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que le sentiment qu'il combattoit n'étoit pas le véritable. M. de Sévigné avoit raison quand il soutenoit que M. Dacier avoit tort, et M. Dacier prétendoit, avec justice, que M. de Sévigné n'avoit pas raison; mais ni l'un ni l'autre ne sentit qu'il n'avoit pas lui-même saisi le vrai. Il est aisé de voir que les autres ont tort : il est plus rare, je ne dis pas de convenir, ce seroit peut-être trop exiger, mais du moins de sentir qu'on a tort aussi soi-même. On croit avoir raison, parce qu'on sent qu'on est persuadé. Peu de personnes ont assez d'étendue d'esprit pour aller au-delà, et remonter, sans trouble et de bonne foi, au motif et à la cause de leur persuasion. La brute, le sauvage, qui voit un homme dans un miroir, est persuadé qu'il y a là un homme ; mais le philosophe n'y reconnoît que des rayons réfléchis.

J'ai l'honneur d'être, avec les sentimens d'une estime très-sincère et d'une reconnoissance trèsvive, Monsieur, votre, etc. DU MARSAIS.

A Paris, ce 8 août 1745.

LETTRE

D'UNE JEUNE DEMOISELLE

A L'AUTEUR

DES VRAIS PRINCIPES

DE LA LANGUE FRANÇOISE.

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D'UNE JEUNE DEMOISELLE

A L'AUTEUR

DES VRAIS PRINCIPES

DE LA LANGUE FRANÇOISE.

MONSIEUR,

Permettez-moi de m'adresser à vous-même pour avoir quelques éclaircissemens sur les doutes qui me sont venus dans l'esprit, à l'occasion de votre livre des Vrais principes de la langue françoise. Dieu m'a fait la grace de me donner des parens qui ont eu grand soin de mon éducation. Ils engagèrent un habile homme à m'apprendre le latin, afin que je fusse plus en état d'acquérir des connoissances plus élevées.

Ainsi, Monsieur, j'ai été initiée, dès mon enfance, dans les mystères de la grammaire, et sur-tout de la grammaire raisonnée, qui tire ses principes du rapport qu'il y a entre les

(1) Cette lettre, qui se trouve manuscrite à la Bibliothèque nationale est de du Marsais à l'abbé Girard.

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