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( à Orbassan. )

Sur le point d'être à vous, & marchant à l'autel,

Exécute un complot fi lache & fi cruel!
De ce crime nouveau Syracufe infectée,
Veut de nôtre juftice un exemple éternel.

LORED A N.

Je l'avoue en tremblant: fa mort eft légitime.
Plus fa race eft illuftre & plus grand eft le crime.
On fait de Solamir l'efpoir ambitieux;
On connaît fes deffeins, fon amour téméraire,
Ce malheureux talent de tromper & de plaire,
D'imposer aux efprits, & d'éblouir les yeux.
C'eft à lui que s'adreffe un écrit fi funeste,
Régnez dans nos Etats; Ces mots trop odieux
Nous révèlent affez un complot manifeste.
Pour l'honneur d'Orbaffan je fuprime le refte;
Il nous ferait rougir. Quel eft le Chevalier
Qui daignera jamais, fuivant l'antique ufage
Pour ce coupable objet fignaler fon courage,
Et hazarder fa gloire à le justifier?

CATAN E.

*

Orbaffan, comme vous nous fentons vôtre injure,
Nous allons l'effacer au milieu des combats.
Le crime rompt l'hymen. Oubliez la parjure.
Son fuplice vous venge, & ne vous flétrit pas.

Théatre. Tom. V.

C

OR*

ORBASSA N.

Il me confterne, au moins:- on aproche, c'est elle,
Qu'au féjour des forfaits conduifent des foldats.

Cette honte m'indigne autant qu'elle m'offense ;
Laiffez moi lui parler.

SCENE V.

Les Chevaliers fur le devant, AMENAIDE au fond entourée de gardes.

A MEN AiDE

dans le fond.

Céleste puiffance!

Ne m'abandonnez point dans ces momens affreux.
Grand Dieu! vous connaiffez l'objet de tous mes vœux;
Vous connaiffez mon cœur ; eft-il donc fi coupable?

CATAN E.

Vous voulez voir encor cet objet condamnable?

OR BASSA N.

Oui, je le veux. —

CATAN E.

Sortons, parlez lui, mais fongez

Que les loix, les autels, l'honneur font outragés ;
Syracufe à regret exige une victime.

OR BASSA N.

Je le fais comme vous: un même soin m'anime.

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ORBASSA N.

Ma fierté jufques-là ne peut être avilie.

Je vous donnais ma main, je vous avais choisie,
Peut-être l'amour même avait dicté ce choix.
Je ne fais fi mon cœur s'en fouviendrait encore,
Ou s'il eft indigné d'avoir connu des loix;
Mais il ne peut fouffrir ce qui le deshonore.
Je ne veux point penser qu'Orbaffan foit trahi
Pour un chef étranger, pour un chef ennemi,
Pour un de ces tyrans que nôtre culte abhorre;
Ce crime eft trop indigne, il est trop inouï ;

Et pour vous, pour l'Etat, & furtout pour ma gloire,
Je veux fermer les yeux, & prétends ne rien croire.
Syracufe aujourd'hui voit en moi vôtre époux,
Ce titre me fuffit, je me refpecte en vous ;

Ma gloire eft offenfée, & je prends fa défense.
Les loix des Chevaliers ordonnent ces combats;

Le jugement de Dieu

dépend de nôtre bras;

C'est le glaive qui juge & qui fait l'innocence.

Je fuis prèt.

A MENA ÏDE.

Vous ?

OR BASSA N.

Moi feul & j'ofe me flater

Qu'après cette démarche, après cette entreprise,
(Qu'aux yeux de tout guerrier mon honneur autorife)
Un cœur qui m'était dû, me faura mériter.

Je n'examine point si vôtre ame surprise
Ou par mes ennemis, ou par un féducteur,
Un moment aveuglée eut un moment d'erreur,
Si vôtre averfion fuyait mon hymenée.

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Les bienfaits peuvent tout fur une ame bien née
La vertu s'affermit par un remords heureux.
Je fuis fùr, en un mot, de l'honneur de tous deux.
Mais ce n'eft point affez: j'ai le droit de prétendre
(Soit fierté, foit amour) un fentiment plus tendre.
Les loix veulent ici des fermens folemnels;

J'en exige un de vous, non tel que la contrainte
En dicte à la faibleffe, en impofe à la crainte,
Qu'en fe trompant foi-même on prodigue aux autels;
A ma franchise altière il faut parler fans feinte :

Pro

* On fait affez qu'on appellait ces combats le jugement de Dieu.

Prononcez. Mon cœur s'ouvre & mon bras eft armé;

Je peux mourir

pour vous;

mais je dois être aimé.

A MENA ïDE.

Dans l'abîme effroyable où je fuis defcendue,
A peine avec horreur à moi-même rendue,
Cet effort généreux, que je n'attendais pas,
Porte le dernier coup à mon amie éperdue,

Et me plonge au tombeau qui s'ouvrait fous mes pas.
Vous me forcez, Seigneur, à la reconnaissance,
Et tout près du fépulcre où l'on va m'enfermer
Mon dernier fentiment eft de vous estimer.

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Connaiffez moi : fachez que mon cœur vous offenfe
Mais je n'ai point trahi ma gloire & mon pays;
Je ne vous trahis point; je n'avais rien promis.
Mon ame envers la vôtre eft affez criminelle;
Sachez qu'elle eft ingrate, & non pas infidelle..
Je ne peux vous aimer; je ne peux à ce prix
Accepter un combat pour ma caufe entrepris.
Je fais de vôtre loi la dureté barbare,

Celle de mes tyrans, la mort qu'on me prépare.
Je ne me vante point du fastueux effort,
De voir fans m'allarmer les apprêts de ma mort; -
Je regrette la vie, elle dut m'être chère;
Je pleure mon deftin, je gémis fur mon père.
Mais, malgré ma faibleffe, & malgré mon effroi
Je

ne peux vous tromper; n'attendez rien de moi. Je vous parais coupable après un tel outrage ;

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