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confondent; ce qui les rend moins utiles et souvent nuisibles aux començans. Je vais faire entendre ma pensée par cet exemple.

Porter, se rend en latin dans le sens propre par ferre: mais quand nous disons porter envie, porter la parole, se porter bien ou mal, etc., on ne se sert plus de ferre pour rendre ces façons de parler en latin : la langue latine a ses expressions particulières pour les exprimer ; porter ou ferre ne sont plus alors dans l'imagination de celui qui parle latin: ainsi, quand on considère porter, tout seul et séparé des autres mots qui lui donent un sens figuré, on manqueroit d'exactitude dans les dictionaires français-latins, si l'on disoit d'abord simplement que porter se rend en latin par ferre, invidére, álloqui, valére, etc.

*

Voyez

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mé sous le

Pourquoi donc tombe-t-on dans la même faute dans les dictionaires latins-français, quand il s'agit de traduire un mot latin? Pourquoi joint-on à la signification propre d'un mot, quelqu'autre signification figurée qu'il n'a jamais tout seul en latin? La figure n'est que dans Dictionaire notre français, parce que nous nous servons latin - frand'une autre image, et par conséquent de mots cais, impridiférens; par exemple: * Mittere signifie, dit- nom du R. on, envoyer, retenir, arêter, écrire; n'est-ce P. Tachart, pas come si l'on disoit dans le dictionaire fran- en 1727, et quelques auçais-latin, que porter se rend en latin par ferre, tres Dictioinvidére, álloqui, valére? Jamais mittere n'a naires noueu la signification de retenir, d'aréter, d'é- veaux. crire dans l'imagination d'un home qui parloit act. 3. sc. 2. latin. Quand Terence a dit:** lacrymas mitte, v. 37. et *** missam iram fáciet; mittere avoit tou-act. 5. sc. 2. jours dans son esprit la signification d'envoyer: v. 14.

** Adelp.

*** Hec.

envoyez loin de vous vos larmes, votre colère come on renvoie tout ce dont on veut se défaire. Que si en ces ocasions nous disons plutôt, retenez vos larmes, retenez votre colère, c'est que, pour exprimer ce sens, nous avons recours à une métaphore prise de l'action que l'on fait quand on retient un cheval avec le frein, ou quand on empêche qu'une chose ne tombe ou ne s'échape. Ainsi il faut toujours distinguer les deux sortes de traductions dont j'ai parlé ailleurs. Quand on ne traduit que pour faire entendre la pensée d'un auteur, on doit rendre, s'il est possible, figure par figure, sans s'atacher à traduire litéralement; mais quand il s'agit de doner l'intelligence d'une langue, ce qui est le but des dictionaires, on doit traduire litéralement, afin de faire entendre le sens figuré qui est en usage en cette langue à l'égard d'un certain mot; autrement, c'est tout confondre : les dictionaires nous diront que aqua signifie le feu, de la même manière qu'ils nous disent que mittere veut dire aréter, retenir; car enfin les Latins crioient aquas, aquas, c'est-àTérrita vi- dire, afférte aquas, quand le feu avoit pris à cinas, Tea la maison, et nous crions alors au feu, c'està-dire, acourez au feu pour aider à l'éteindre. L. 4. El. 9. Ainsi, quand il s'agit d'aprendre la langue d'un v. 52. ad auteur, il faut d'abord doner à un mot sa signiextinguéndum incendium fication propre, c'est-à-dire, celle qu'il avoit inquit Bero- dans l'imagination de l'auteur qui s'en est servi, aldus. ibid. et ensuite on le traduit, si l'on veut, selon la

clamat a

quas. Prop.

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traduction des pensées, c'est-à-dire, à la manière dont on rend le même fonds de pensée, selon l'usage d'une autre langue.

Mittere ne signifie donc point en latin retenir,

non plus que péllere, qui veut dire chasser. Si Térence a dit lacrymas mitte, Virgile a dit dans le même sens, lacrymas diléctæ pelle Creúsæ. Chassez les larmes de Créüse, c'està-dire, les larmes que vous répandez pour l'amour de Créüse, cessez de pleurer votre chère Créüse, retenez les larmes que vous répandez pour l'amour d'elle, consolez-vous.

Mittere ne veut pas dire non plus en latin écrire: et quand on trouve mittere epistolam alicui, cela veut dire dans le latin, envoyer une lettre à quelqu'un, et nous disons plus ordinairement, écrire une lettre à quelqu'un. Je ne finirois point si je voulois raporter ici un plus grand nombre d'exemples du peu d'exactitude de nos meilleurs dictionaires ; merces punition, nox la mort, pulvis le ba

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Je voudrois donc que nos dictionaires donassent d'abord à un mot latin la signification propre que ce mot avoit dans l'imagination des auteurs latins: qu'ensuite ils ajoutassent les divers sens figurés que les Latins donoient à ce mot. Mais quand il arive qu'un mot joint à un autre, forme une expression figurée,un sens, une pensée que nous rendons en notre langue, par une image diférente de celle qui étoit en usage en latin; alors je voudrois distinguer:

En. 2.

785.

1o. Si l'explication litérale qu'on a déja donée du mot latin, suffit pour faire entendre à la lettre l'expression figurée, ou la pensée litérale du latin; en ce cas, je me contenterois de rendre la pensée à notre manière; par exemple: mittere envoyer, mitte iram, relenez votre colère, mittere epistolam alicui, écrire une lettre à quelqu'un.

Provincia, province, de pro ou procul, et de vincire lier, obliger, ou selon d'autres de vincere, vaincre : c'étoit le nom générique que les Romains donoient aux pays dont ils s'étoient rendus maîtres hors de l'italie. On dit dans le sens propre, provinciam cápere, suscipére, prendre le gouvernement d'une province, en être fait gouverneur; et on dit par métaphore, provinciam suscipere, être dans un emploi, dans une fonction Ter. Phor. quelque entreprise. Provinciam cepisti duact. 1. sc. 2. ram, tu t'es chargé d'une mauvaise comission, d'un emploi dificile.

faire

2o. Mais lorsque la façon de parler latine est trop éloignée de la française, et que la lettre n'en peut pas être aisément entendue, les dictionaires devroient l'expliquer d'abord literalement, et ensuite ajouter la phrase française qui répond à la latine; par exemple: láterem crudum laváre, laver une brique crue, c'està-dire, perdre son tems et sa peine, perdre son latin. Qui laveroit une brique avant qu'elle fût cuite, ne feroit que de la boue et perdroit la brique. On ne doit pas conclure de cet exemple, que jamais laváre ait signifié en latin perdre, ni later tems ou peine.

Au reste, il est évident que ces diverses significations qu'une langue done à un même mot d'une autre langue, sont étrangères à ce mot dans la langue originale; ainsi elles ne sont point de mon sujet : je traite seulement içi des diférens sens que l'on done à un même mot dans une même langue, et non pas des diférentes images dont on peut se servir en traduisant,pour exprimer le même fonds de pensée.

DES

DES TROPES.

SECONDE PARTIE.

Des Tropes en particulier.

I.

LA ĊATACH RESE

Abus, extension, ou imitation.

Les langues les plus riches n'ont point un Karágprois; assez grand nombre de mots pour exprimer Abúsio. chaque idée particulière, par un terme qui ne soit que le signe propre de cette idée; ainsi l'on est souvent obligé d'emprunter le mot propre de quelqu'autre idée, qui a le plus de raport à celle qu'on veut exprimer; par exemple: l'usage ordinaire est de clouer des fers sous les piés des chevaux, ce qui s'apèle ferrer un cheval; que s'il arive qu'au lieu de fer on se serve d'argent, on dit alors que les chevaux sont ferrés d'argent, plutôt que d'inventer un nouveau mot qui ne seroit pas entendu on ferre aussi d'argent une cassette, etc. alors ferrer signifie par extension, garnir d'argent au lieu de fer. On dit de même aler à cheval sur Tome III.

D

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