, sage & bon, ne s'est pas contredit lui-' même; en donnant à l'homine le besoin & l'inclination de vivre en société, il lui a imposé les devoirs de l'état social, & a fondé les droits de l'homme sur la loi même que lui prescric ses devoirs.

La fin du droit naturel, dit très-bien Leibniz, est le bien de ceux qui l'observent ; l'objet de ce droit est tout ce qu'il imporre à autrui que nous fassions , & qui est en notre puissance; la cause efficiente de la lumière de la raison éternelle que Dieu a allumée dans nos esprits ; ainsi le_fondement de ce droit n'est point une volonté arbitraire de Dieu, mais une volonté dirigée par les vérités éternelles, qui font l'objet de l'entendement divin. C'est aussi ce qu'a pensé Cicéron. Voyez DEVOIR.

Quelques Philosophes ont défini le droit naturel, ce qui est conforme à la volonté générale de tous les hommes. Cette définition a'eft pas juste. La volonté générale est sans doute un signe certain pour connoître ce qui est ou n'est pas de droit naturel ; mais ce n'est pas elle qui constitue ce droit. Toutes les volontés particulières desquelles résulte la volonté générale, ne font justes, légitimes, capables de faire loi par leur réunion, qu'autant qu'elles sont l'expression de la volonté de Dieu. Puisque ,

felon les Philosophes même , aucun homme n'est mon supérieur I par nature, & n'a aucune autorité sur moi, tous les hommes

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