RETRAITES SPIRITUELLES. I. De tous les moyens qu'on a dans l'Eglise pour rappeler les pécheurs à Dieu, pour tirer du relâchement les ames tièdes, et pour affermir dans le bien et faire avancer dans la voie de la perfection les chrétiens fervents, il n'en est point de plus efficace que les retraites; on en voit tous les jours des effets si merveilleux qu'on ne peut assez remercier Dieu d'avoir inspiré aux hommes une pratique si sainte et si salutaire : mais quoique cette même pratique soit nécessaire aux personnes, de tous les états, elle l'est infiniment davantage aux personnes du monde, qui, quelques désirs qu'elles aient de leur salut, sont insensiblement entraînées ou par le torrent des affaires extérieures qui dissipent, ou par le mauvais exemple qui corrompt. II. C'est en effet dans la retraite que la parole de Dieu pénètre jusqu'au fond du cœur; elle l'attendrit, elle le purifie, elle l'enflamme, et on sort de la solitude désabusé des fausses maximes du siècle, et convaincu des grandes vérités du salut, dégagé de ses attachements déréglés, et plein d'ardeur pour la vertu. III. L'expérience a fait connaître que pour rendre la retraite encore plus utile à la sanctification des ames, on ne pouvait rien faire de mieux que d'avoir dans l'année certains temps marqués où des personnes de toutes sortes d'états, assemblées dans un même lieu, font leurs exercices en commun. Il s'y fait chaque jour des exhortations vives et touchantes et des instructions exactes sur les principaux devoirs du chrétien. On y est puissamment animé par les bons exemples qu'on y voit, et les prières de tant de personnes assemblées au nom du Seigneur et pour sa gloire attirent de grandes bénédictions sur ceux mêmes, qui seraient rebutés de Dieu s'ils étaient seuls. C'est là que l'ecclésiastique apprend à se consacrer tout entier à son ministère sans s'embarrasser des affaires du siècle, le magistrat à être appliqué et exact dans un emploi si important pour le bien public, l'homme de guerre à être aussi gé néreux pour le service de Dieu qu'il l'est pour le service de son prince, et à désirer bien plus ardemment la gloire éternelle que celle qui passe avec la vie, le marchand à être fidèle et d'une exacte probité dans son négoce, tous enfin à remplir et les devoirs communs de la religion, et les devoirs propres de leur état. Si pour acquérir une fortune immense et parvenir à une place distinguée, il ne fallait que se retirer quelques jours dans la solitude, avec quel empressement chacun ne s'y rendrait-il pas ! Quel est donc notre aveuglement de négliger le moyen si efficace et si infaillible d'une retraite pour nous assurer un bonheur infini, une gloire éternelle ! On pourra se servir pour les méditations et les autres exercices de la retraite de l'un des ouvrages suivants : Retraite du Père Sanadon, du Père Bourdaloue, du Père Nepveu, de Lafiteau, de la Retraite des Dames par le Père Guilloré, surtout des Exercices de saint Ignace. Pour la retraite d'un jour de chaque mois, le Père Croiset a fait un livre portant ce titre: "Méditations pour la retraite d'un jour de chaque mois, par un Pére de la Compagnie de Jésus." |