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suivant qu'il en trouvait l'occasion. Dans le sixième siècle1 on divisait toutes les explications qu'il a données des Psaumes en quinze décades ou quinze parties, composées chacune de dix psaumes; ce qui se trouve encore dans trois manuscrits, un de l'Église de Paris, et deux de la Bibliothèque de M. Colbert; mais comme Possidius ne dit rien de cette division, il y a apparence qu'elle ne vient pas de saint Augustin.

4. Ce Père se servit dans l'explication des Psaumes, de la version latine faite du grec. parce qu'il n'avait pas encore celle que saint Jérôme fit sur l'hébreu. Mais pour plus grande exactitude, il consulta les différents exemplaires latins, et les conféra avec le texte grec des Septante, pour déterminer le sens des endroits, où le latin pouvait en avoir plusieurs, et pour corriger aussi quel ques fautes de latin.

5. Les Commentaires de saint Augustin te sur les Psaumes, sont précédés de trois préfaces, dont aucune n'est de lui. La première qui est la plus longue, est d'un auteur trèsrécent; la seconde est celle de saint Basile sur les Psaumes, de la traduction de Ruffin; la troisième ne s'accorde pas avec saint Augustin touchant l'auteur des Psaumes, puis qu'on y enseigne qu'ils ne sont pas tous de David; tandis que ce Père croit l'opinion contraire plus probable 3.

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6. Il cite lui-même ses Commentaires sur les Psaumes dans ses livres de la Cité de Dieu, et y renvoie ceux qui voudront savoir combien David a prophétisé de choses touchant Jésus-Christ et l'Église. Cassiodore y eut recours lorsqu'il entreprit une nouvelle explication des Psaumes, et il reconnaît

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qu'il avait tiré quelques ruisseaux de cette mer de science et d'instruction. » C'est ainsi qu'il appelle ces Commentaires dont il parle ailleurs «< comme d'un ouvrage fait avec autant de soin que d'étendue. » Il en est parlé aussi avec éloge dans une petite pièce de poésie mise à la tête d'un abrégé de ces Commentaires fait par un nommé Annon à l'ordre de Landulfe, en faveur de ceux qui n'avaient pas le moyen d'acheter l'ouvrage entier, ni assez de temps ou d'application pour le lire.

7. Saint Augustin ne s'arrête pas beau

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tin dans l'ex

Psaumes.

40.

Matth. XX11,

1 Tim. 1, 5.

coup ordinairement à développer le sens saint Auguslittéral des Psaumes; mais pour peu qu'il plication des soit intelligible, il passe au sens figuré, cherchant et trouvant partout Jésus-Christ et son corps, qui est l'Église, avec la double charité qui comprend toute la loi et les prophètes. Il suit cette méthode non-seulement dans les discours faits au peuple sur les Psaumes, mais encore dans les explications qu'il en a dictées, où il lui était libre de se fixer à un sens plutôt qu'à un autre. Quelquefois il donne jusqu'à trois sens d'un même psaume, l'entendant premièrement de Jésus-Christ, ensuite de l'Église qui est son corps, puis de chacun des fidèles. Sa raison de rapporter à la charité toutes les. connaissances et toutes les instructions qu'on découvre dans les paroles divines, c'est qu'il est dit dans l'Évangile que toute la loi et les prophètes ne consistent que dans les deux préceptes de la charité de Dieu et du prochain, et que saint Paul dit aussi que la fin du précepte est la charité. C'est sur cela qu'il déclare à son peuple en expliquant le psaume cent-quarantième, que tout ce que nous concevons et tout ce que nous disons de bon, et tout ce que nous tirons de quelque endroit que ce soit de l'Écriture, a pour unique fin et seul but, la charité; que nous n'y devons pas chercher autre chose; qu'elle est cachée dans tout ce qu'il y a d'obscur, et qu'elle paraît visiblement dans tout ce qui est clair et manifeste. Avec le secours de cette règle, saint Augustin fait voir que toutes les paroles des Psaumes, qui paraissent autoriser les malédictions et les vengeances, sont seulement des prophéties et des prédictions des malheurs qui doivent arriver aux pécheurs s'ils ne se convertissent. David en demandant d'être délivré de ses ennemis ou de les vaincre, demande de ne point succomber aux tentations. Par les ennemis de ce saint roi on doit entendre non-seulement les démons ou les pécheurs, mais aussi les passions mauvaises qui en cette vie sont un obstacle à notre salut; les promesses qui semblent dans les Psaumes ne regarder que les biens temporels, doivent s'entendre des biens éternels. Tout ce qui y est dit, doit se rapporter à l'édification des âmes, à l'instruction des fidèles, à la pratique de la

5 Cassiod., Prolog. in Psalm. - Idem, Instit., cap. IV.

7 Præf. Bened. in Aug. Psal. ccxxvi.

Réflexions remarquables

plications.

vertu. C'est pour inculquer plus aisément toutes ces vérités, que saint Augustin fait souvent parler Jésus-Christ par la bouche de David, suivant en cela l'usage de plusieurs anciens commentateurs. Mais comme on trouve plusieurs endroits dans les Psaumes où le Sauveur semble s'attribuer nonseulement les infirmités humaines, mais aussi des péchés, le saint Docteur avertit qu'on ne doit point en les lisant séparer Jésus-Christ de ses membres, mais le regarder comme uni par un lien indissoluble au corps entier de l'Église dont il est le chef.

8. Tous ces sens différents que l'obscurité dans ces ex même de l'Écriture fournit, donnent lieu à Saint Augustin de faire un grand nombre de réflexions morales sur toutes sortes de sujets. In Feal. iv. Nous en rapportons quelques-unes : « L'on ne doit aimer que les biens intérieurs; pour tous les autres, on en peut user dans la nécessité, mais non pas en jouir pour le plaisir. L'âme qui s'abandonne aux plaisirs du monde est toujours embrasée d'une cupidité qui ne peut être satisfaite; et étant partagée par une infinité de passions qui la déchirent, elle est incapable de contempler le saint et vrai bien qui seul peut la rendre heureuse. In Psal. v. Lorsqu'elle s'efforce de s'avancer vers Dieu, elle se trouve souvent si ébranlée et si chancelante dans ses voies, quelle n'accomplit pas ses bons desseins, de crainte de choquer des personnes avec qui elle a à vivre, et qui n'aiment que les biens passagers. Les railleries des impies sont aussi quelquefois si puissantes sur les esprits des personnes faibles, qu'elles les font rougir de mener une In Psal. ix. vie digne du nom de Jésus-Christ. C'est par un secret jugement que Dieu fait sentir des peines à chacun des hommes, c'est ou pour les exercer, afin qu'ils se purifient; ou pour les avertir afin qu'ils se convertissent; ou s'ils méprisent ses corrections et ses avis, pour les aveugler, afin de les punir éternellement. L'âme ne se convertit à Dieu qu'en se détachant du monde : et rien n'est plus capable de l'en détacher que les déplaisirs qui se mêlent dans ses vains et pernicieux plaisirs. Mais les pécheurs sont tellement serrés par les liens de leurs plaisirs criminels, qu'ils ne peuvent en détacher leur affection, pour la porter à des choses qui leur seraient avantageuses; et, quand ils font des efforts pour en sortir, ils ressentent dans leur âme une douleur pareille à celle des captifs, qui se tourmentent pour se délivrer

de leurs chaînes; de sorte que, succombant à cette douleur, ils ne peuvent se résoudre à quitter ces plaisirs pernicieux. »

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9. « Dieu n'est jamais plus en colère, que Suite. lorsqu'il ne châtie pas les péchés, et qu'il semble les oublier et n'y prendre pas garde. C'est donc une marque qu'il aime ceux qu'il prend soin de châtier; mais de crainte que, s'endormant dans une trop grande sécurité, ils ne vivent avec plus de relâchement et de négligence, il les prive de la douceur de son amour, quand il connaît qu'il leur est plus utile de le craindre. Nous devons, en chantant les Psaumes, conformer nos mouvements à ceux qu'inspirent ces cantiques. Si donc un psaume prie, priez aussi avec lui; s'il gémit, gémissez aussi; s'il se réjouit en Dieu, réjouissez-vous aussi; s'il espère, espérez aussi; s'il craint, craignez aussi : car tout ce qui y est écrit, est comme un miroir auquel notre âme doit se conformer. Les vrais cris que Dieu entend ne sortent pas de la bouche, mais du cœur ; plusieurs, gardant le silence des lèvres, ont fortement crié vers Dieu du fond du cœur ; et plusieurs, au contraire, poussant de leur bouche de grandes clameurs, pendant que leur cœur était détourné de Dieu, n'en ont pu rien obtenir. Si donc vous criez à Dieu, criez au dedans de vous, où Dieu vous entend. Vous voulez vous venger, vous qui êtes chrétien; ne savez-vous pas que Jésus-Christ n'est point encore véngé? Vous avez souffert des injures et des persécutions est-ce que JésusChrist n'en a pas souffert? Ne les a-t-il pas endurées le premier pour l'amour de vous, sans qu'il y ait eu rien en lui qui ait mérité qu'il les souffrit? Aimez, mais prenez garde à ce que vous devez aimer. L'amour de Dieu et du prochain est appelé charité, et l'amour du monde cupidité. Réprimez la cupidité dans votre âme et allumez-y la charité. Si vous avez de la foi, vous vous tiendrez sur vos gardes, et vous vous efforcerez d'éviter le péché. Alors Dieu regardera vos efforts, il considérera votre bonne volonté, et il sera le spectateur des combats que vous livrerez contre votre chair. C'est lui qui vous exhorte à combattre, et qui vous aide pour vaincre il vous regarde quand vous combattez, il vous relève quand il vous voit prêts à tomber, et il vous couronnera lorsque Vous aurez achevé de vaincre. Il n'oublie point sa miséricorde en exerçant sa justice, ni sa justice en exerçant sa miséricorde. Il

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a pitié des pécheurs; et il appelle ceux qui se sont détournés de lui. Il pardonne les péchés à ceux qui se sont convertis, mais il ne les pardonne pas à ceux qui ne se convertissent point n'étant pas juste que Dieu traite également ceux qui sont convertis, et ceux qui ne le sont point; ni qu'il reçoive avec la même bonté celui qui dénie ses fautes, et celui qui les confesse; l'humble et le suPaperbe. Il n'y a rien de meilleur dans l'afflic

tion que de se retirer de tous les bruits extérieurs, pour rentrer dans l'intérieur et le secret de notre âme, afin d'y invoquer Dieu, sans que personne soit témoin de nos cris, ni du secours que Dieu nous y donne; de s'y humilier dans la confession de ses péchés; et d'y louer Dieu également, soit qu'il nous châtie, soit qu'il nous assiste. »

10. « Je veux, dit-il, que le jour du jugement dans lequel Dieu rendra aux justes et P aux injustes ce qu'ils méritent, soit encore

bien éloigné; mais il est certain que votre dernier jour est proche; et c'est à celui-là que vous devez vous préparer, puisque vous paraitrez à ce grand jour de la vie future, tel que vous serez au sortir de la vie présente. Quand Dieu nous jugera, il n'y aura point d'autre témoin que notre conscience Papour nous accuser : ainsi, entre un juge juste et notre propre conscience nous n'avons à craindre que la faiblesse de notre cause. Je ne veux pas que vous commettiez l'usure, et je ne le veux pas, parce que Dieu vous le défend. Car quand je ne le voudrais pas, si Dieu le voulait bien, vous pourriez le faire sans crainte; comme au contraire, si Dieu ne le veut pas, vous ne le pouvez sans péché, quoique je vous le permisse. Si vous exigez donc plus que ce que vous avez prêté, soit que ce soit de l'argent ou du blé, ou du vin, ou toute autre chose, vous êtes usurier et par conséquent vous méritez d'être repris. L'usurier veut plus recevoir qu'il n'a prêté faites-en de même. Donnez de petites choses et recevez-en de grandes; donnez des biens temporels, et recevez des biens éternels; donnez la terre, recevez le ciel. Les pauvres ont besoin de vous, et vous avez P. besoin de Dieu. Si vous ne méprisez pas ceux qui ont besoin de vous, Dieu ne vous méprisera pas, vous qui avez besoin de lui. Remplissez donc l'indigence des nécessiteux, afin que Dieu remplisse votre âme de ses Pal dons. Vous n'étiez point, et vous avez été faits qu'avez-vous donné pour cela à Dieu ?

Vous étiez méchants, et vous avez été délivrés du péché? Que lui avez-vous donné? Et que n'avez-vous point reçu gratuitement de sa bonté? C'est parce que ses dons sont gratuits qu'ils sont appelés des grâces: c'est encore pour cela qu'il demande de vous, que vous le serviez gratuitement. Plusieurs n'ont point de honte de pécher, et ils en ont de faire pénitence. O folie incroyable! Vous ne rougissez point de vos blessures, et vous rougissez des remèdes qu'on y applique pour les guérir. Le Seigneur pardonne à celui qui confesse son péché, et qui le punit aussi lui-même. De cette manière il conserve sa miséricorde en ce que le pécheur est délivré; et sa justice en ce que le péché est puni. A la mort la pénitence sera inutile, parce qu'elle viendra trop tard. Voulez-vous que la pénitence vous soit utile? n'attendez pas si tard à la faire. L'Église a différé de recevoir ce pécheur à la pénitence, de peur qu'il ne vint à elle que pour la tenter; et enfin elle l'y a reçu, de peur qu'il ne fût tenté lui-même plus dangereusement, si elle différait davantage à le recevoir. Il ne nous est pas expédient de ne point avoir de tentations; et nous ne devons pas demander à Dieu de n'être pas tentés, mais seulement de ne pas succomber à la tentation. Aimez et craignez aimez les biens que Dieu promet: craignez les maux dont il menace; et vous ne pourrez être corrompu par les promesses des hommes, ni épouvanté par leurs menaces. Quand Dieu donne aux bons les biens temporels, c'est pour les consoler dans les travaux de leur pèlerinage sur la terre; et quand il les donne aux méchants, c'est pour apprendre aux bons à désirer d'autres biens, qui ne puissent leur être communs avec les méchants. Quand Dieu ôte aux bons les biens temporels, c'est pour leur apprendre quelles sont leurs forces, et leur faire connaître la disposition de leurs cœurs, qui peut-être leur était cachée. La félicité du monde est encore plus à craindre que sa misère; car souvent la misère nous fait ti- . rer un fruit avantageux des souffrances; la félicité, au contraire, corrompt l'esprit par une sécurité pernicieuse, et donne lieu au démon de nous tenter et de nous perdre. »

11. «Si vous négligez de confesser vos péchés, il n'y a plus lieu d'espérer miséricorde; et si vous vous rendez le défenseur de votre péché, comment Dieu en sera-t-il le libérateur? Si donc vous voulez qu'il vous en dé

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XXIV.

LXXV.

LXXXV.

car si

livre, accusez-vous-en. Priez-le qu'il détourne sa vue de vos péchés et non pas de vous : In Psal. qu'il la détourne de ce que vous avez fait, et non pas de ce qu'il a fait : car il vous a fait homme, et c'est vous qui vous êtes fait pécheur. Quels vœux doit on faire à Dieu ? In Psal. De croire en lui, d'espérer de lui la vie éternelle, de bien vivre dans la vie commune, et d'accomplir les commandements qui sont communs à tous les chrétiens : c'est là ce que doivent vouer tous les fidèles. Il y a aussi des vœux particuliers que chacun peut faire, pourvu que l'on considère bien l'obligation où l'on est de les accomplir après les avoir faits, l'on vient à regarder en arrière, on fait mal. Une vierge humble est préférable à une femme mariée qui est superbe; mais une vierge superbe est moins estimable qu'une femme mariée qui est In Psal. humble. Chacun des fidèles peut dire Je suis saint; et ce n'est pas là la manière de parler d'un homme superbe, mais la confession de l'homme qui n'est pas ingrat; dites donc hardiment à Dieu : Je suis saint, parce que vous m'avez sanctifié; parce que j'ai reçu de vous cette sainteté, et non parce que je l'ai eue de moi-même; parce que vous me l'avez donnée, et non parce que je l'ai méritée. Tirez de votre chef votre dignité. Tous les martyrs qui sont avec JésusChrist intercèdent sans cesse pour nous; et leurs intercessions ne finiront point que nos gémissements dans cette vie ne soient pasIn Psal. Sés. La confession des péchés doit toujours marcher la première, puis être suivie d'une pénitence salutaire qui soit capable de corriger l'âme. Dieu a promis d'une part aux In Psal. c. hommes le port salutaire de son indulgence, de crainte que par désespoir, ils ne s'abandonnassent dans une vie plus criminelle; et de l'autre, il les a laissés dans l'incertitude du jour de leur mort, de peur que sous l'espérance du pardon, ils ne péchassent davantage; réglant ainsi les choses par un ordre admirable de sa providence, afin que ceux qui voudraient revenir à lui pussent être reçus; et que ceux qui diffèreraient de se convertir, eussent toujours devant les yeux Ia Pal. un juste sujet de trembler. Ne méprisez au

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cun pauvre lorsqu'il vous demande; donnez-lui si vous le pouvez; et, si vous ne le pouvez pas, du moins témoignez-lui de la compassion et de la douceur. Cherchez et informez-vous comment vit le pauvre; ce ne sera pas une curiosité blàmable. Il y en

a qui viennent à vous pour vous demander, mais il y en a d'autres que vous devez prévenir, afin qu'ils ne soient pas obligés de vous demander. Les désirs illicites de la convoitise opèrent malgré nous ce que l'Apôtre appelle péché; mais si notre volonté n'y prête point son consentement, quoique les affections de notre cœur en soient émues, le péché ne produit en nous aucun effet. Vous ne savez à quelle heure le Seigneur viendra, veillez donc toujours, afin qu'il vous trouve prêts à le recevoir; et n'est-ce pas peut-être, afin que vous ayez soin d'être toujours prêts, qu'il ne veut pas que vous sachiez quand il viendra? Votre superflu vous devient nécessaire pour vous-même, lorsque vous l'employez au soulagement des pauvres. Nous aurions beaucoup de superflu, si nous nous réduisions au nécessaire; mais si nous voulons chercher des choses inutiles, nous n'en aurons jamais assez ne cherchez donc que ce qui suffit à l'œuvre de Dieu, et non à votre cupidité. Le superflu des riches est le nécessaire des pauvres : c'est garder le bien d'autrui, que de garder notre superflu. Retranchez quelque chose de fixe et de réglé, ou de vos revenus ordinaires, ou de ce que vous gagnez tous les jours, et destinez-le pour les pauvres. Sera-ce la dime? C'est bien peu; puisque les pharisiens en donnaient autant et toutefois l'Évangile nous enseigne que votre justice doit surpasser la

leur.»

12. Les explications de saint Augustin sur les Psaumes, finissent par une prière qu'il avait, dit-on, coutume de réciter après chacun de ses discours ou traités; on la trouve en mêmes termes, après le sermon 183°, qui est sur la première Épitre de saint Jean et encore ailleurs, la voici : « Tournons-nous « vers le Seigneur notre Dieu, le Père tout

puissant, et rendons - lui avec un cœur «pur, d'aussi grandes et d'aussi abondan«tes actions de grâces que nous en som« mes capables dans notre faiblesse. Implo«rons de toute la force de notre esprit sa « miséricorde infinie, et supplions-le qu'il « daigne écouter favorablement nos prières, « qu'il chasse par sa puissance l'ennemi, « de peur qu'il ne se mêle dans nos actions «<et dans nos pensées; qu'il augmente en « nous la foi; qu'il gouverne notre esprit; « qu'il nous inspire de saintes pensées, et « qu'il nous fasse arriver à la jouissance de « sa beatitude. » On a ajouté à la fin du

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DES ÉCRITS CONTENUS DANS LE CINQUIÈME TOME.

1. Quoique saint Augustin prêchât n'étant que prêtre, il le fit néanmoins depuis son épiscopat, avec plus d'application, plus de ferveur et plus d'autorité, non dans un seul pays, mais partout où on l'en priait : et l'on y voyait les fruits de cette semence divine qu'il était toujours prêt à répandre avec bonté, par les nouveaux accroissements que prenait l'Église. Il continua cette fonction de son ministère jusqu'à la mort avec la même assiduité, la même ardeur, la même force, la même vigueur et le même jugement. Lors même qu'il était encore jeune, s'il se rencontrait en quelque endroit où il fallait parler au peuple, c'était toujours lui qu'on choisissait pour le faire il était rare qu'on lui permit d'écouter les autres, et de demeurer en silence. Le peuple l'écoutait avec beaucoup d'attention; souvent pour lui marquer qu'il comprenait les choses les plus difficiles, il l'interrompait par des applaudissements. Le saint Évêque ne s'en contentait pas dans les choses importantes, mais il continuait jusqu'à ce qu'il vit verser des larmes. Il cessait aussitôt, jugeant alors que ses auditeurs étaient véritablement touchés et pénétrés de la vérité. Les hérétiques comme les catholiques venaient en foule à ses sermons. Ils en faisaient un tel cas qu'ils les écrivaient eux-mêmes dans le temps qu'il les prêchait, ou employaient des écrivains en notes pour n'en rien laisser échapper 5. Il n'est pas douteux que parmi les discours que nous avons de lui, il n'en ait dicté plusieurs avant de les prononcer. Il semble même qu'il en ait composé pour les autres;

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du moins, il fait l'apologie de ceux qui, n'ayant pas la facilité de la composition, récitaient à leur peuple les sermons d'autrui. I prêchait ordinairement en latin, et nous n'en avons pas même d'autres de lui qu'en cette langue, parce qu'apparemment on l'entendait généralement à Hippone, qui était une ville considérable, et un port de mer, où il venait beaucoup d'étrangers. De là vient que dans un de ses sermons il dit un proverbe punique en latin, parce que les habitants de cette ville n'entendaient pas tous le punique. Nous avons vu ailleurs, qu'il y avait des endroits dans le diocèse d'Hippone, où le punique était plus commun, et que saint Augustin avait peine de trouver des ecclésiastiques qui sussent assez bien cette langue pour instruire ceux qui y demeuraient.

§ I.

Des Sermons sur l'Écriture.

1. Tous les sermons de saint Augustin, qui jusqu'ici, se trouvaient dans une grande confusion, sont rangés dans un très-bel ordre dans le cinquième tome de la nouvelle Édition de ses œuvres. Ils y sont divisés en cinq classes, dont la première contient cent quatre-vingt trois sermons sur divers endroits de l'Écriture sainte. Les neuf premiers sont tant sur la Genèse que sur l'Exode. Ce Père y dit, en parlant des apparitions: « Si Dieu a quelquefois voulu se faire voir aux yeux corporels des saints, il ne s'est pas pour cela rendu visible par lui-même, mais par le moyen de quelque créature sensible, c'est-à-dire ou par une voix qui frappait les oreilles, ou par un feu qui se faisait apercevoir aux yeux, ou par un ange qui apparaissait sous quelque figure visible. Ce n'était donc pas cette majesté qui a fait le ciel et la terre, puisqu'elle ne peut être aperçue par des yeux mortels, et que la sagesse de Dieu, par qui toutes choses ont été faites, n'a pu se rendre sensible qu'en prenant une chair humaine. »

Parmi les sermons qui sont sur l'Exode, il y en a un qui est intitulé: Des dix cordes, c'est-à-dire des dix préceptes de la loi, re

7 On a découvert et publié plusieurs autres sermons de saint Augustin; nous en parlerons dans le supplément à la fin du volume. (L'éditeur.)

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