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de deux ouvrages qui, malgré leurs différences sur tant de points, sont pourtant bien du même auteur, les Antiquités Judaïques et la Guerre des Juifs de l'historien Josèphe ?

La critique de détail du docteur Strauss touche donc à la vérité des Évangiles, et c'est un terrain que nous ne lui céderons pas. Nous comptons bien nous y établir au contraire, et y trouver un complément de preuve en faveur de leur authenticité : car si un auteur contemporain peut avoir commis de semblables erreurs, s'il peut être inexact et mal informé même sur les choses qui sont arrivées de son vivant, il y a, d'autre part, une exactitude générale qu'on chercherait en vain hors du temps où l'histoire s'est passée et c'est ce que nous rencontrerons dans nos saints livres. Mais leur authenticité a d'autres fondements qu'il convient de poser d'abord; après quoi nous traiterons de leur vérité : et notre but sera atteint, si nous démontrons qu'il faut croire ce qu'ils disent, comme il faut croire ce qu'ils sont au témoignage de tous les temps chrétiens.

PREMIÈRE PARTIE.

AUTHENTICITÉ

DES TEXTES ÉVANGÉLIQUES.

CHAPITRE PREMIER.

TÉMOIGNAGES RENDUS AUX ÉVANGILES, DANS LES TROIS PREMIERS SIÈCLES DE NOTRE ÈRE, PAR LES PÈRES DE L'ÉGLISE, LES HÉRÉTIQUES ET LES PAÏENS.

L'authenticité des livres du Nouveau Testament, et, pour limiter notre champ, celle des Évangiles, se prouve d'abord par toute une chaîne de témoignages qui remonte aux temps apostoliques. Cette preuve, largement donnée par le docteur Lardner dans un ouvrage qui domine toute cette discussion (Credibility of the Gospel), n'a pas empêché de se produire les attaques dont nous avons parlé, et elle est en médiocre estime auprès des hommes qui font profession de ne s'attacher qu'au fond des choses. Mais elle y va plus qu'ils ne le semblent croire, comme l'a montré le docteur Norton qui l'a reprise de Lardner. C'est ce que nous voulons faire voir nous-même par un exposé rapide où, sur plus d'un point, nous n'aurons qu'à reproduire les prin

cipaux textes allégués par ces deux auteurs et les arguments qu'ils en ont tirés '.

Après les livres du Nouveau Testament, viennent, dans l'ordre des temps, un certain nombre d'écrits rapportés aux disciples des Apôtres. Tels sont l'épître de saint Barnabas, le Pasteur d'Hermas, les deux épîtres de saint Clément de Rome aux Corinthiens, les sept épîtres de saint Ignace, l'épître de saint Polycarpe 2. Mais si l'on doute des premiers, comment accepteraiton plus facilement les autres? Les preuves tirées de cette source, on le devine, auront besoin d'être prouvées elles-mêmes et en effet, plusieurs de ces écrits ont été rejetés. Est-ce à tort ou à raison? Il importe de l'examiner sommairement avant d'en faire

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usage.

L'épître de saint Barnabas est fort souvent citée par Clément d'Alexandrie; et il n'a aucun doute sur la personne de l'auteur : il l'appelle « l'apôtre Barnabas; témoin apostolique; un des soixante-dix disciples de Jésus-Christ, et le compagnon de saint Paul dans le ministère des Gentils 3. » Origène le cite, mais sans lui donner aucune qualité ; et rien du reste ne prouve que ni l'un ni l'autre ait reconnu à son épître le carac ́tère des livres inspirés. Au iv° siècle, elle était expressément rejetée du nombre des livres canoniques. Eusèbe la nomme tantôt en fort bonne compagnie avec des

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'Lardner, Credib. of the Gospel, part. 11, t. II à VIII, de l'édit. en 10 vol. (1838); Norton, The Evidences of the Genuineness of the Gospel (2e édit., Cambridge, 1846).

2 SS. Patrum qui temp. apost. floruerunt opera, édit. Cotelier.

3 Clem. Alex. Strom. 11, 6 et 7, p. 161 (Sylburg); 20, p. 176; v, 10, p. 246.

«Il est écrit dans la lettre catholique de Barnabas, etc. » (c. Cels., I, 63, t. I, p. 378 B, édit. De la Rue, de la Congr. de S. Maur, Paris, 1633). « Barnabas dit dans sa lettre, etc. » (de Princip. 1, 4, t. I, p. 140 E).

livres dont plusieurs doutaient encore et qui ont été définitivement maintenus au canon, comme la Sagesse, l'Ecclésiastique, l'Épître aux Hébreux, l'Épître de saint Jude; tantôt parmi d'autres livres qui en sont demeurés exclus, comme les Actes de saint Paul, le Pasteur d'Hermas et la Révélation de saint Pierre ; et saint Jérôme, qui la croit de Barnabas, constate en même temps qu'elle était toujours au rang des apocryphes 2. Mais l'eût-on mise au rang des apocryphes, si elle avait été vraiment de saint Barnabas ? Les mêmes raisons qui ont fait nier son inspiration, peuvent faire douter d'une pareille origine : et en effet, parmi diverses explications qui justifient l'estime dont elle jouit auprès de saint Jérôme, on trouve des subtilités qui semblent peu dignes d'un si grand nom 3; car ce Barnabas, auquel on l'attribue, tient une des premières places dans l'histoire des Actes des Apôtres. C'est lui qui présenta saint Paul aux Apôtres après sa conversion, et plus tard à l'Église naissante d'Antioche; qui lui fut associé et pour soutenir au concile de Jérusalem l'abrogation des cérémonies de l'ancienne Loi, et pour porter l'Évangile parmi les nations: introducteur du grand Apôtre, puis compagnon de ses travaux jusqu'au jour où la Providence les séparant pour étendre leur action en plus de lieux, Barnabas prit pour second Jean, surnommé Marc, l'auteur

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Euseb. Hist. eccles. vi, 13 et 14; III, 25.

<< Barnabas de Chypre, qui est le Lévite Joseph (cf. Act. IV, 36, 37), établi Apôtre des nations avec Paul, a fait, pour l'édification de l'Église, une lettre qui est rangée parmi les écrits apocryphes, quæ inter apocryphas scripturas legitur.» (Hieron. Catal. script. eccl. ou de Viris illustr. 6, t. IV, p. II, p. 104: éd. des Bénéd.); cf. Comm. in Ezech. XLIII, 19, t. III, p. 1019. Voy. principalement le § 9.

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de l'Évangile '. L'épître peut donc bien n'être pas de lui; mais elle est ancienne : les citations et l'erreur même de Clément d'Alexandrie le prouvent. Postérieure à la ruine de Jérusalem, elle est écrite dans l'intention de profiter de cet enseignement pour appeler les Juifs à la véritable intelligence de leurs prophéties 2; et l'on ne peut guère la placer après l'époque où saint Justin écrivait, dans la même pensée, son Dialogue avec Tryphon3.

Le Pasteur d'Hermas a obtenu dans les premiers siècles de l'Église, surtout parmi les Alexandrins, la plus grande autorité. Saint Irénée l'invoque comme l'Écriture: « L'Écriture, dit-il, a donc justement prononcé cette sentence: Avant tout, je crois qu'il y a un seul Dieu qui a établi et consommé toute chose, etc. *. » C'est un passage du deuxième livre du Pasteur. Clément d'Alexandrie parle en termes exprès de son inspiration C'est le Pasteur, l'Ange de la Pénitence » qui se manifeste au pieux auteur; et plusieurs fois, quand il le cite, il rapporte son témoignage « à la force qui lui parle divinement par révélation". Origène, dans son commentaire sur l'Épître aux Romains (xvi, 14), où un Hermas est nommé parmi ceux que l'Apôtre salue, exprime l'opinion que c'est l'auteur

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Voy. sur Barnabas, Act. Apost. iv, 36 et 37; IX, 27; les chapitres XI à XV, notamment XI, 22-30; XII, 25; XIII, 1 et suiv.; xiv, 11; xv, 37, 39. - 2 Barn. Ep. § 16.

3 Voy. Norton, qui la croit du temps d'Antonin le Pieux. Addit. not. F, S 5, p. CCL et suiv.

Bene ergo pronuntiavit Scriptura quæ : « Primo omnium crede, etc.>> (Past. mand. 1) Iren. c. Hæres. iv, 37.

Clem. Alex. Strom. 1, 17, p. 134 (édit. Sylb.).

• Θείως τοίνυν ἡ δύναμις ἡ τῷ Ἑρμᾷ μετὰ ἀποκάλυψιν λαλοῦσα (Strom. 1, 29, p. 154; cf. II, 1, p. 155; vII, 15, p. 288.) — Il le cite simplement en beaucoup d'autres endroits.

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