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faire se borne à ceci : l'Église nous montre les figures de l'Ancien Testament accomplies dans l'Évangile; ils disent les récits de l'Évangile calqués sur les figures de l'Ancien Testament. C'est une simple proposition à retourner, un seul mot à changer dans le texte sacré : « Cela a été fait, » dites: « Cela a été raconté pour асcomplir la parole du Prophète, etc. »

Mais le système, si simple qu'il paraisse, exige une condition: il faut nier que l'Évangile soit une histoire, ôter aux Évangélistes leur caractère de témoins. Strauss l'a déclaré et lorsqu'après avoir tourné ses principales attaques contre un Évangile dont l'authenticité se défendait par son originalité même, l'Évangile de saint Jean, il s'est vu presque contraint à une rétractation, on se demande comment il fait pour soutenir encore son système? car un seul témoin suffit pour le ruiner dans sa base. Or nous en avons quatre à lui opposer; et partant, nous sommes en droit de dire que, si de l'aveu de Strauss, le système naturaliste est ridicule, le système mythique est impossible reste le surnaturel à admettre ou à nier purement et simplement.

Nous n'entreprendrons pas de le prouver par le détail: ce serait peine perdue à l'égard de ceux qui font profession de rejeter sans examen tout miracle en tant que miracle; pour les autres, nous leur demanderons seulement de comparer sur les faits de cette sorte nos Évangiles et les apocryphes. Comme l'a fort judicieusement remarqué le docteur Tholuck, les apocryphes semblent n'avoir d'autre objet que de séduire l'imagination par l'attrait du merveilleux. Les miracles de l'Évangile sont des signes paz, où se manifestent nonseulement la puissance, mais le caractère de Jésus

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Christ les miracles des apocryphes, des prodiges, Tépaτa portenta, où la figure même du Christ s'efface dans le faux éclat de la légende. Cette absence du sentiment chrétien chez la plupart de ces conteurs, se trahit, rien que par l'expression, même dans les passages où ils ne font que commenter l'Évangile. Ils souillent de leur souffle impur, jusqu'à la salutation de l'Ange', et la chasteté de Joseph'. Qu'est-ce donc lorsqu'ils puisent dans leur propre fonds? L'auteur du Protévangile de saint Jacques (un apocryphe du second siècle, selon Tischendorf), ne se contente pas du silence de Marie, quand Joseph ignore encore comment elle est devenue mère : il lui fait dire avec serment qu'elle ne sait comment cela est arrivé3; et après son enfantement, il ne trouve moyen de prouver sa virginité que par un attentat à sa pudeur! Mais nous parlions des miracles chez les apocryphes: le même auteur, pour nous montrer la nature entière comme en suspens à l'avénement du Fils de Dieu, n'imagine rien de mieux qu'une scène fantastique où l'action, le geste, est subitement arrêté comme par la baguette de l'enchanteur: des travailleurs portant à la bouche une nourriture qui n'y arrive pas ; un berger, le bâton levé sur ses brebis im

1 Quomodo istud fieri potest? Nam quum ipsa virum juxta votum meum numquam cognosco, quomodo sine virilis seminis incremento parere possum? Ad hoc Angelus : Ne existimes, inquit, Maria, quod humano more concipias. Nam sine virili commixtione virgo concipies, virgo paries, virgo nutries. Spiritus enim sanctus superveniet in te, et Virtus Altissimi obumbrabit tibi contra omnes ardores libidinis. (Evang. de Nativ. Mariæ, 9.)

2 Nam, sponsi more, liberius ad Virginem introiens, et familiarius cum ea loquens, gravidam esse deprehendit. (Ibid. 10.)

3 Ζῇ κύριος ὁ Θεός μου, καθότι οὐ γινώσκω πόθεν ἐστί μοι. (Protev. Jac. 13.

* Ibid. 19 et 20. Le passage n'est point à citer, même en latin.

mobiles; des béliers altérés, penchés sur un fleuve dont ils ne peuvent toucher les eaux'. Dans le massacre des Innocents, Jean-Baptiste est soustrait à la mort par une montagne qui s'ouvre et le recueille avec sa mère. Zacharie, son père, est moins heureux : il est égorgé entre le sanctuaire et l'autel, et son sang se change en pierre, comme le Talmud le raconte du fils de Joïada 2

C'est dans les Évangiles de l'Enfance surtout, que l'on peut voir combien l'esprit de l'Évangile est étranger à ces inventions. Dans le texte grec, ou Évangile de saint Thomas, (Tischendorf le croit du second siècle, comme le Protévangile de saint Jacques), l'Enfant Jésus est un petit magicien, et un magicien de la pire espèce. S'il s'amuse à former d'une terre molle de petits passereaux qui, à sa parole, s'animent et s'envolent aux regards surpris du peuple (fable gracieuse que Mahomet a recueillie dans le Coran)3, d'autre part il n'est pas bon que les compagnons de ses jeux prennent avec lui trop de liberté. L'un d'eux qui a la malice d'ébrécher et de mettre à sec une petite piscine où Jésus avait recueilli des eaux de pluie, sèche sur pied à la parole de Jésus; et si, (dans une addition au texte) Jésus, grâce à l'intervention de ses parents, veut bien le guérir, il lui laisse pourtant quelque petit membre desséché pour l'exemple'. Dans le faux Évangile de saint Matthieu, l'enfant meurt, mais Marie représente à son fils que le peuple prend parti pour ce petit malheureux :

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1 Prolev, Jac. 18. 2. Ibid. 22-24 et la note de Fabricius, t. I, p. 122. 3 Evang. Thomæ, 2 et Coran, sura 3 et 5. Fabric. t. I, p. 160 et 198.

4 Εάσαντός τι μέλος [τινα] ἀργὸν ὀλίγον, εἰς τὸ προσέχειν αὐτούς. (Ibid. 4 et 5.)

alors Jésus lui donnant un coup de pied à une place que le latin dira: « Lève-toi, dit-il, enfant d'iniquité, car tu n'es pas digne d'entrer dans le repos de mon Père'! C'est ainsi qu'il procède à la résurrection des morts. Un autre enfant, courant dans la rue, le heurte à l'épaule : « Tu n'iras pas plus loin, s'écrie Jésus en colère, » et l'enfant tombe mort. Les Juifs murmurent :

Emmenez-le, disent-ils à Joseph, ou apprenez-lui à bénir au lieu de maudire. » Joseph s'effraie. Jésus prend l'enfant par l'oreille, l'enlève de terre et lui rend la vie2. Dans l'Évangile de saint Thomas on ne trouve ni la faveur de cet attouchement, ni même la grâce du coup de pied. Les parents du mort vont trouver Joseph : « Quittez ces lieux, disent-ils, car votre fils tue nos enfants, » et Joseph appelant Jésus lui fait quelques remontrances. Jésus répond : « Je sais que ces paroles ne viennent pas de vous, et je ne vous en saurai pas mauvais gré; mais ceux qui vous les ont suggérées seront punis de peines éternelles. » Et ils sont aussitôt privés de la vue,.. pour s'être plaints de la mort de leur enfant. Le bon Joseph n'y tient pas; il s'élance vers Jésus et lui tire l'oreille. L'Enfant, indigné, lui donne un avertissement sévère: sachons-lui gré de s'en être tenu là.

At ille nolens matrem contristari, pede suo dextro percutiens nates mortui, dixit ad eum: Exsurge, fili iniquitatis, etc. (Pseudo-Matth. Evang. 26.) - 2 Ibid. 29.

3 Evang. Thomæ, 4 et 5. Dans « l'Histoire du charpentier Joseph, supplément à l'histoire sacrée, inventé vers le ve siècle en Égypte, Joseph, qui, jusqu'à l'âge de cent onze ans, a conservé toute sa vigueur et toutes ses dents, reçoit d'un ange l'annonce qu'il va mourir. Il s'en effraie; il crie malheur sur le jour qui l'a vu naître, sur le sein qui l'a porté, sur les mamelles qui l'ont allaité, etc. Jésus vient : la sainte Vierge le prie pour lui; mais il répond que tout homme, qu'elle-même doit mourir, et il invite Marie à venir voir partir son âme. Il fortifie donc

L'Évangile arabe prend Jésus dès le berceau et le fait d'abord moins terrible. C'est Marie qui dispose du divin enfant et elle use de sa puissance pour le soulagement des malheureux. Elle le confie aux bras des malades pour les guérir; l'eau dont elle le lave, les langes qui l'ont touché servent le plus communément au miracle. Pour chasser le mal, il suffit même du séjour de la sainte Famille en un endroit, de son approche, d'un regard de pitié de Marie. Le voyage en Égypte forme une histoire où mille traits de ce genre s'entrelacent dans un récit d'ailleurs assez varié, et qui ne manque pas d'art, bien que le grotesque s'y mêle. Une jeune fille, guérie de la lèpre par l'eau qui a lavé Jésus, l'accompagne, et par le récit de sa guérison amène d'autres guérisons de la même sorte. Un jour, la sainte Famille rencontre près d'un village trois femmes qui sortent, versant des larmes, d'un tombeau. Marie dit à la jeune fille de s'enquérir des causes de leur douleur; elles ne répondent pas, mais elles décident les voyageurs à passer la nuit chez elles. La jeune fille, pénétrant dans leur chambre, les trouve en pleurs, prodiguant leurs caresses et leurs soins à un mulet couvert d'un drap de soie, le cou paré d'ornements d'ébène. C'était leur frère qu'elles allaient marier, lorsque des femmes jalouses l'avaient métamorphosé de la sorte par leurs fascinations, et nul enchanteur n'avait pu rompre le charme. La jeune fille les adresse à Marie, qui place

Joseph; puis il pose la main sur sa poitrine, et quand l'âme approche de la gorge, il la saisit pour l'aider à sortir : Imposita deinceps pectori ejus manu mea, deprehendi animam ejus jam faucibus vicinam, abitum parare de suo receptaculo. » (Hist. Josephi fabri lignarii, 19.) C'est Jésus qu'on suppose l'auteur de ce récit, recueilli par sés Apôtres et déposé par eux dans la bibliothèque de Jérusalem!

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