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atteste des auteurs qui ont vécu au milieu des choses dont ils parlent. Quelques erreurs, parmi tant de concordances, ne pourraient faire tort qu'à leur infaillibilité; et ces erreurs ne se rencontrent pas dans les Évangiles. Si quelques points semblent en désaccord, vue de près, la difficulté se résout dans le sens marqué par les auteurs sacrés. Pour les cas où l'opposition paraît être entre les Évangélistes eux-mêmes, la difficulté la plus grave, celle des généalogies, a son explication dans la coutume des Juifs; les autres n'ont rien qui excède les limites où la critique peut concilier les dépositions de plusieurs témoins : et elles s'effacent dans la grande et belle harmonie où se montrent, par le rapprochement des quatre livres, la vie, le caractère et l'enseignement de Jésus-Christ.

Ces attaques contre les Évangiles, si peu fondées qu'elles soient, ont d'ailleurs le tort d'être parfaitement inutiles au but qu'on se propose. Ce qu'on veut ruiner avec l'authenticité des Évangiles, c'est l'attestation des miracles où notre foi se fonde. Supprimez-la: il ne sera plus prouvé que Jésus ait prononcé le sermon sur la Montagne, conversé avec la Samaritaine, guéri les malades, ressuscité les morts; mais il restera établi qu'il est ressuscité. Car alors même qu'on ne verrait dans l'Évangile que l'écho des bruits de la première génération chrétienne, la tradition des premiers disciples écrite par des hommes qui n'en étaient pas, il faudrait bien admettre que le fondement de tous ces récits, c'est le témoignage que Jésus est ressuscité Rien ne se comprend si cela n'a été affirmé à l'origine : et c'est ce qu'atteste, en dehors des Évangiles, l'auteur des Actes qui n'est pas un auteur impersonnel, assurément; c'est

ce qu'atteste saint Paul. Or, si un témoin comme saint Paul, qui a vu saint Pierre et les autres, qui a conversé avec eux sur les matières de la Foi, atteste aussi solennellement le miracle qui est le fondement de la Foi, qu'est-il besoin d'autre témoignage ? Que sert-il de contester à Jésus-Christ le fait d'avoir ressuscité des morts, s'il est lui, constamment, ressuscité des morts?

Les Évangiles sont donc des récits authentiques, et fidèles sur tous les points où on leur peut trouver des termes de comparaison. De tels témoins cesseront-ils d'être crus sur les seuls faits qu'ils aient eu pour objet d'établir? Le sentiment public se révolte contre l'accusation d'imposture; et c'est pourquoi on a fait tant d'efforts pour ôter à leur témoignage son caractère de crédibilité, sans prétendre lui rien ôter de sa candeur. Mais quand il devient impossible de nier que ces hommes aient vu eux-mêmes ou aient entendu des témoins oculaires, prétendre qu'ils n'avaient pas la faculté de voir, ni le droit d'affirmer ce qu'ils ont vu ou entendu ; que le naturel et le surnaturel, la réalité et le rêve n'étaient pour eux qu'une même chose, et qu'il y a eu, non pas un ou deux hommes comme cela, mais toute une société, au siècle d'Auguste et dans le pays le plus historique du monde en vérité, si le miracle n'est que l'inexpliqué, » cette hallucination paraît bien tenir du miracle, - à moins de la chercher ailleurs, et de l'expliquer par l'illusion de l'homme qui, emporté par un fleuve rapide, voit tout fuir sur ses bords!

Revenons donc à l'Évangile, et ne demandons qu'une chose à ceux qui l'attaquent : c'est d'y revenir euxmêmes et de le lire en toute simplicité de cœur. La

controverse a ses entraînements, et tel qui se fait gloire d'entrer dans l'examen de ces questions, libre de toute idée préconçue, est esclave d'un préjugé qui n'est pas moins maître de son âme pour en avoir banni la foi. La lecture du texte sacré a une force qu'il n'est donné à aucun argument d'avoir: elle triomphe sans blesser, elle calme les esprits échauffés de la querelle; et si l'on doit s'étonner qu'un livre si plein de douceur ait provoqué tant d'aigres disputes, c'est encore là qu'il en faut chercher le remède. Déjà cette lecture a porté ses fruits. Au ton si honnête, si simple, si candide de cette histoire, on s'est refusé à voir des imposteurs dans les Évangélistes. En présence d'une morale si pure et si pratique, espérons qu'on ne persistera pas à la rapporter à des hallucinés, ou, pour parler plus français, à des fous; et qu'après avoir justement admiré les belles choses contenues dans leurs écrits, on ne leur refusera pas davantage ce qu'on accorde au commun des hommes : l'usage des sens et du bon sens.

Pour nous, ce que nous avons voulu surtout maintenir, comme étant le point dominant du débat, c'est que dans les Évangélistes nous avons des témoins; ct. de quelque façon que l'on juge leurs récits, nul doute sérieux ne doit rester sur leur personne. Ceux qui nous parlent sont bien saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean. C'est à eux, si on refuse de les croire, qu'il faut donner un démenti. Nous n'ajouterons qu'un mot c'est que si l'on montrait, à l'égard des livres anciens ou nouveaux, les exigences qu'on a pour le Nouveau Testament, l'histoire serait encore à faire, faute de témoins dûment constatés : nous en serions toujours à l'âge mythologique. L'histoire est vieille

pourtant, et nous laissons sans regret cette controverse pour reprendre les études que nous lui avons consacrées; mais, en vérité, quand on a parcouru le cercle entier de cette discussion, on devient si difficile en matière de preuve, qu'on serait tenté de ne plus croire à rien, — qu'à l'Évangile.

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NOTES ADDITIONNELLES.

Note 1, p. 44.

Plusieurs des écrits apocryphes auxquels saint Irénée fait allusion sont énumérés dans Origène (Hom. I in Luc, t. III, p. 933, col. 1, A C) et dans saint Jérôme (Præf. in Matth. t. IV, P. 1, p. 1.) L'Evangile de saint Pierre est un des plus anciennement nommés (Sérapion, cité par Eusèbe, Hist. eccles. VI, 12; cf. Orig. in Matth. t. x, Opp. t. III, p. 49, col. 1 B, et de Princip. 1 prooem. § 8, t. 1, p. 49, col. I, B). Les Évangiles de saint Mathias et de saint Thomas sont aussi mentionnés par Origène (Eusèbe, Hist. eccles. III, 25); l'Évangile de saint Barthélemy est, à ce qu'on croit, le même que l'Évangile hébreu de saint Matthieu rapporté de l'Inde par Panténus, selon saint Jérôme (Catal. scr. eccl. 36, Opp. t. IV, P. п, p. 112; cf. Euseb. Hist. eccles. V, 10). Saint Épiphane en nomme beaucoup d'autres : l'Évangile de la Perfection, l'Évangile d'Ève (c. Hæres. XXVI, 2), l'Evangile de saint Philippe (ibid. XVI, 13), de Judas Iscariote (XXXVIII, 1 et Théod. Hæret. Fab. I, 15, etc.) Voy. de Wette, § 73.

Note II, p. 52.

Les Nazaréens et les Ébionites remontaient jusqu'à ces Juifs chrétiens qui, après la ruine de Jérusalem et la désolation du pays, vinrent se réfugier dans la Pérée (Épiph. Hæres. XXIX, 7 et xxx, 2). Ils étaient restés Juifs en devenant chrétiens, et ils semblent avoir gardé, dans leur foi nouvelle, la nuance qui les distinguait en tant que Juifs; car les Nazaréens recevaient tout l'Ancien Testament : c'étaient de véritables Juifs; les Ébionites ne recevaient que le Pentateuque c'étaient, comme paraît le marquer saint Epiphane (xxx, 1), des Samaritains. Nous n'avons pas à signaler ici le caractère de l'hérésie qui leur est propre (voy. Iren. I, 26, etc.; Euseb. Hist. eccles. III, 27, et le chapitre de saint Epiphane déjà cité). Nous voulons constater seulement que, selon les anciens, ils avaient un Évangile regardé comme l'Évangile hébreu de saint Matthieu Évangile tout à fait complet chez les Nazaréens (Épiph.

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