Obrazy na stronie
PDF
ePub

moins, un peu avant sa présentation au Temple; car le jour de l'Épiphanie n'est pas nécessairement l'anniversaire de leur adoration. La fête de l'Épiphanie célèbre tout à la fois la triple manifestation du Sauveur dans l'adoration des Mages, à son baptême et aux noces de Cana et de ces trois faits, deux au moins, le Baptême et le miracle de Cana, ne sont pas du même jour, puisqu'ils sont de la même année '. Quant aux saints Innocents, ce serait mal connaître Hérode, et faire plus honneur à la modération, si je puis le dire, qu'à l'habileté de sa cruauté, que de regarder les limites d'âge marquées au massacre, comme indiquant les limites exactes du temps de la naissance de Jésus-Christ. Tant de précision eût offert trop de chances de salut à l'objet de ses craintes. Un homme capable d'un pareil ordre ne se faisait pas, sans doute, scrupule de doubler le nombre de ses victimes, pour donner plus de sécurité à son ambition menacée 2.

Il n'y a donc pas, à vrai dire, de raison spéciale contre l'an 749 (5 av. l'È.V.); y en a-t-il pour l'une des deux autres années? Sanclemente et plusieurs autres chronologistes se sont prononcés pour l'an 747 (7 av. I'È.V.), en se fondant sur un passage de Tertullien, qui rapporte à Saturninus le recensement pendant lequel Jésus-Christ est né à Bethléem. Or Saturninus, investi du gouvernement de la Syrie en 744 (10 av. I'È.V.), en a dû sortir avant l'automne de l'an 748 : car on a une médaille d'Antioche, portant le nom de

1 Sanclem. c. 7, p. 454, et la note xxxIII à la fin de ce volume. 2 Tillemont, tout en reconnaissant qu'Hérode est mort au printemps de l'an 750 de R. (4 av. l'E.V.) adopte le 25 décembre 749 (5 av. l'E.V.) pour l'année de la naissance de Jésus-Christ. Mém. pour servir à l'Hist. eccl. t. 1, note 4 sur Jésus-Christ, p. 420.

Varus, son successeur, avec la sigle L EK, c'est-à-dire l'an 25 de l'ère actiaque '; et cette année, pour les habitants d'Antioche, finit au mois d'octobre 748 2. Si Jésus-Christ est né le 25 décembre pendant le recensement, ce recensement, exécuté sous la direction supérieure de Saturninus, se doit donc rapporter à l'an 747. Ce témoignage a paru d'autant plus concluant, que Tertullien n'a pas pu citer Saturninus citer Saturninus pour le besoin de son système chronologique. Selon lui, au contraire, Jésus-Christ est né l'an de Rome 751. De plus, en le nommant, il renvoie aux archives de l'Empire; et il les invoque dans un ouvrage où il accuse Marcion d'altérer les Écritures, et où il devait, par conséquent, prendre garde d'être trouvé lui-même en défaut. On a fait remarquer encore que l'Ange, dans saint Matthieu, lorsqu'il rappelle d'Égypte la sainte Famille, dit à Joseph: « Ceux-là sont morts, qui en voulaient à la vie de l'Enfant. » Ce pluriel (s'il n'est emphatique) doit désigner, avec Hérode, Antipater qu'Hérode fit mettre à mort cinq jours avant de mourir lui-même. Il impliquerait donc qu'Antipater avait été complice du massacre des Innocents, et en reporterait le temps à une époque antérieure à son voyage à Rome, quand il avait

1 ANTIOXEON EIII OYAPOY EK. Voy. Magnan, 1. 1. prop. 1, § 3, p. 44; Sanclemente, l. I. III, 3, p. 346; Lardner, Credib. II, III, 1, t. I, p. 359.

2 Les habitants d'Antioche comptaient l'ère actiaque, non de la bataille d'Actium, mais de la soumission de l'Égypte, qui suivit de quelques mois. C'est ainsi que cette ère, rapportée au commencement de leur année civile, datait pour eux, non de la fin d'octobre 722 de R. (selon l'usage de remonter au premier jour de l'année courante), mais de la fin d'octobre 723, Voy. Sanclem. de Vulg. æræ emendat. II, 7, p. 229.

3. Magnan, 1. 1. prop. iv, § 2, p. 263; Sanclem. IV, 5, p. 435; 6, p. 443 et 7, p. 448; Patrit. de Evang. III, xviii, no 23, p. 168, et, ci-dessus, p. 317.

encore toute influence sur l'esprit du roi, avant l'été de l'an 748 de Rome. Ajoutez que si le recensement dont il s'agit doit se chercher dans le serment prêté par toute la nation, dont a parlé Josèphe, c'est ce même temps qu'il désigne : il eut lieu pendant le gouvernement de Saturninus et avant le départ d'Antipater pour l'Italie, c'est-à-dire, selon toute apparence, vers la fin de l'an de Rome 747 '. Enfin, ceux qui rattachent l'étoile des Mages à la conjonction de Jupiter et de Saturne dans le signe des Poissons, sont ramenés aussi à l'an 747. Képler, qui eut la première idée de ce calcul, avait fixé l'année de la naissance de Jésus-Christ à l'an 748, tant à cause des tables imparfaites dont il faisait usage, que parce qu'il voulait joindre au phénomène dont les Mages durent être frappés, la présence de Mars dans la même région du ciel vers les premiers mois de cette année 2. Ideler, reprenant l'opération avec les tables de Delambre, est parvenu à des résultats plus exacts. D'après ses calculs, il y eut une première conjonction de Saturne et de Jupiter le 20 mai àu 20° des Poissons, les deux planètes se montrant alors, avant le lever du soleil, à l'orient du ciel. Au mois de septembre, elles furent en opposition avec le soleil, Saturne le 13, et Jupiter le 15: elles étaient alors éloignées de 1o 112 et se trouvaient sur le retour, tendant à se rapprocher. Elles se rencontrèrent de nouveau le 27 octobre dans le 16° des Poissons, et une troisième fois quand Jupiter reprit son mouvement vers l'Est, le 12 novembre, dans le 15° du même signe. C'est alors, dit Ideler, que les Mages se mirent en route, et, arrivant en Palestine, ils

[blocks in formation]

trouvèrent Jésus né à Bethléem au mois de décembre qui avait suivi la dernière conjonction '. Ce calcul trancherait la question en faveur de l'année 747 de Rome (7 av. l'È. V.), si le fondement qu'on lui cherche en saint Matthieu, c'est-à-dire, ce rapport de coïncidence ou d'identité de l'étoile des Mages avec la conjonction des deux planètes, se trouvait incontestablement établi. Les autres raisons ont par elles-mêmes de la valeur ; mais, avant de les accepter comme décisives, il faut voir en quel rapport la date, ainsi déterminée, se trouve avec les autres données chronologiques de l'Évangile.

Saint Luc (1, 1) dit que la mission de Jean-Baptiste commença en la quinzième année de Tibère; et quand, le peuple venant en foule à son baptême, JésusChrist voulut lui-même s'y soumettre, l'Évangéliste ajoute (ibid. 23) qu'il avait « environ trente ans. »

Ces nombres rapprochés des précédents ont donné lieu à divers systèmes. Le règne de Tibère datant de la mort d'Auguste, 19 août 767 de R. (14 de l'È. V.), sa 15 année court du 19 août 781 au 19 août 782 (28-29). Le baptême de Jésus-Christ ne paraît pas avoir eu lieu plus d'un an après le commencement de saint Jean-Baptiste. Qu'on prenne les choses au sens le plus favorable, qu'on place la prédication de saint Jean-Baptiste dans le commencement de la quinzième année de Tibère, et le baptême de Jésus-Christ dans les premiers mois de la prédication de saint Jean, soit au 6 janvier (fête de l'Épiphanie) de l'an 782, et qu'on lui donne environ trente ans alors, dans le sens le plus étroit du mot, il sera né le 25 décembre 751. Mais

'Ideler, Handb. der math. Chron. p. 406.

Hérode était mort dès le mois d'avril 750: quelque chose est donc à modifier dans cette interprétation.

Plusieurs chronologistes, et après eux le P. Patrizzi, ont soutenu que la quinzième année de Tibère ne se doit point compter de la mort d'Auguste, mais de l'association de Tibère à la puissance tribunitienne, ce qui arriva dans le temps qui suivit ses victoires sur les Germains et son triomphe à Rome, au commencement du consulat de Germanicus et de Fontéius Capiton, l'an 765 de R. (12 de l'È. V); et le P. Patrizzi reporte même la première année de l'empire de Tibère, ainsi comptée, au 1er Tisri (octobre) 764, prétendant que les Juifs, qui dataient du 1er Nisan, commencement de l'année sacrée, les années de leurs rois, dataient du 1er Tisri, commencement de leur année civile, les années des rois étrangers: ce qu'il ne justifie d'ailleurs par aucun exemple. Dans ce système, la quinzième année de Tibère commence donc en octobre 778 (25 de l'È. V.), et si on place le baptême de JésusChrist au commencement de la mission de Jean-Baptiste, il n'aurait encore, en le supposant né le 25 décembre 747, qu'environ trente et un ans'.

Disons-le pourtant, ce système, qui semble avoir pour objet de concilier le texte de saint Luc avec le temps de la naissance de Jésus-Christ, a bien plus encore en vue l'époque de sa mort, rapportée par une

1 Patrit. de Evang. III, xxxix; cf. Herwaert, Nova et vera Chronol. c. 248; Usser. Ann. A. M. 4015; Leclerc, Diss. de ann. vitæ Christi; Prideaux, Hist. des Juifs, 1. XVII, ad A. D. x11; Pagi, Critic. in Baron. A. Chr. 11, 71, 117, 147, et Lardner, qui cite et résume particulièrement les arguments de Pagi (Credib. II, 1, 12, p. 372 et suiv.). Voy. encore La Nause et La Barre, Hist. de l'Acad. des inscr. t. IX, p. 96 et 104, et Gibert, Mém. de l'Acad. t. XXVII, p. 106.

« PoprzedniaDalej »