D E THÉOLOGIE, Par M. l'ABBÉ BERGIER, Chanoine EXTRAIT DE L'ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE. autres Parties de l'Encyclopédie. TOME TROISIÈME. A LIEGE, M. DCC. LXXXIX. DO X DOXOLOGIE, nom que nom que les Grecs ont donné à l'hymne angélique ou çantique de louange que les Latins chantent à la Messe , & qu'on nomme communément le Gloria in excelsis , parce qu'il commence en grec par le mot Abga, gloire. Ils distinguent dans leurs livres liturgiques la grande & la perire Doxologie. La grande Doxologie est celle dont nous venons de parler. La petite Doxologie est le verset Gloria Patri & Filio, &c., par lequel on termine la récitation de chaque pseaume dans l'office divin, & qui commence en grec par le même mot. Philoftorge, Historien suspect & trop favorable aux Ariens, dans son troisième livre, no. 13 , nous donne trois formules de la petite Doxologie. La première est, gloire au Père , & au Fils, & cu Saint-Esprit . La seconde , gloire au Père par le Fils dans le Saint-Esprit. La troisième, gloire au Père dans le Fils & le Saint-Esprit. Sozomène & Nicéphore en ajoutent une quatrième ; savoir , gloire su Père &. au Fils dans le Saint-Esprit. La première de ces Doxologies est la plus ancienne, & a toujours été en usage dans les Eglises d'Occident. Théodoret prétend qu'elle vient des Apôtres, Hif. I. 4, c. 1. Les trois autres furent composées par les Ariens, vers l'an 341, au Concile d'Antioche, où les Ariens, qui commençoient á n'être plus d'accord entr'eux, voulurent avoir des Doxologies relatives à leurs divers sentimens. Les Catholiques, de leur côté, conservèrent l'ancienne Doxologie comme une profession de foi opposée à l'Arianisme. Ainsi l'ordonna le Concile de Vaisons, l'an 529. Voyez Fleury, Hift. Ecclef. liv. 32, tit. 12, p. 268. Cette preuve de l'ancienne croyance de l'Eglise est d'autant plus forte, que l'on ne peut pas 'afligner la première origine de cette manière de louer Dieu. Au reste, comme le remarque Bingham, la petite Doxologie n'a pas toujours été uniforme, quant aux termes, dans les Eglises Catholiques; mais elle n'a pas varié quant au sens. Le quatrième Concile de Tolède, tenu en 523 , s'exprime ainsi à cet égard : In fine omnium psalmorum dicimus, gloria & honor Patri & Filio & Spiritui Sancto, in fæcula fæculorum , amen; Walafrid, Strabon, de rzb. eccles. ch. 25, rapporte que les Grecs la concurent en ces termes : Gloria Patri & Filio & Spiritui Sancto , & nunc & femper , & in fæcula fæculorum, amen. Outre cette Doxologie qui terminoit les pleaumes , Bingham observe qu'il y en avoit anciennement une dont il cite un exem. A 3 ple tiré des Conftitutions Apoftoliques, liv. 8, c. 12, par laquelle on terminoit les prières : Onnis gloria , veneratio, gratiarum aétio, honor, adorario, Patri & Filio & Spiritui Sanéto , nunc & femper & in infinita ac fempiterna fæcula faculorum, amen. Ou cette autre : Per Chriftum quo tibi & Spiritui Sancto gloria, honor, laus, glorificatio , gratiarum actio in fæcula, amen. Et entin celle-ci, par laquelle on concluoit les ferinons ou homélies ; Ut obtineamus elernam vitam, per Jefum Chriftum ; cui cum Patre & Spiritu San&o , gloria & poteftas in sæcula fæculorum, amen. Bingham, Orig. Ecclef. tome 6, liv. 14, c. 2, S. 1. Quant à la grande Doxologie ou au Gloria in excelsis, excepré les premières paroles que les Evangélistes attribuent aux Anges qui annoncèrent aux Bergers la naillance de Jésus-Christ on ignore par qui le reste a éré ajouté ; & quoiqu'on appelle toute la pièce l'Hymne angélique, les Pères ont reconnu que tout le reste étoit l'ouvrage des hommes. C'est ce qu'on voit dans le treizième Canon du quatrième Concile de Tolède. Ce qu'il y a de certain , c'est que ce cantique est très-ancien, & n'est pas une profession de foi moins claire que la précédente. Saint Chryfoftome observe que les Ascères le chantoient à l'Office du marin. Mais, de toute antiquité, on l'a chanté principalement à la Messe, non pas cependant tous les jours. La liturgie Mozarabique veur qu'on le chante le jour de Noël avant les leçons, c'est-à-dire, avant la lecture de l'Epître & de l'Evangile. Dans les autres Eglises, on ne le chantoit que le Dimanche, à Pâques & aux autres Fêtes les plus solemnelles; encore aujourd'hui dans l'Eglise Romaine, on ne le dit point à la Messe les jours de férie & des fêtes simples, non plus que dans l'Avent, ni depuis la Septuagésime jusqu'au Samedi Saint exclusivement. Bingham, Orig. Ecclef. t. 6, 1. 14, C. 11, S. 2. 1P y a beaucoup d'apparence que depuis la naiffance de l'Arianisme l'Eglise rendit l'usage des deux Doxologies plus commun, & fit une loi de ce qui n'étoit auparavant qu'une coutume, afin de prémunir les Fidèles contre l'erreur; mais l'une & l'autre font plus anciennes que l'Arianisme, & prouvent que les Ariens étoient des novateurs. Il est même probable qu'Eufèbe avoit en vue ces deux formules, lorsqu'il dit que les cantiques des Fidèles attribuoient la divinité à Jésus-Christ, & qu'ils avoient été composés dès le commencement. Hist . Ecclés, 1. Is, c. 28. En effet, Pline le jeune, Epif. 97, l. 10, écrit å frajan que les Chrétiens, dans leurs affemblées, chantoient des hymnes à Jésus-Christ comme à un Dieu. Lucien le témoigne de même dans le Dialogue intitulé Philopairis. Le Brun, Explic, des cérém. de la Melle, t. 1, p. 163. 1 |