Mon cher Champagne, à mon dernier voyage, D'Acante ici j'éprouvai le courage. Va, fous mes loix je la ferai plier. Rentre pour moi dans ton premier métier, Sois mon trompette, & fonne les allarmes. Point de quartier, marchons, alerte, aux armes, Vite. CHAMPAGNE. Je crois que nous fommes trahis; C'eft du fecours qui vient aux ennemis; J'entens grand bruit, c'est Monseigneur. A CTE III. SCENE I LE MARQUIS, le Chevalier GERNANCE. LE MARQUIS. CHer Chevalier, que mon cœur eft en paix! Que mes regards font ici fatisfaits! Que ce château qu'ont habité nos pères Tous ces grands riens, ces pompeufes chimères, Au fond du coeur laiffent un vuide affreux. C'eft avec nous que nous fommes heureux. Dans ce grand' monde où chacun veut paraitre, On eft efclave, & chez moi je fuis maitre. Que je voudrais que vous euffiez mon gout! LE LE CHEVALIER. Eh oui, l'on peut fe réjouir partout, LE MARQUIS. Que vous & moi nous fommes différens ! LE CHE VALIE R. Nous changerons peut-être avec le tems. LE MARQU I S. Oui, Maturin vraiment Fait un beau choix, & mon contentement L'époux eft riche, & fa maitreffe eft fage; LE CHEVALIER. Acante encor en peut faire un troifiéme. LE MARQUIS. Je vous reconnais là, toujours vous-même. Mon cher parent, vous m'avez fait cent fois Trembler pour vous par vos galants exploits. Tout peut pafler dans des villes de guerre ; Mais nous devons l'exemple dans ma terre. LE CHE VALIER. L'exemple du plaifir apparemment ? LE MARQUIS. Au moins, mon cher, que ce foit prudemment ; Vous eût frapé, vous feriez raifonnable. LE CHEVALIER. Oui, je veux l'être un jour, c'eft mon deffein J'y penfe quelquefois, mais c'eft en vain; Mon feu m'emporte. LE MARQUIS. Eh bien, je vous préfage Que vous ferez las du libertinage. LE CHEVALIE R. Je le voudrais; mais on fait comme on peut, Ma foi, n'eft pas raifonnable qui veut. LE MARQUIS. Vous vous trompez, on eft un peu fon maitre; Dont la poursuite aurait pû m'affliger, Et l'eût privée à jamais d'un époux. |