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Mais ce cœur, croyez moi, le ferait davantage
Si jufqu'à vous complaire il pouvait s'oublier.
Je ne veux (pardonnez à ce trifte langage)

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De vous, pour mon époux, ni pour mon Chevalier.
J'ai prononcé ; jugez, & vengez vôtre offense.

ORBAS SAN.

Je me borne, Madame, à venger mon pays,
A dédaigner l'audace, à braver le mépris,

A l'oublier. Mon bras prenait vôtre défense,
Mais quitte envers ma gloire, auffi-bien qu'envers vous,
Je ne fuis plus qu'un Juge à fon devoir fidelle,
Soumis à la loi feule, infenfible comme elle,
Et qui ne doit fentir ni regrets ni courroux.

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O toi feul des humains qui méritas ma foi,

Toi pour qui je mourrai, pour qui j'aimais la vie,

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Mais un père accablé dont les jours vont finir !
Des liens, des bourreaux, ces apprêts d'infamie!
O mort! affreufe mort! puis-je vous foutenir?

Tour

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Non, il n'eft point de honte en mourant pour Tan

crède.

On peut n'ôter le jour, & non pas me punir.

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Quoi! je meurs en coupable! un père ! une patrie!
Je les fervais tous deux, & tous deux m'ont flétric!
Et je n'aurai pour moi, dans ces momens d'horreur,
Que mon feul témoignage, & la voix de mon cœur !
(à Fanie qui entre.)

Quels momens pour Tancrède! O ma chère Fanie!
(Fanie lui baife la main en pleurant, & Aménaïde l'em-
braffe.)

La douceur de te voir ne m'est donc point ravie !

FANI E.

Que ne puis-je avant vous expirer en ces lieux !

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(Les Gardes qui étaient dans le fond s'avancent pour l'em mener.)

Porte un jour au héros à qui j'étais unie,

Mes derniers fentimens, & mes derniers adieux,
Fanie; il aprendra fi je mourus fidelle;

Je coûterai du moins des larmes à fes yeux:

Il pourra me venger - ma mort eft moins cruelle.

Fin du fecond Acte.

CA

ACTE

ACTE III.

SCENE I.

TANCREDE fuivi de deux Ecuyers qui portent fa lance, fon écu &c. ALDAMON.

A

TANCRED E.

Tous les cœurs bien nés que la patrie est chère !
Qu'avec raviffement je revois ce féjour !

Cher & brave Aldamon, digne ami de mon père,
C'est toi dont l'heureux zèle a fervi mon retour.

Que Tancrède eft heureux! que ce jour m'eft prospère !
Tout mon fort eft changé. Cher ami, je te dois
Plus que je n'ofe dire & plus que tu ne crois.

ALDA MON.

Seigneur, c'eft trop vanter mes fervices vulgaires,
Et c'est trop relever un fort tel que le mien;
Je ne fuis qu'un foldat, un fimple citoyen....

TANCREDE.

Je le fuis comme vous: les citoyens font frères.

ALDA MO N.

Deux ans dans l'Orient fous vous j'ai combatu;
Je vous vis effacer l'éclat de vos ancêtres ;

Jadmirai

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J'admirai d'affez près votre haute vertu ;

C'eft là mon feul mérite: élevé par mes maitres,
Né dans vôtre maison, je vous fuis affèrvi.
Je dois. ...

TANCRED E.

Vous ne devez être que mon ami.

- Voilà donc ces remparts que je voulais défendre, Ces murs toûjours facrés pour le cœur le plus tendre, Ces murs qui m'ont vû naître, & dont je fuis banni! Apprens moi dans quels lieux refpire Aménaïde.

ALDAM O N.

Dans ce palais antique où fon père réfide;
Cette place y conduit; plus loin vous contemplez
Ce tribunal augufte, où l'on voit affemblés
Ces vaillans Chevaliers, ce Sénat intrépide,
Qui font les loix du peuple & combattent pour lui,
Et qui vaincraient toûjours le Mufulman perfide,
S'ils ne s'étaient privés de leur plus grand appui.
Voilà leurs boucliers, leurs lances, leurs devifes,
Dont la pompe guerrière annonce aux nations
La fplendeur de leurs faits, leurs nobles entreprises.
Vôtre nom feul ici manquait à ces grands noms.

TANCRED E.

Que ce nom foit caché, puis qu'on le perfécute;
Peut-être en d'autres lieux il eft célèbre affez.

(à fes Ecuyers.)

Vous, qu'on fufpende ici mes chiffres effacés ;

Aux fureurs des partis qu'ils ne foient plus en bute;
Que mes armes fans fafte, emblème des douleurs,
Telles que je les porte au milieu des batailles,
Ce fimple bouclier, ce cafque fans couleurs,
Soient atachés fans pompe à ces triftes murailles.

(Les Ecuyers fufpendent fes armes aux places vuides, au milieu des autres trophées. )

Confervez ma devife, elle eft chère à mon cœur ;
Elle a dans mes combats foutenu ma vaillance,
Elle a conduit mes pas & fait mon espérance;
Les mots en font facrés; c'eft, l'amour & l'honneur.
Lorsque les Chevaliers defcendront dans la place,
Vous direz qu'un guerrier, qui veut être inconnu,
Pour les fuivre aux combats dans leurs murs eft venu,
Et qu'à les imiter il borne fon audace.

( à Aldamon. )

Quel eft leur chef, ami?

ALDAM O N.

Ce fut depuis trois ans,

Comme vous l'avez fçu, le respectable Argire.

TANCREDE à part.

Pére d'Aménaïde!..

AL DA MO N.

On le vit trop longtems

Succomber au parti dont nous craignons l'empire.

Il reprit à la fin fa jufte autorité :

On

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