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L'ofes-tu relever?

(il jette fon gantelet fur la Scène.)

ORBASSA N.

Ton arrogance infigne

Ne mériterait pas qu'on te fit cet honneur :

(il fait figne à fon Ecuyer de ramaffer le gage de bataille.)
Je le fais à moi-même, & confultant mon cœur,
Refpectant ce vieillard qui daigne ici t'admettre,
Je veux bien avec toi descendre à me commettre,
Et daigner te punir de m'ofer défier.

Quel eft ton rang, ton nom? ce fimple bouclier
Semble nous annoncer peu de marques de gloire.
TANCRED E.

Peut-être il en aura des mains de la victoire.
Pour mon nom, je le tais, & tel eft mon deffein;
Mais je te l'apprendrai les armes à la main.
Marchons.

ORBAS SAN.

Qu'à l'inftant même on ouvre la barrière ;

Qu'Aménaïde ici ne foit plus prifonnière,

Jufqu'à l'événement de ce léger combat.

Vous, fachez, compagnons, qu'en quittant la carrière,
Je marche à vôtre tête, & je défends l'Etat.
D'un combat fingulier la gloire eft périssable,
Mais fervir la patrie eft l'honneur véritable.

TAN

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ARGIRE fur le devant. AMENAIDE au fond, à qui l'on

a ôté les fers.

AMENAÏDE (revenant à elle.)

Ciel! que deviendra-t-il? Si l'on fait fa naissance,

Il est perdu.

ARGIR E.

Ma fille....

AMENAIDE appuyée fur Fanie, &fe retournant vers

Son père.

Ah! que me voulez-vous?

Vous m'avez condamnée.

ARGIR E.

O deftins en courroux !

Voulez-vous, ô mon Dieu! qui prenez fa défense,
Ou pardonner fa faute, ou venger l'innocence?
Quels bienfaits à mes yeux daignez-vous accorder ?
Eft-ce juftice ou grace? Ah! je tremble & j'espère.
Qu'as-tu fait ? & comment dois-je te regarder?
Avec quels yeux, hélas!

AME

A MENA i D E.

Avec les yeux d'un père.

Vôtre fille eft encor au bord de fon tombeau.

Je ne fais fi le ciel me fera favorable.

Rien n'eft changé je fuis encor fous le couteau.
Tremblez moins pour ma gloire, elle eft inaltérable.
Mais fi vous êtes père, ôtez moi de ces lieux;
Dérobez vôtre fille accablée, expirante,
A tout cet appareil, à la foule infultante,
Qui fur mon infortune arrête ici fes yeux,

Observe mes affronts, & contemple des larmes,

Dont la caufe eft fi belle,

'on ne connaît pas.

& qu

ARGIR E.

Viens; mes tremblantes mains raffureront tes pas.

Ciel de fon défenfeur favorifez les armes,
Ou d'un malheureux père avancez le trépas.

Fin du troifiéme acte.

ACTE

ACTE I V.

SCENE I.

TANCREDE, LOREDAN, Chevaliers, Chevaliers, Marche guer rière: on porte les armes de Tancrède devant lui.

Seigneur

LOREDAN.

Eigneur, vôtre victoire eft illuftre & fatale Vous nous avez privés d'un brave Chevalier, Dont le cœur à l'Etat fe livrait tout entier, Et de qui la valeur fut à la vôtre égale.

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Ne pouvons-nous favoir vôtre nom, vôtre fort?
TANCREDE.

Orbaffan ne l'a fû qu'en recevant la mort;
Il emporte au tombeau mon fecret & ma haine.
De mon fort malheureux ne foyez point en peine.
Si je peux vous fervir, qu'importe qui je fois ?

LORED A N.

Demeurez ignoré, puifque vous voulez l'ètre ;
Mais que vôtre vertu fe faffe ici connaître,

Par un courage utile & de dignes exploits;

Les drapeaux du Croiffant dans nos champs vont paraître,' Défendez avec nous nôtre culte & nos loix.

Voyez dans Solamir un plus grand adverfaire.

Nous perdons nôtre apui, mais vous le remplacez.

Rendez

Rendez nous le héros que vous nous ravissez ;
Le vainqueur d'Orbaffan nous devient néceffaire.
Solamir vous attend.

TANCRED E.

Oui, je vous ai promis

De marcher avec vous contre vos ennemis;
Je tiendrai ma parole; & Solamir peut-être
Est plus mon ennemi que celui de l'Etat ;

Je le hais plus que vous ; — mais quoi qu'il en puiffe être,
Sachez que je fuis prêt pour ce nouveau combat.

CATAN E.

Nous attendons beaucoup d'une telle vaillance;
Attendez tout aufli de la reconnaiffance
Que devra Syracuse à vôtre illuftre bras.

TANCRED E.

Il n'en eft point pour moi, je n'en exige pas;
Je n'en veux point, Seigneurs, & cette trifte enceinte
N'a rien qui déformais foit l'objet de mes vœux.
Si je peux vous fervir, fi je meurs malheureux,
Je ne prétends ici récompenfe ni plainte,
Ni gloire, ni pitié. Je ferai mon devoir;
Solamir me verra; c'eft là tout mon efpoir.

LOREDAN.

C'est celui de l'Etat; déja le temps nous preffe,
Ne fongeons qu'à l'objet qui tous nous intéreffe,
A la victoire; & vous qui l'allez partager,

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