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On refpecte fon rang, fon nom, fa probité:
Mais l'age l'affaiblit; Orbaffan lui fuccède.

TANCREDE.

Orbaffan! l'ennemi, l'oppreffeur de Tancrède!
Ami, quel est le bruit répandu dans ces lieux?
Ah! parle, est-il bien vrai que cet audacieux,
D'un pére trop facile ait furpris la faibleffe,
Que de fon alliance il ait eu la promeffe,
Que fur Aménaïde il ait levé les yeux,
Qu'il ait ofé prétendre à s'unir avec elle?

ALDAM O N.

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Hier confufément j'en appris la nouvelle.
Pour moi, loin de la ville, établi dans ce fort,
Où je vous ai reçu, grace à mon heureux fort,
A mon pofte attaché, j'avoûrai que j'ignore
Ce qu'on a fait depuis dans ces murs que j'abhorre;
On vous y perfécute; ils font affreux pour moi.

TANCRED E.

Cher ami, tout mon cœur s'abandonne à ta foi;
Cours chez Aménaïde, & parais devant elle :
Dis, lui qu'un inconnu brulant du plus beau zèle,
Pour l'honneur de fon fang, pour fon auguste nom,
Pour les profpérités de fa noble maison,

Attaché dès l'enfance à sa mère, à fa race,
D'un entretien fecret lui demande la grace.

ALDAMON.

ALDA MO N.

Seigneur, dans fa maison j'eus toujours quelque accès.
On y voit avec joie, on accueille, on honore
Tous ceux qu'à vôtre nom le zèle attache encore.
Plût au ciel qu'on eût vù le pur fang des Français
Uni dans la Sicile au noble fang d'Argire!

Quel que foit le deffein, Seigneur, qui vous infpire,
Puifque vous m'envoyez, je réponds du fuccès.

SCENE II.

TANCREDE, Ses Ecuyers au fond.

L fera favorable: & ce ciel qui me guide,

I'

Ce ciel qui me ramène aux pieds d'Aménaïde,
Et qui dans tous les temps accorda fa faveur
Au véritable amour, au véritable honneur,

Ce ciel qui m'a conduit dans les tentes du Maure,
Parmi mes ennemis foutient ma caufe encore.
Aménaïde m'aime, & fon cœur me répond

Que le mien dans ces lieux ne peut craindre un affront.
Loin des camps des Céfars, & loin de l'Illirie,
Je viens enfin pour elle au fein de ma patrie,
De ma patrie ingrate, & qui dans mon malheur
Après Aménaïde eft fi chère à mon cœur !
J'arrive; un autre ici l'obtiendrait de fon pére!
Et fa fille à ce point aurait pû me trahir !
Quel eft cet Orbaffan? quel eft ce téméraire ?

Quels

Quels font donc les exploits dont il doit s'applaudir?
Qu'a-t-il fait de fi grand qui le puiffe enhardir
A demander un prix qu'on doit à la vaillance,
Qui des plus grands héros ferait la récompense,
Qui m'apartient du moins par les droits de l'amour?
Avant de me l'ôter il m'ôtera le jour.

Après mon trépas même elle ferait fidelle,

L'oppreffeur de mon fang ne peut régner fur elle.
Oui, ton cœur m'eft connu; je n'en redoute rien,
Ma chère Aménaïde, il eft tel que le mien,
Incapable d'effroi, de crainte & d'inconstance.

A

SCENE III.

TANCREDE, ALDAMON.

TANCREDE.

H! trop heureux ami, tu fors de fa préfence;

Tu vois tous mes transports; allons, condui mes pas.

ALDA MON.

Vers ces funeftes lieux, Seigneur, n'avancez pas.

TANCRED E.

Que me dis-tu ? les pleurs inondent ton visage!
ALDA MO N.

Ah! fuyez pour jamais ce malheureux rivage.
Après les attentats que ce jour a produits,
Je n'y puis demeurer, tout obfcur que je fuis.

TANCREDE

Comment?...

TANCRED E.

ALDAM O N.

Portez ailleurs ce courage fublime,

La gloire vous attend aux tentes des Céfars;
Elle n'eft point pour vous dans ces affreux remparts.
Fuyez, vous n'y verriez que la honte & le crime.

TANCRED E.

De quels traits inouïs viens-tu percer mon cœur !
Qu'as-tu vû? que t'a dit? que fait Aménaïde?

ALDA MO N.

J'ai trop vû vos deffeins... Oubliez-la, Seigneur.

TANCREDE.

Ciel! Orbaffan l'emporte, Orbaffan! la perfide!
L'ennemi de fon pére, & mon perfécuteur!

ALDA MO N.

Son père a ce matin figné cet hyménée,
Et la pompe fatale en était ordonnée....

TANCRED E.

Et je ferais témoin de cet excès d'horreur!

ALDA MO N.

Vôtre dépouille ici leur fut abandonnée.
Vos biens étaient fa dot. - Un rival odieux,
Seigneur, vous enlevait le bien de vos ayeux.

TANCREDE,

TANCRED E.

Le lâche! il m'enlevait ce qu'un héros méprife.
Aménaïde, ô ciel! en fes mains est remise ?

Elle eft à lui?

ALDAM O N.

Seigneur, ce font les moindres coups

Que le ciel irrité vient de lancer fur vous.

TANCRED E.

Achève donc, cruel, de m'arracher la vie,

Achève,

parle, - hélas!

ALDAM O N.

Elle allait être unie

Au fier perfécuteur de vos jours glorieux,
Le flambeau de l'hymen s'allumait en ces lieux,
Lorfqu'on a reconnu quelle eft fa perfidie;

C'eft peu d'avoir changé, d'avoir trompé vos vœux,
L'infidèle, Seigneur, vous trahiffait tous deux.

Pour qui?

TAN CR E.D E.

ALDAM O N.

Pour une main étrangére, ennemie,

Pour l'oppreffeur altier de nôtre nation,

Pour Solamir.

TANCRED E.

O Ciel! ô trop funeste nom!

Solamir!.... dans Bizance il foupira pour elle,

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