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Vous ferez averti quand il faudra vous rendre

Au pofte où l'ennemi croit bientôt nous furprendre.
Dans le fang Mufulman tout prêts à nous plonger,
Tout autre fentiment nous doit être étranger.
Ne penfons, croyez moi, qu'à fervir la patrie.

TAN CR E D E.

Qu'elle en foit digne, ou non, je lui donne ma vie. (Les Chevaliers fortent.)

SCENE II.

TANCREDE, ALDAMON.

ALDAM O N.

Ls ne connaiffent pas quel trait envenimé
Eft caché dans ce cœur trop noble & trop charmé.
Mais malgré vos douleurs, & malgré vôtre outrage,
Ne remplirez-vous pas l'indifpenfable usage
De paraître en vainqueur aux yeux de la beauté
Qui vous doit fon honneur, fes jours, fa liberté,
Et de lui préfenter, de vos mains triomphantes,
D'Orbaffan terraffé les dépouilles fanglantes?

TANCRED E.

Non, fans poute, Aldamon, je ne la verrai pas.

ALDAM O N.

Eh! quoi, pour la fervir vous cherchiez le trépas,

Et vous fuyez loin d'elle?

TANCRED E.

TANCRED E.

Et fon cœur le mérite.

ALDA MON.

Je vois trop à quel point fon crime vous irrite.
Mais pour ce crime enfin vous avez combattu.

TANCRED E.

Oui, j'ai tout fait pour elle, il est vrai; je l'ai dû.
Je n'ai pû, cher ami, malgré fa perfidie,
Supporter ni fa mort, ni fon ignominie.

Et l'euffai-je aimé moins, comment l'abandonner?
J'ai dû fauver fes jours, & non lui pardonner.
Qu'elle vive, il fuffit, & que Tancrède expire.
Elle regrettera l'amant qu'elle a trahi,

Le cœur qu'elle a perdu, ce cœur qu'elle déchire....
A quel excès, ô ciel! je lui fus affervi !

Pouvais-je craindre, hélas! de la trouver parjure?
Je penfais adorer la vertu la plus pure;

Je croyais les fermens, les autels moins facrés,
Qu'une fimple promeffe, un mot d'Aménaïde...

ALDA MO N.

Tout eft-il en ces lieux ou barbare ou perfide?
A la profcription vos jours furent livrés ;
Sa loi vous perfécute & l'amour vous outrage.
Eh bien, s'il eft ainfi, fuyons de ce rivage.

Je vous fuis aux combats, je vous fuis pour jamais,
Loin de ces murs affreux trop fouillés de forfaits.

TANCREDE

TANCRED E.

Quel charme dans fon crime à mes efprits rappelle
L'image des vertus que je crus voir en elle!

Toi qui me fais descendre avec tant de tourment,
Dans l'horreur du tombeau dont je t'ai délivrée,
Odieufe coupable. . . & peut-être adorée!
Toi qui fais mon deftin jufqu'au dernier moment,
Ah! s'il était poffible, ah! fi tu pouvais être

Ce

que mes yeux trompés t'ont vû toûjours paraître ! Non ce n'eft qu'en mourant que je peux l'oublier; Ma faibleffe eft affreufe: il la faut expier,

Il faut périr mourons, fans nous occuper d'elle.

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ALDAM O N.

Elle vous a paru tantôt moins criminelle;
L'Univers, difiez-vous, au menfonge eft livré
La calomnie y règne.

TANCRED E.

Ah! tout eft avéré;

Tout eft approfondi dans cet affreux mystère.
Solamir en ces lieux adora fes attraits.

Il demanda fa main pour le prix de la paix:
Hélas l'eût-il ofé, s'il n'avait pas fû plaire?!
Ils font d'intelligence. En vain j'ai crû mon cœur.
En vain j'avais douté; je dois en croire un père.
Le père le plus tendre eft fon accufateur;

Il condamne fa fille; elle-même s'accufe ;
Enfin mes yeux l'ont vû ce billet plein d'horreur s
Théatre Tom. V.

E

Puifiez

Puiffiez-vous vivre en maître aux murs de Syracufe,
Et régner dans nos murs, ainfi que dans mon cœur !
Mon malheur est certain.

AL DAM O N.

Que ce grand cœur l'oublie ;

Qu'il dédaigne une ingrate à ce point avilie.

TANCRED E.

Et pour comble d'horreur elle a cru s'honorer!
Au plus grand des humains elle a crû fe livrer!
Que cette idée encor m'accable & m'humilie!
L'Arabe impérieux domine en Italie;

Et le fexe imprudent, que tant d'éclat féduit,
Ce fexe à l'esclavage en leurs Etats réduit,
Frappé de ce respect que des vainqueurs impriment.
-Se livre par faibleffe aux maîtres qui l'opriment!
Il nous trahit pour eux, nous, fon fervile appui,
Qui vivons à fes piés, & qui mourons pour lui!
Ma fierté fuffirait, dans une telle injure
Pour détefter ma vie, & pour fuir la parjure.

SCENE

SCENE III.

TANCREDE, ALDAMON, plufieurs Chevaliers.

No

CATAN E.

Os Chevaliers font prêts; le tems eft précieux.

TAN CREDE.

Oui, j'en ai trop perdu, je m'arrache à ces lieux :
Je vous fuis, c'en eft fait.

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Maitre de mon deftin, j'embraffe vos genoux.

(Tancrède la relève, mais en fe détournant.)

Ce n'est point m'abaiffer; & mon malheureux père
A vos piés comme moi va tomber devant vous.
Pourqnoi nous dérober vôtre augufte préfence?
Qui pourra condamner ma juste impatience?

-

Je m'arrache à fes bras: mais ne puis-je, Seigneur,
Me permettre ma joie & montrer tout mon cœur ?

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