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Iphigénie encor n'y sera pas longtemps.

SCENE V II.

ACHILLE, ÉRIPHILE, DORIS.

A CHILLE.

Elle me fuit! Veillai-je, ou n'est-ce point un songe?
Dans quel trouble nouveau cette fuite me plonge ?
Madame, je ne sais si, sans vous irriter,
Achille devant vous pourra se présenter.
Mais, si d'un ennemi vous souffrez la prière,
Si lui-même souvent a plaint sa prisonnière,
Vous savez quel sujet conduit ici leurs

Vous savez...

ÉRIPHILE.

pas:

Quoi! seigneur, ne le savez-vous pas, Vous qui, depuis un mois brûlant sur ce rivage, Avez conclu vous-même et hâté leur voyage?

A CHILLE

De ce même rivage absent depuis un mois,
Je le revis hier pour la première fois.

ÉRIPH I L E.

Quoi ! lorsqu'Agamemnon écrivait à Mycène,
Votre amour, votre main n'a pas conduit la sienne?
Quoi! vous, qui de sa fille adoriez les attraits....

A CHILL E.

Vous m'en voyez encore épris plus que jamais,
Madame; et, si l'effet eût suivi ma pensée,

Moi-même dans Argos je l'aurais devancée.

Cependant on me fuit. Quel crime ai-je commis?
Mais je ne vois partout que des yeux ennemis.

Que dis-je ? En ce moment Calchas, Nestor, Ulysse,
De leur vaine éloquence employant l'artifice,
Combattaient mon amour, et semblaient m'annoncer
Que, si j'en crois ma gloire, il y faut renoncer.
Quelle entreprise ici pourrait être formée?
Suis-je, sans le savoir, la fable de l'armée?
Entrons : c'est un secret qu'il leur faut arracher.

SCENE VIII.

ÉRIPHILE,

DORIS.

ÉRIPHILE.

Dieux, qui voyez ma honte, où me dois-je cacher? Orgueilleuse rivale, on t'aime, et tu murmures! Souffrirai-je à la fois ta gloire et tes injures?

:

Ah! plutôt.... Mais, Doris, ou j'aime à me flatter,
Ou sur eux quelque orage est tout près d'éclater.
J'ai des yeux leur bonheur n'est pas encor tranquille.
On trompe Iphigénie; on se cache d'Achille;
Agamemnon gémit. Ne désespérons point;
Et, si le sort contre elle à ma haine se joint,
Je saurai profiter de cette intelligence,

Pour ne pas pleurer seule et mourir sans vengeance,

FIN DU SECOND ACTE.

ACTE II I.

SCENE PREMIERE.

AGAMEMNON, CLYTEMNESTRE.

CLYTEM NESTR E.

Oui, seigneur, nous partions; et mon juste courroux
Laissait bientôt Achille et le camp loin de nous:
Ma fille dans Argos courait pleurer sa honte.
Mais lui-même, étonné d'une fuite si prompte,
Par combien de serments, dont je n'ai pu
douter,
Vient-il de me convaincre, et de nous arrêter!
Il presse cet hymen qu'on prétend qu'il differe,
Et vous cherche, brûlant d'amour et de colère.
Près d'imposer silence à ce bruit imposteur,
Achille en veut connaître et confondre l'auteur.
Bannissez ces soupçons qui troublent notre joie.

A GAME M N O N.

Madame, c'est assez. Je consens qu'on le croie.
Je reconnais l'erreur qui nous avait séduits,
Et ressens votre joie autant que je le puis.
Vous voulez que Calchas l'unisse à ma famille:
Vous pouvez à l'autel envoyer votre fille ;
Je l'attends. Mais, avant que de passer plus loin,
J'ai voulu vous parler un moment sans témoin.
Vous voyez en quels lieux vous l'avez amenée :

Tout y ressent la guerre, et non point l'hyménée.
Le tumulte d'un camp, soldats et matelots,
Un autel hérissé de dards, de javelots,

Tout ce spectacle enfin, pompe digne d'Achille,
Pour attirer vos yeux n'est point assez tranquille;
Et les Grecs y verraient l'épouse de leur roi
Dans un état indigne et de vous et de moi.
M'en croirez-vous? laissez, de vos femmes suivie,
A cet hymen, sans vous, marcher Iphigénie.

CLY TEM NESTRE.

Qui? moi! que remettant ma fille en d'autres bras,
Ce que j'ai commencé, je ne l'achève pas !
Qu'après l'avoir d'Argos amenée en Aulide,
Je refuse à l'autel de lui servir de guide!
Dois-je donc de Calchas être moins près que vous?
Et qui présentera ma fille à son époux?
Quelle autre ordonnera cette pompe sacrée ?

A GAME M N O N.

Vous n'êtes point ici dans le palais d'Atrée.
Vous êtes dans un camp....

CLY TEM NESTRE.

Où tout vous est soumis;

Où le sort de l'Asie en vos mains est remis;
Où je vois sous vos lois marcher la Grèce entière;
Où le fils de Thétis va m'appeler sa mère.

Dans quel palais superbe, et plein de ma grandeur,
Puis-je jamais paraître avec plus de splendeur?

A GAME M N O N.

Madame, au nom des dieux auteurs de notre race,

Daignez à mon amour accorder cette grace.

J'ai mes raisons.

CLYTEM NESTRE.

Seigneur, au nom des mêmes dieux,

D'un spectacle si doux ne privez point mes yeux.
Daignez ne point ici rougir de ma présence.

AGAMEMNO N.

J'avais plus espéré de votre complaisance.
Mais, puisque la raison ne vous peut émouvoir,
Puisque enfin ma prière a si peu de pouvoir;
Vous avez entendu ce que je vous demande,
Madame; je le veux, et je vous le commande.
Obéissez.

SCENE I I.

CLY TEM NESTRE.

D'ou vient

que d'un soin si cruel

L'injuste Agamemnon m'écarte de l'autel?

Fier de son nouveau rang m'ose-t-il méconnaître ?
Me croit-il à sa suite indigne de paraître ?
Ou, de l'empire encor timide

possesseur,
N'oserait-il d'Hélène ici montrer la sœur?
Et pourquoi me cacher? et par quelle injustice
Faut-il que sur mon front sa honte rejaillisse?
Mais n'importe, il le veut, et mon cœur s'y résout.
Ma fille, ton bonheur me console de tout:
Le ciel te donne Achille, et ma joie est extrême
De t'entendre nommer.... Mais le voici lui-même,

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