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Les bienfaits dans un cœur balancent-ils l'amour?

Et sans chercher plus loin, quand l'ingrat me sut plaire,
Ai-je mieux reconnu les bontés de son frère?
Ah! si d'une autre chaîne il n'était point lié,
L'offre de mon hymen l'eût-il tant effrayé?
N'eût-il pas sans regret secondé mon envie ?
L'eût-il refusé même aux dépens de sa vie?
Que de justes raisons,... Mais qui vient me parler?
Que veut-on ?

SCENE VIII.

ROXANE, ZATIM E.

ZATIM E.

Pardonnez si j'ose vous troubler.

Mais, madame, un esclave arrive de l'armée ;
Et, quoique sur la mer la porte fût fermée,
Les gardes sans tarder l'ont ouverte, à genoux,
Aux ordres du sultan qui s'adressent à vous.
Mais ce qui me surprend, c'est Orcan qu'il envoie.

Orcan!

ROXANE,

ZATIM E.

Oui, de tous ceux que le sultan emploie,
Orcan le plus fidèle à servir ses desseins,
Né sous le ciel brûlant des plus noirs Africains,
Madame, il vous demande avec impatience.
Mais j'ai cru vous devoir avertir par avance;
Et, souhaitant surtout qu'il ne vous surprît pas,

Dans votre appartement j'ai retenu ses pas.

ROXANE,

Quel malheur imprévu vient encor me confondre?
Quel peut être cet ordre? et que puis-je répondre?
Il n'en faut point douter, le sultan inquiet

Une seconde fois condamne Bajazet.

On ne peut sur ses jours, sans moi, rien entreprendre:
Tout m'obéit ici. Mais dois-je le défendre?
Quel est mon empereur? Bajazet? Amurat?
J'ai trahi l'un; mais l'autre est peut-être un ingrat.
Le temps presse : que faire en ce doute funeste ?
Allons. Employons bien le moment qui nous reste.
Ils ont beau se cacher; l'amour le plus discret
Laisse par quelque marque échapper son secret,
Observons Bajazet ; étonnons Atalide;

Et couronnons l'amant, ou perdons le perfide.

FIN DU TROISIÈME ACTE,

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J'ai vu du fier Orcan le visage odieux?

En ce moment fatal que je crains sa venue!
Que je crains.... Mais dis-moi, Bajazet t'a-t-il vue?
Qu'a-t-il dit? Se rend-il, Zaïre, à mes raisons?
Ira-t-il voir Roxane, et calmer ses soupçons?

ZAIRE.

Il ne peut plus la voir sans qu'elle le commande:
Roxane ainsi l'ordonne; elle veut qu'il l'attende.
Sans doute à cet esclave elle veut le cacher.
J'ai feint, en le voyant, de ne le point chercher.
J'ai rendu votre lettre, et j'ai pris sa réponse.
Madame, vous verrez ce qu'elle vous annonce.
A TALI DE lit:

Après tant d'injustes détours,

Faut-il qu'à feindre encor votre amour me convie?
Mais je veux bien prendre soin d'une vie
Dont vous jurez que dépendent vos jours.
Je verrai la sultane; et, par ma complaisance,
Par de nouveaux serments de ma reconnaissance,

J'appaiserai, si je puis, son courroux. N'exigez rien de plus. Ni la mort, ni vous-même, Ne me ferez jamais prononcer que je l'aime, Puisque jamais je n'aimerai que vous.

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Hélas! que me dit-il? Croit-il que je l'ignore?
Ne sais-je pas assez qu'il m'aime, qu'il m'adore?
Est-ce ainsi qu'à mes vœux il sait s'accommoder?
C'est Roxane, et non moi, qu'il faut persuader.
De quelle crainte encor me laisse-t-il saisie?
Funeste aveuglement! perfide jalousie !
Récit menteur, soupçons que je n'ai pu celer,
Fallait-il vous entendre, ou fallait-il parler?
C'était fait, mon bonheur surpassait mon attente;
J'étais aimée, heureuse, et Roxane contente.
Zaïre, s'il se peut, retourne sur tes pas:

Qu'il l'appaise. Ces mots ne me suffisent pas :
Que sa bouche, ses yeux, tout l'assure qu'il l'aime ;
Qu'elle le
croye enfin, Que ne puis-je moi-même,
Echauffant par mes pleurs ses soins trop languissants,
Mettre dans ses discours tout l'amour que je sens!
Mais à d'autres périls je 'crains de le commettre.

Roxane vient à vous.

ZAIR E.

A TAL I D E.

Ah! cachons cette lettre.

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SCENE II,

ROXANE, ATALIDE, ZATIME, ZAIRE.

ROXANE, à Zatime.

Viens. J'ai reçu cet ordre. Il faut l'intimider.
ATALIDE, à Zaïre.

Va, cours, et tâche enfin de le persuader,

SCENE III.

ROXANE, ATALIDE, ZATIME,

ROXAN E.

Madame, j'ai reçu des lettres de l'armée.
De tout ce qui s'y passe êtes-vous informée?

A TALID E.

On m'a dit que du

camp un esclavè est venu; Le reste est un secret qui ne m'est pas connu.

ROXAN E.

Amurat est heureux : la fortune est changée, Madame, et sous ses lois Babylone est rangée.

A TAL I D E.

Hé quoi, madame! Osmin....

ROXAN E.

Etait mal averti;

Et depuis son départ cet esclave est parti.

C'en est fait.

A TALIDE, à part.

Quel revers!

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