Obrazy na stronie
PDF
ePub

S'émanciper à fotifes pareilles,

On fait couper fur le champ fes oreilles.

MATUR I N.

La belle loi! les beaux droits que voila!
Et ma moitié ne dit mot à cela?

A CANT E.

Moi j'obéis, & je n'ai rien à dire.

LE BAILLI F.

Déniche, il faut qu'un mari fe retire:
Point de raifons.

MATURIN ( fortant. )

Ma femme heureusement.

N'a point d'efprit, & fon air innocent,
Sa converfation ne plaira guère.

[blocks in formation]

Adieu donc, ma très-chère

Songe furtout au pauvre Maturin,

Ton fiancé.

(il fort.)

Ce 2

ACAN

A CANT E.

J'y fonge avec chagrin.

Quelle fera cette étrange entrevuë?

La peur me prend, je fuis toute éperdue.
LE BAIL LIF.

Affeiez-vous; attendez en ce lieu
Un maître aimable & vertueux. Adieu.

SCENE V.

A CANTE Seule.

IL eft aimable; — ah! je le fais fans doute ;

Fourrai-je hélas! mériter qu'il m'écoute?
Entrera-t-il dans mes vrais intérêts,

Dans mes chagrins, & dans mes torts fecrets?
Il me croira du moins fort imprudente,
De refufer le fort qu'on me préfente;
Un mari riche, un état affuré.
Je le prévois, je ne remporterai
Que des refus, avec bien peu d'eftime;
Je vais déplaire à ce cœur magnanime;
Et fi mon ame avait ofé former

Quelque fouhait, c'est qu'il pût m'estimer.

Mais pourra-t-il me blamer de me rendre
Chez cette Dame & fi noble & fi tendre,
Qui fuit le monde, & qu'en ce trifte jour
J'implorerai pour le fuir à mon tour? -
Où fuis-je ? - on ouvre à peine j'envifage
Celui qui vient, je ne vois qu'un nuage.

SCENE VI

LE MARQUIS, A CANTE.

LE MARQUIS.

A sfeiez-vous. Lors qu'ici je vous vois,

C'eft le plus beau, le plus cher de mes droits.
J'ai commandé qu'on porte à vôtre père
Les faibles dons qu'il convient de vous faire;
Ils paraitront bien indignes de vous.

ACANTE ( s'affeiant.)

Trop de bontés fe répandent fur nous,
J'en fuis confufe; & ma reconnaissance
N'a pas befoin de tant de bienfaifance;
Mais avant tout il eft de mon devoir
De vous prier de daigner recevoir
Ces vieux papiers que mon père préfente

Cc 3

Très

Très-humblement.

LE MARQUIS (les mettant dans fa poche. )
Donnez les, belle Acante,

Je les lirai; c'eft fans doute un détail
De mes forêts: fes foins & fon travail
M'ont toujours plû; j'aurai de fa vieilleffe
Les plus grands foins; comptez fur ma promeffe.
Mais eft-il vrai qu'il vous donne un époux
Qui vous caufant d'invincibles dégouts,
De vôtre himen rend la chaine odieufe?
J'en fuis faché. — Vous deviez être heureuse,

A CANT E,

Ah! je le fuis un moment, Monfeigneur,
En vous parlant, en vous ouvrant mon cœur ;
Mais tant d'audace eft-elle ici permife?

[blocks in formation]

Ne craignez rien; parlez avec franchise,
Tous vos fecrets feront en fûreté.

A CANTE.

Qui douterait de vôtre probité ?
Pardonnez donc à ma plainte importune.
Ce mariage aurait fait ma fortune,
Je le fais bien, & j'avourai furtout

Que

Que c'est trop tard expliquer mon dégout;
Que dans les champs élevée & nourrie,
Je ne dois point dédaigner une vie
Qui fous vos loix me retient pour jamais,
Et qui m'eft chère encor par vos bienfaits.
Mais après tout, Maturin, le village,
Ces païfans, leurs moeurs, & leur langage,
Ne m'ont jamais infpiré tant d'horreur;
De mon efprit c'est une injufte erreur;
Je la combats, mais cile a Pavantage.
En frémiffant je fais ce mariage.

LE MARQUIS (aprochant fon fauteuil. )

Mais vous n'avez pas tort.

ACANTE ( à genoux. )

Jofe à genoux

Vous demander, non pas un autre époux,
Non d'autres noeuds, tous me feraient horribles,
Mais que je puiffe avoir des jours paifibles;
Le premier bien ferait vôtre bonté,
Et le fecond de tous la liberté.

LE MARQUIS (la relevant avec empreffement.)

[ocr errors]

Eh! relevez-vous donc. Que tout m'étonne Dans vos deffeins, & dans vôtre perfonne, (Ils s'aprochent.)

[blocks in formation]
« PoprzedniaDalej »