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Division des figures de mots.

It y a quatre diférentes sortes de figures qui

regardent les mots.

1o. Celles que les grammairiens apèlent figures de diction: elles regardent les changemens qui arivent dans les lettres ou dans les syllabes des mots; telle est, par exemple, la syncope, c'est le retranchement d'une lettre ou d'une syllabe au milieu d'un mot, scuta virúm pour virórum.

2o. Celles qui regardent uniquement la construction; par exemple, lorsqu'Horace, parlant

de Cléopatre, dit monstrum, quæ... nous di- L. 1. Od. sons en français la plupart des homes disent, 37. v. 21. et non pas dit. On fait alors la construction selon le sens. Cette figure s'apèle syllepse. J'ai traité ailleurs de ces sortes de figures, ainsi je n'en parlerai point ici.

30. Il y a quelques figures de mots, dans lesquelles les mots conservent leur signification propre, telle est la répétition, etc. C'est aux rhéteurs à parler de ces sortes de figures, aussi bien que des figures de pensées. Dans les unes et dans les autres, la figure ne consiste point dans le changement de signification des mots, ainsi elles ne sont point de mon sujet.

4°. Enfin, il y a des figures de mots qu'on apèle tropes; les mots prènent par ces figures des significations diférentes de leur signification propre. Ce sont là les figures dont j'entreprens de parler dans cette partie de la grammaire.

ARTICLE IV.

Définition des Tropes.

de

LES Tropes sont des figures par lesquelles on
fait prendre à un mot une signification, qui
n'est pas précisément la signification
propre
ce mot: ainsi pour entendre ce que c'est qu'un
trope, il faut comencer par bien comprendre
ce que c'est que la signification propre d'un
mot; nous l'expliquerons bien- tôt.

Ces figures sont apeléestropes du grec tropos pes, convérsio, dont la racine est trepo, verto, je πρέπω. tourne. Elles sont ainsi apelées, parce que quand on prend un mot dans le sens figuré, on le tourne, pour ainsi dire, afin de lui faire signifier ce qu'il ne signifie point dans le sens propre voiles dans le sens propre ne signifie point vaisseaux, les voiles ne sont qu'une partie du vaisseau : cependant voiles se dit quelquefois pour vaisseaux, come nous l'avons déjà remarqué.

:

Les tropes sont des figures, puisque ce sont des manières de parler, qui, outre la propriété de faire conoître ce qu'on pense, sont encore distinguées par quelque diférence particulière, qui fait qu'on les raporte chacune à une espèce à part.

Il y a dans les tropes une modification ou diférence générale qui les rend tropes, et qui les distingue des autres figures: elle consiste en ce qu'un mot est pris dans une signification qui n'est pas précisément sa signification propre ;

mais de plus chaque trope difère d'un autre trope, et cette diférence particulière consiste dans la manière dont un mot s'écarte de sa signification propre par exemple, Il n'y a plus de Pyrénées, dit Louis XIV d'immortèle mémoire, lorsque son petit - fils le duc d'Anjou, aujourd'hui Philippe V, fut apelé à la couronne d'Espagne. Louis XIV vouloit-il dire que les Pyrénées avoient été abimées ou anéanties? nulement : persone n'entendit cette expression à la lettre, et dans le sens propre ; elle avoit un sens figuré. Boileau faisant allusion, à ce qu'en 1664 le roi envoya au secours de l'empereur des troupes qui défirent les Turcs, et encore à ce que sa majesté établit la compagnie des Indes, dit:

Quand je vois ta sagesse.....

Rendre à l'Aigle éperdu sa première vigueur,
La France sous tes lois maitriser la fortune,
Et nos vaisseaux domtant l'un et l'autre Neptune.....

Ni l'Aigle ni Neptune ne se prènent point là dans le sens propre. Telle est la modification ou diférence générale, qui fait que ces façons. de parler sont des tropes.

Mais quelle espèce particulière de trope? cela dépend de la manière dont un mot s'écarte de sa signification propre pour en prendre une autre. Les Pyrénées dans le sens propre, sont de hautes montagnes qui séparent la France et l'Espagne. Il n'y a plus de Pyrénées, c'est-àdire, plus de séparation, plus de division plus de guerre il n'y aura plus à l'avenir qu'une bone intelligence entre la France et l'Espagne : c'est une métonymie du signe, ou

:

Discours

au roi.

XI. v. 5.

une métalepse: les Pyrénées ne seront plus un signe de séparation.

L'aigle est le symbole de l'Empire; l'empereur porte un aigle à deux têtes dans ses armoiries: ainsi, dans l'exemple que je viens de raporter, l'aigle signifie l'Allemagne. C'est le signe pour la chose signifiée : c'est une métonymie.

Neptune étoit le dieu de la mer, il est pris dans le même exemple pour l'Océan, pour la mer des Indes orientales et occidentales: c'est encore une métonymie. Nous remarquerons dans la suite ces diférences particulières qui font les diférentes espèces de tropes.

Il y a autant de tropes qu'il y a de manières diférentes, par lesquelles on done à un mot une signification qui n'est pas précisément la signification propre de ce mot. Aveugle dans le sens propre, signifie une persone qui est privée de l'usage de la vue: si je me sers de ce mot pour marquer ceux qui ont été guéris de leur aveuMatt. c. glement, come quand Jesus-Christ a dit, les aveugles voient, alors aveugles n'est plus dans le sens propre, il est dans un sens que les philosophes apèlent sens divisé : ce sens divisé est un trope, puisqu'alors aveugles signifie ceux qui ont été aveugles, et non pas ceux qui le sont. Ainsi outre les tropes dont on parle ordinairement, j'ai cru qu'il ne seroit ne seroit pas inutile ni étranger à mon sujet, d'expliquer encore ici les autres sens dans lesquels un même mot peut être pris dans le discours.

ARTICLE V.

Le traité des Tropes est du ressort de la grammaire. On doit conoître les Tropes pour bien entendre les auteurs, et pour avoir des conoissances exactes dans l'art de parler et d'écrire.

Au reste ce traité me paroît être une partie essentièle de la grammaire puisqu'il est du ressort de la grammaire de faire entendre la véritable signification des mots, et en quel sens ils sont employés dans le discours.

Il n'est pas possible de bien expliquer l'auteur même le plus facile, sans avoir recours aux conoissances dont je parle ici. Les livres que l'on met d'abord entre les mains des començans, aussi-bien que les autres livres, sont pleins de mots pris dans des sens détournés et éloignés de la première signification de ces mots; par exemple

Tityre, tu pátulæ, récubans sub tégmine fagi,
Sylvéstrem, ténui, musam meditáris, avénâ.

Vous méditez une muse, c'est-à-dire, une chanson, vous vous exercez à chanter. Les muses étoient regardées dans le paganisme come les déesses qui inspiroient les poëtes et les musiciens: ainsi Muse se prend ici pour la chanson même, c'est la cause pour l'éfet; c'est une métonymie particulière, qui étoit en usage en latin; nous l'expliquerons dans la suite.

Virg. Ecl.

I. V. I.

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