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(788 de Rome), avait pu commencer à gouverner la Judée en l'an 25; et ce n'est plus lui qui fera obstacle à ce que l'on fasse commencer la prédication de saint JeanBaptiste en ce temps-là. Mais si Pilate a été renvoyé de Judée avec l'ordre d'aller se justifier à Rome avant la Pâque de l'an 35 (788), comment n'y est-il pas encore arrivé avant le 16 mars de l'an 37 (790)? Est-ce là ce que Josèphe appelle sa soumission aux ordres de Vitellius auquel il n'ose résister 1? En vérité, si peu pressé qu'on le suppose d'affronter cette épreuve, on peut se demander s'il ne devait pas craindre de se compromettre davantage par des retards dont ses ennemis pouvaient si facilement abuser. Il faut donc choisir entre ces deux partis ou Josèphe s'est trompé en disant que Pilate n'arriva qu'après la mort de Tibère, et l'erreur est capitale dans le récit; ou il a raconté son expulsion de Judée par une sorte d'anticipation, afin de la rattacher à l'événement qui la provoque, et le P. Patrizzi reconnaît qu'on n'a rien à dire contre cette conjecture en elle-même2. C'est celle qui nous paraît la meilleure. Vitellius, saisi de la plainte des Samaritains, non avant, mais immédiatement après son expédition chez les Parthes, donna ordre à Pilate de se rendre à Rome vers l'automne de l'an 36 (789 de Rome); et Pilate qui, nous l'accordons, ne se pressait pas trop d'arriver, y sera venu au printemps de l'an 37 (790) après la mort de Tibère. Destitué en 36 après dix ans de séjour en Judée, il était entré en charge l'an 263.

* Καὶ Πιλάτος, δέκα ἔτεσιν διατρίψας ἐπὶ Ἰουδαίας εἰς Ρώμην ηπείγετο, ταῖς Οὐϊτελλίου πειθόμενος ἐντολαῖς, οὐκ ἂν ἀντειπεῖν. (Ant. XVIII, IV, 2.) 2 De Evang. III, xl, 14.

Voy. pour toute cette discussion, Sanclemente (de Ann. Dom. pass.

Toutes nos dates s'établissent donc sans nul obstacle dans les limites du gouvernement de Pilate: Pilate était depuis quelques années gouverneur quand commença la mission de saint Jean-Baptiste; il fut quelques années encore gouverneur après avoir condamné JésusChrist. Passons à la deuxième condition, et voyons si l'année où nous sommes conduits est telle, que le jour de la Passion, comme il est marqué dans les Évangiles, tombe un vendredi.

Tous les Évangélistes s'accordent sur un des caractères du fait qui est le point de départ de notre discussion, à savoir que Jésus-Christ fut crucifié et mis au tombeau le vendredi : « C'était, dit saint Marc, le jour de la Préparation qui est avant le Sabbat » (πроσά¤¤ατον); « et le Sabbat allait commencer, » dit saint Luc, (on sait que la journée commençait au coucher du soleil); et l'on voit que saint Matthieu et saint Jean ne l'entendent pas autrement'. Ils s'accordent donc sur le jour de la semaine; mais ils paraissent différer sur le jour du mois. Les trois premiers Évangélistes rapportent au premier jour des Azymes l'ordre de préparer la Pâque, ou plus exactement la dernière Cène, qui est le commencement de la Passion 2. Le quatrième, saint

p. 521), qui se prononce pour l'an 26, et le P. Patrizzi, qui défend l'an 25 dans une dissertation spéciale (de Evang. III, XL). Il me paraît avoir raison contre quelques arguments trop absolus de Sanclemente, mais avoir tort sur le fond même de la question.

Et 'Quia erat Parasceve quod est ante sabbatum (Marc, xv, 42). dies erat Parasceves, et sabbatum illucescebat (Luc, xxIII, 54). Altera autem die quæ est post Parasceven (Matth. XXVII, 62). · Cet autre jour est le sabbat, comme on le voit au ch. XXVIII, v. 1: Vespere autem sabbati, quæ lucescit in prima sabbati. Judæi ergo (quoniam Parasceve erat, ut non remanerent in cruce corpora sabbato; erat enim magnus dies ille sabbati (Joan. xix, 31).

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2 Prima autem die Azymorum, accesserunt discipuli ad Jesum dicen

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Jean, place la dernière Cène « avant la fête de Pâque, (ante diem festum Pascha), et toute la Passion, « le jour de la Préparation de la Pâque » (erat autem Parasceve Pascha); c'est « afin de ne se point souiller et de pouvoir manger la Pâque la Pâque » que que les Juifs, qui amènent Jésus à Pilate, « n'entrent pas dans le prétoire » (et ipsi non introierunt in prætorium, ut non contaminarentur, sed ut manducarent Pascha '.) Or on sait quelles étaient les cérémonies de la fête. L'agneau pascal était immolé le 14 Nisan sur le soir (ad vesperam) 2: et c'est pourquoi ce jour s'appelait la Préparation de la Pâque. On le mangeait avec les pains sans levain dans les premières heures de la nuit (nocte), quand commençait la journée du 15 et c'était proprement le grand jour de la fête, le premier jour des Azymes, ou des sept jours pendant lesquels on ne devait faire usage que de pains sans levain. Le jour de la Passion paraît donc être, selon saint Jean, le 14, et selon les autres, le 15 Nisan. Lequel est-il ?

Les chronologistes et les commentateurs se partagent en deux camps sur ce point; et depuis si longtemps qu'ils dissertent, il ne reste plus guère qu'à se prononcer sur les arguments produits de part et d'autre.

tes Ubi vis paremus tibi comedere Pascha (Matth. xxvi, 17) ? — Et primo die Azymorum, quando Pascha immolabant, dicunt ei discipuli, etc. (Marc. XIV, 12). - Venit autem dies Azymorum, in qua necesse erat occidi Pascha, etc. (Luc. XXII, 7).

1 Joan. XIII, 1; XIX, 14; XVIII, 28.

2 Exod. XII, 6. Le mot hébreu veut dire entre les deux soirs. Les Pharisiens, dit Ideler, suivis par les Juifs d'aujourd'hui, entendaient par là l'espace compris entre la neuvième et la onzième heure du jour, c'est-à-dire de trois à cinq heures après midi. Les Samaritains et les Karaïtes l'entendaient du temps qui s'écoule entre le coucher du soleil et la nuit close. Ideler, Handb. der math. Chron. t. I, p. 483. Voy. aussi Reland, Ant. sacræ vet. Hebr. III, vi, 16.

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Bochart, Reland, et pour n'en point nommer beaucoup d'autres, en dernier lieu, le P. Patrizzi, ont défendu la date du 15 Nisan, contre Paul de Burgos et le P. Petau, qui soutiennent celle du 14'. Ils s'attachent à la donnée des trois premiers Évangélistes : le premier jour des Azymes; et ils veulent y accorder les divers textes de saint Jean. Si saint Jean place la dernière Cène « avant la fête de Pâque, » c'est, à leur sens, qu'il fixait le commencement de la fête au milieu de la nuit soit qu'il la prît du moment où l'Ange passa, frappant les premiers-nés des Égyptiens (ce qui était l'origine de l'institution) 2; soit que, tout simplement, il comptât les jours à la manière des Romains, rapportant à la veille ce qui, pour les Juifs, était le commencement du jour de la fête. Le mot de Préparation (rapacxeun) désignait communément la préparation ou la veille du Sabbat, le vendredi ; qu'on le prenne ainsi dans saint Jean, et « la préparation de la Pâque, » à l'endroit qu'on a vu, ne voudra pas dire autre chose que le vendredi de la Pâque *. Enfin, le mot de Pâque s'appliquait non pas seulement à l'agneau pascal, mais encore à d'autres victimes que l'on immolait pendant les jours de la fête : si donc il est dit que les Juifs

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1 Bochart, Hierozoion, I, 11, 50; Reland, Antiq. sacræ veterum Hebræorum, IV, III, 9-11; Patrit. de Evang. III, L; Petau, Doctr. temp. XII, 15 et 16, t. II, p. 242 et suiv.

2 Factum est autem in noctis medio, percussit Dominus omne primogenitum in terra Ægypti (Exod. XII, 29).

3 Reland IV, III, 11; Patrit. III, L, 23.

4 Reland, ibid.; Patrit. ibid. 30-42.

5 Reland, ibid.; Patrit. ibid. 27. Ils citent Deut. xv1, 2: Immolabisque Phase Domino Deo tuo de ovibus et de bobus, etc.; et Chron. II, xxx, 22-24 et xxxv, 8 et 9: ... Dederunt sacerdotibus ad faciendum Phase pecora commixtim duo millia sexcenta et boves trecentos... Dederunt cæteris Levitis ad celebrandum Phase quinque millia pecorum et boves quingentos.

n'entrèrent point dans le prétoire, « de peur de se souiller et de ne pouvoir plus manger la Pâque,» il faut l'entendre de ces autres victimes. L'agneau pascal était mangé dès la nuit précédente par les Juifs comme par Jésus-Christ'.

Tel est le système qui fixe la Passion au 15 Nisan. Il prend pour base le témoignage des trois premiers Évangélistes, entendu à la lettre, et n'a d'autre souci que de le défendre contre les inductions tirées de saint Jean. Mais, sur ce point, peut-on dire qu'il donne toute satisfaction? Quand saint Jean place la dernière Cène « avant la fête de Pâque, » peut-on entendre qu'elle eut lieu le jour de la fête de Pâque? Dans toutes les manières de compter la journée, le grand jour de la fête, c'est le jour où l'on mangeait l'agneau pascal. Qu'on appelle le vendredi, jour de la préparation; qu'on appelle pâque les victimes, autres que l'agneau pascal, immolées dans le cours de la fête, nous le voulons : mais lorsque l'Évangéliste parle ici de la «< Préparation de la Pâque,» lorsqu'il rappelle la crainte des Juifs « de ne pouvoir manger la Pâque, » le sens naturel des mots ne veut-il pas qu'on l'entende de la Préparation, c'est-à-dire de la veille de Pâque, et de la victime sacramentelle de la Pâque? Et n'est-ce pas faire trop de violence à son texte que de détourner de leur acception première tous les termes par lesquels il a voulu fixer ainsi le temps de la Passion? Tout se tient en effet dans le récit de saint Jean. Jésus fait la Cène « avant la fête de Pâque » (x1, 1); les Juifs qui l'amènent à Pilate évitent d'entrer au prétoire « afin de pouvoir encore

Patrit. ibid. 28 et 29.

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