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A CANT E.

Vous devez être en horreur à vous-même.

LE CHEVALIER.

Oui, je le fuis, mais mon remords extrême
Répare tout, & doit vous appaiser.
Ma folle erreur avait pû m'abufer.

Je fus furpris par une indigne flamme;
Et mon devoir m'amène ici, Madame.

A CANT E.

Madame! à moi! quel nom vous me donnez! Je fais l'état où mes parens font nés.

COLETTE.

Madame!.. oh oh! quel eft donc ce langage?

A CANT E.

Ceffez, Monfieur, ce titre eft un outrage;
C'eft s'avilir que d'ofer recevoir

Un faux honneur qu'on ne doit point avoir.
Je fuis Acante, & mon nom doit fuffire,
Il eft fans tache.

LE CHEVALIE R.

Ah! que puis-je vous dire?

Ce

Ce nom m'eft cher: allez vous oublierez

Mon attentat, quand vous me connaîtrez :
Vous trouverez très bon que je vous aime.

ACANT E.

Qui? moi, Monfieur!

COLETTE (à Acante.)

C'eft fon remords extrême.

LE CHEVALIER.

N'en riez point, Colette, je prétens
Qu'elle ait pour moi les plus purs fentimens.

A CANT E.

Je ne fais pas quel deffein vous anime;
Mais commencez par avoir mon eftime.

LE

CHEVALIER.

C'eft le feul but que j'aurai désormais ;
J'en ferai digne, & je vous le promets.

ACAN TE.

Je le défire, & me plais à vous croire.
Vous êtes né pour connaître la gloire;
Mais ménagez la mienne, & me laiffez.

LE

LE CHEVALIER.

Non, c'est en vain que vous vous offenfez.
Je ne fuis point amoureux, je vous jure;
Mais je prétens refter.

COLETTE.

Bon, double injure.

Cet homme eft fou, je l'ai pensé toujours.
Dormène vient, ma chère, à ton fecours.
Démêle toi de cette grande affaire;
Ou donne grace, ou garde ta colère.
Ton rôle eft beau, tu fais ici la loi.
Tu vois les grands à genoux devant toi.
Pour moi je fuis condamnée au village.
On ne m'enléve point, & j'en enrage.
On vient, adieu, fuis ton brillant destin,
Et je retourne à mon gros Maturin.

( Elle fort.)

SCENE

SCENE V.

ACANTE, LE CHEVALIER, DORMENE,

DIGNANT.

A CANT E.

HElas, madame, une fille éperduë

En rougiffant parait à vôtre vue.
Pourquoi faut-il, pour combler ma douleur,
Que l'on me laiffe avec mon raviffeur?
Et vous auffi, vous m'accablez, mon père!
A ce méchant au lieu de me fouftraire,
Vous m'amenez vous-même dans ces lieux;
Je l'y revois; mon maître fuit mes yeux.
Mon père, au moins, c'eft en vous que j'espère!

DIGNAN T.

O cher objet! vous n'avez plus de père!

A CANT E.

Que dites-vous?

DIGNA N T.

Non, je ne le fuis pas.

DOR

DORMEN E.

Non, mon enfant, de fi charmans appas
Sont nés d'un fang dont vous êtes plus digne.
Préparez vous au changement infigne
De vôtre fort; & furtout pardonnez
Au Chevalier.

A CANT E.

Moi, Madame ?

DORMEN E.

Aprenez,

Ma chère enfant, que Laure eft vôtre mère

A CANTE.

Elle! Eft-il vrai?

DORMEN E.

Gernance eft votre frère.

LE CHE VALIER.

Oui je le fuis, oui vous êtes ma fœur.

ACANT E.

Ah! je fuccombe. Hélas! eft-ce un bonheur?

LE

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