Obrazy na stronie
PDF
ePub

Par fes Manes, par vous, vous trop malheureux père,
De nous aimer en vous, d'être unis pour vous plaire,
De former nos liens dans vos bras paternels.
Seigneur, les échaffauts ont été nos autels.

Mon amant, mon époux cherche un trépas funefte,
Et l'horreur de ma honte est tout ce qui me refte.
Voilà mon fort.

ARGIR E.

Eh bien! ce fort est réparé ;

Et nous obtiendrons plus que tu n'as efpéré.

AMENAi D E.

Je crains tout.

SCENE IV.

ARGIRE, A MENAIDE, FANIE

Par

FANIE.

Artagez l'allégreffe publique.

Jouïffez plus que nous de ce prodige unique.
Tancrède a combattu: Tancrède a diffipé
Le reste d'une armée au carnage échapé.
Solamir eft tombé fous cette main terrible;
Victime dévouée à nôtre Etat vengé,

Au bonheur d'un pays qui devient invincible,
Sur-tout à vôtre nom qu'on avait outragé.

La promte renommée en répand la nouvelle;
Ce peuple yvre de joye, & volant après lui,
Le nomme fon héros, fa gloire, fon appui,
Parle même du trône où fa vertu l'appelle.
Un feul de nos guerriers, Seigneur, l'avait fuivi;
C'est ce même Aldamon qui fous vous a fervi.
Lui feul a partagé fes exploits incroyables;

Et quand nos Chevaliers, dans un danger fi grand,
Lui font venus offrir leurs armes fecourables
Tancrède avait tout fait; il était triomphant.
Entendez-vous ces cris qui vantent fa vaillance?
On l'élève au-deffus des héros de la France,
Des Rolands, des Lyfois, dont il est descendu.
Venez voir mille mains couronner fa vertu.
Venez voir ce triomphe, & recevoir l'hommage
Que vous avez de lui trop longtems attendu.

Tout vous rit, tout vous fert, tout venge vôtre outrage
Et Tancrède à vos vœux eft pour jamais rendu.

AMENA ïDE.

Ah! je refpire enfin; mon cœur connait la joye.
Ah! mon père, adorons le Ciel qui me renvoye,
Par ces coups inouïs, tout ce que j'ai perdu.
De combien de tourmens fa bonté me délivre!

Ce n'eft qu'en ce moment que je commence à vivre.
Mon bonheur eft au comble, hélas ! il m'eft bien dû.
Je veux tout oublier; pardonnez moi mes plaintes,
Mes reproches amers, & mes frivoles craintes.

Oppref

Oppreffeurs de Tancrède, ennemis, citoyens,
Soyez tous à fes pieds, il va tomber aux miens.
ARGIR E.

Oui, le Ciel pour jamais daigne effuyer nos larmes,
Je me trompe, ou je vois le fidéle Aldamon,

Qui fuivait feul Tancrède, & fécondait fes armes ;
C'est lui, c'est ce guerrier fi cher à ma maison.
De nos profpérités la nouvelle eft certaine.

Mais d'où vient que vers nous il fe traîne avec peine?
Eft-il bleffé? fes yeux annoncent la douleur.

SCENE V.

ARGIRE, AMENAIDE, ALDAMON, FANIE.

Parlez

A MENA DE.

Arlez, cher Aldamon, Tancrède eft donc vainqu eur

ALDAM O N.

Sans doute, il l'eft, Madame.

A MENA ï de.

A ces chants d'allégreffe,

A ces voix que j'entends, il s'avance en ces lieux ?

ALDA M O N.

Ces chants vont fe changer en des cris de tristesse.

AMENA ï DE.

Qu'entens-je? Ah malheureufe!

F 3

ALDA

ALDAM O N.

Un jour fi glorieux

Eft le dernier des jours de ce héros fidelle.

A MENA ï D E.

Il est mort!

ALDAM O N.

La lumiére éclaire encor fes yeux,

Mais il eft expirant d'une atteinte mortelle ;
Je vous apporte ici de funeftes adieux.
Cette lettre fatale, & de fon fang tracée,
Doit vous apprendre, hélas ! fa dernière pensée.
Je m'acquitte en tremblant de cet affreux devoir.
ARGIR E.

O jour de l'infortune! ô jour du défespoir!

A MENAIDE (revenant à elle. )

Donnez moi mon arrêt, il me défend de vivre ;
Il m'est cher.... ô Tancrède! ô maître de mon fort!
Ton ordre, quel qu'il foit, eft l'ordre de te fuivre ;
J'obéirai,... Donnez vôtre lettre, & la mort.

ALDAMO N.

Lifez donc, pardonnez ce trifte ministère.

A MENA i D E.

O mes yeux! lirez-vous ce fanglant caractère ?

Le pourrai-je ? il le faut,

c'eft mon dernier effort,

(elle lit.)

دو

» Je

دو

[ocr errors]

دو

دو

Je ne pouvais furvivre à vôtre perfidie;

Je meurs dans les combats, mais je meurs par vos coups. J'aurais voulu, cruelle, en m'expofant pour vous, Vous avoir confervé & la gloire & la vie.

Eh bien, mon père ! ( elle se rejette dans les bras de Fanie.)

ARGIR E.

Enfin, les deftins déformais

Ont affouvi leur haine, ont épuifé leurs traits:
Nous voilà maintenant fans efpoir & fans crainte.
Ton état & le mien ne permet plus la plainte.
Ma chére Aménaïde! avant que de quitter
Ce jour, ce monde affreux que je dois détester,
Que j'apprenne du moins à ma triste patrie
Les honneurs qu'on devait à ta vertu trahie;
Que dans l'horrible excès de ma confufion,
J'apprenne à l'Univers à refpecter ton nom.

A MENA i D E.

Eh! que fait l'Univers à ma douleur profonde?
Que me fait ma patrie & le refte du monde?

Tancrède meurt.

ARGIR E.

Je cède aux coups qui m'ont frappé.

A MENA ïD E.

Tancrède meurt, ô ciel! fans être détrompé!

Vous en êtes la caufe, Ah! devant qu'il expire....

« PoprzedniaDalej »