A CTE V. SCENE I. LE MARQUIS, LE CHEVALIER. LE MARQUIS. Faifons la paix, chevalier, je confeffe Que tout mortel est paitri de faiblesse, Vous avez donc perdu vôtre gageure? Vous aimez donc ? LE MARQUIS. Oh non, je vous le jure Mais par l'himen, tout prêt de me lier, LE CHEVALIE R. Vôtre inconftance est étrange & foudaine. Paffe Paffe pour moi: mais que dira Dormène? LE MARQUIS. Il est trop vrai; c'est là ce qui me gêne. LE CHEVALIER. Je fuis encor le maître de moi-même, Et je pourai réparer tout le mal. LE CHEVALIER. Vous moquez-vous? contenter tout le monde! Quelle folie! En un mot, fi l'on fronde Mon changement, j'ofe efpérer au moins Faire approuver ma conduite & mes foins. Colette vient, par mon ordre on l'appelle; Je vais l'entendre, & commencer par elle. Prête en tout tems, & toujours de grand cœur. LE MARQUIS. Voulez-vous être heureufe? Co COLETTE. Oui, fur ma vie ; N'en doutez pas, c'eft ma plus forte envie. En voici le moyen. Vous voudriez un époux, & du bien? COLETTE. Oui, l'un & l'autre. LE MARQUIS. Eh bien donc, je vous donne Trois mille francs pour la dot, & j'ordonne Que Maturin vous époufe aujourd'hui. COLETTE. Ou Maturin, ou tout autre que lui; Je meurs de joye. LE MARQUIS. Et j'en reffens auffi, D'avoir déja pleinement réuffi; L'une des trois eft déja fort contente. Tout ira bien. COLETT E. Et mon amie Acante Que devient-elle ? on va la marier, A ce qu'on dit, à ce beau chevalier. Tout le monde est heureux, j'en fuis charmée, Ma chère Acante ! LE CHEVALIER (en regardant le Marquis.) Et le fera. Elle doit être aimée, LE MARQUIS (au Chevalier.) La voici, je ne puis La confoler en l'état où je fuis. Venez, je vais vous dire ma pensée. |