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Képler et d'Ideler dont les calculs, si la base historique en était bien prouvée, placeraient cette date hors de toute discussion.

Cette manière d'entendre la quinzième année de Tibère, qui est la plus naturelle, à coup sûr, est celle aussi dont l'entendaient généralement les anciens. Lorsque, dans les quatre premiers siècles, la naissance de JésusChrist était invariablement rapportée, quels que fussent les termes de la supputation, par les uns (saint Irénée, Tertullien, saint Jérôme, saint Jean-Chrysostôme), à l'an 751 de Rome, (3 avant l'È. V.); par les autres (saint Hippolyte, Clément d'Alexandrie, saint Épiphane, Eusèbe,) à l'an 752 (2 avant l'È. V. '), c'est que tous comptaient dans les trente ans dont parle saint Luc, quinze années d'Auguste et quinze années de Tibère, sans confusion des unes avec les autres; c'est-àdire que tous fixaient la quinzième année de Tibère en l'an 781-782 de Rome, (la quinzième depuis la mort d'Auguste), d'où ils arrivaient, par le retranchement pur et simple des trente ans en nombre rond, donnés au Sauveur pour l'époque de son baptême, à l'une des deux années énoncées (751 ou 752 de Rome): ils obtenaient l'une ou l'autre selon qu'ils plaçaient sa naissance avant ou après le 1er janvier (25 décembre ou 6 janvier) ou bien encore, selon qu'ils rapportaient son baptême à la première ou à la deuxième partie de l'an 15 de Tibère. Ce concert qui est sans valeur, quant à la vraie date de la naissance de Jésus-Christ, puis

1 Voy. Képler, de Anno nat. Chr. c. XIV; Sanclemente, de Anno Chr. natali, IV, 9, p. 472; Ideler, Handb. der math. Chron. t. II, p. 385386; et le P. Patrizzi qui, à la suite d'une dissertation très-étendue où il a recueilli tous les textes (XIX) offre le tableau de ces différentes opinions, p. 276.

qu'il n'est que le résultat d'une soustraction dont un terme est notoirement trop faible (781 ou 782 moins 30), prouve au moins qu'on n'entendait pas de deux manières ce qui était la base même du calcul, je veux dire l'an 15 de l'empire de Tibère.

Cette seconde date, une fois établie, doit entraîner la détermination de la troisième, celle de la mort de Jésus-Christ.

On a, en effet, par saint Jean, une série de faits chronologiquement liés entre le baptême et la mort de Jésus-Christ. Saint Jean nomme expressément trois Pâques dans le cours de la mission du Sauveur : l'une après le baptême (11, 13), une autre au temps de la multiplication des pains (v1, 4), et une dernière au temps de la Passion (XII, 1). Mais, de plus, entre la première et la deuxième, il nomme une fête des Juifs qui doit être une des grandes fêtes : car l'Évangéliste dit qu'à cette occasion, Jésus alla de Galilée à Jérusalem'. Or ce ne peut être ni la Pentecôte, ni la fête des Tabernacles qui suivirent la première Pâque mentionnée : car la fête de la Pentecôte tombe en mai ou juin (6 Sivan), celle des Tabernacles, en octobre (15 Tisri); et en ce temps, le Sauveur n'était pas même encore revenu en Galilée. Quand il y revint, traversant la Samarie, on était en décembre, à quatre mois du temps de la moisson, comme on le voit par ces paroles de Jésus-Christ à ses disciples « Ne dites-vous pas : Quatre mois encore, et la moisson arrive 2? » Mais, après le mois de décembre, on ne trouve plus, avant la Pâque de l'année suivante, que la fête des Purim ou des Sorts; et quoi

· Μετὰ ταῦτα ἦν ἑορτὴ τῶν Ἰουδαίων, καὶ ἀνέβη ὁ Ἰησοῦς εἰς Ιεροσό λvμa. (Joan. 1.) 2 Joan. iv, 35.

qu'en dise le docteur Hug, cette fête ne paraît avoir ni une importance suffisante pour motiver un voyage de Jésus-Christ à Jérusalem, ni un tel caractère qu'elle ait été assez clairement désignée par le terme général de « Fête des Juifs. » Une pareille expression ne convient qu'à la fête des Juifs par excellence, c'est-à-dire à la Pâque '. Il y eut donc une Pâque entre celle qui suivit le baptême du Sauveur (11, 13,) et celle qui fut célébrée au temps du miracle de la multiplication des pains (vi, 4,2). La première Pâque est au plus tôt celle de l'an 29 de l'È. V. (782 de Rome): mais si Jean-Baptiste n'a pas commencé sa prédication au commencement de cette année, si plusieurs mois se sont écoulés avant que Jésus vînt à son baptême, le baptême du Sauveur pourra n'avoir eu lieu qu'après la Pâque ; et alors la première Pâque célébrée par JésusChrist, dans l'Évangile, ne sera que celle de l'an 30 (783). La dernière Pâque, celle de la Passion, sera donc celle de l'an 32 ou de l'an 33, (785 ou de 786 de Rome.) Laquelle choisir?

Cette année doit remplir deux conditions : l'une historique, l'autre astronomique; il faut qu'elle tombe sous le gouvernement de Pilate; il faut qu'elle soit telle, que le jour de la mort du Sauveur, comme il est défini dans l'Évangile, se trouve être un vendredi.

1 Hug, II, 61. Pour se refuser à trouver la fête de Pâque dans la fête des Juifs dont il est ici question, on objecte que le mot n'est pas précédé de l'article. L'article ne se trouve pas dans les imprimés, parce qu'il manque dans la plupart des manuscrits; mais on le trouve dans quelques-uns des plus anciens, et notamment dans notre fameux manuscrit palimpseste de saint Ephrem, fol. 208, verso 1. 10; dans les manuscrits 62 (fol. 209) et 48 (fol. 215) de Paris. Et d'ailleurs il n'est pas absolument nécessaire pour justifier notre interprétation.

2 Voy. la note xxxv à la fin de ce volume.

La première de ces deux conditions est malheureusement beaucoup trop aisée à remplir. Pilate, en effet, gouverna pendant dix ans la Judée'; et son départ n'ayant eu lieu qu'en l'an 35 au plus tôt (788 de Rome), et plus probablement en l'an 36, il y a place, on le voit, pour tous les systèmes; il n'y a de gêne que pour ceux qui, rapportant la mort de Jésus-Christ au consulat des deux Géminus, en l'an 29, donnent, comme il paraît naturel de le faire selon le texte de saint Jean, une durée de trois ans et demi à sa mission: car alors, ils ne peuvent plus admettre l'an 26 pour le commencement de Pilate, sans faire paraître Jean-Baptiste avant lui, contrairement au texte de saint Luc. Il est donc intéressant, à cet égard, d'examiner laquelle des deux années 25 ou 26 est la première de Pilate.

On a, pour arriver à ce but, deux points de départ différents : la destitution de Pilate, ou l'envoi de son prédécesseur; car on sait combien de temps l'un et l'autre sont restés en charge. « Tibère, dit Josèphe, ayant succédé à Auguste, envoya Valérius Gratus comme procurateur en Judée, et il y demeura onze ans 2. » Tibère, nous l'avons vu, prit possession du pouvoir au mois d'août de l'an 14 (767 de Rome). Si l'on suppose Valérius Gratus envoyé immédiatement en Judée, sa onzième année finira vers la fin de l'an 25; s'il n'est envoyé que dans le commencement de l'année suivante, sa onzième année finira l'an 26. L'an 25 ou l'an 26 peut donc, d'après cette donnée, être admis indifféremment comme première année de Pilate, d'autant plus qu'avec la manière de compter de Josèphe

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lui-même, il n'est pas facile de dire s'il entend que ces onze années de Valérius Gratus sont pleines ou seulement commencées.

Mais prenons l'autre point de départ, je veux dire la destitution de Pilate. Ici encore, deux années sont possibles ce sont celles qui précisément correspondent (Pilate ayant gouverné dix ans) aux deux années entre lesquelles la première détermination flotte incertaine, les années 35 et 36.

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Il y a, d'après les textes qui ont trait à cette affaire, des faits sûrement établis et d'autres qui peuvent être débattus. Nous savons, par Tacite, que Vitellius fut envoyé comme gouverneur en Syrie sous le consulat de C. Cestius et de M. Servilius, l'an. 788 de Rome, (35 de l'È. V.), et qu'il fit pendant deux étés la guerre chez les Parthes; nous savons, par Josèphe, qu'avant et après cette guerre il vint à Jérusalem au temps de Pâque : à la dernière fois, il y était depuis quatre jours, quand il reçut la nouvelle de la mort de Tibère arrivée le 17 des Kal. d'avril 790 (16 mars 37 '.) Voilà les faits certains. Voici, maintenant, ceux qui prêtent à la controverse. Avant de parler du premier voyage de Vitellius à Jérusalem, Josèphe raconte comment Vitellius, ayant reçu les plaintes des Samaritains, destitua Pilate et lui ordonna d'aller se justifier devant Tibère. Or, il ajoute que, quand Pilate vint à Rome, Tibère était mort2. Josèphe a-t-il raconté la chose au temps qui lui est propre dans l'ordre de son récit? Alors Pilate, renvoyé en l'an 35

1 Tac. Ann. VI, 31, 32 et 38.

2 Jos. Ant. XVIII, iv, 3 et v, 3. La fête de Pâque dut tomber, cette année, le 18 avril, par l'intercalation d'un mois complémentaire.

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