Obrazy na stronie
PDF
ePub

Le vilain droit!

LE BAIL LIF.

Mais il eft fort honnête.

Il est permis de parler tête à tête
A fa fujette, afin de la tourner

A fon devoir, & de l'endoctriner.

MATUR IN.

Je n'aime point qu'un jeune homme endoctrine Cette difciple à qui je me destine;

Cela me fache.

LE BAIL LIF.

Acante a trop d'honneur

Pour te facher. C'est le droit du Seigneur;
Et c'est à nous, en perfonnes difcrètes
A nous foumettre aux loix qu'on nous a faites.

MATUR IN.

D'où vient ce droit?

BAILLI F.

LE

Ah! depuis bien longtems,

C'est établi: -ça vient du droit des gens.

MA

MATUR IN.

Mais fur ce pied, dans toutes les familles
Chacun pourait endoctriner les filles.

[blocks in formation]
[ocr errors]

Oh! point du tout, c'est une invention Qu'on inventa pour les gens d'un grand nom. Car vois-tu bien, autrefois les ancêtres.

De Monfeigneur s'étaient rendus les maîtres De nos ayeux, régnaient fur nos hameaux.

MATURI N.

Ouais! nos ayeux étaient donc de grands fots!
LE BAIL LI F.

Pas plus que toi. Les Seigneurs du village
Devaient avoir un droit de vaffelage.

MATUR I N.

Pourquoi cela? fommes-nous pas paitris
D'un feul limon, de lait comme eux nourris?
N'avons-nous pas comme eux des bras, des
jambes?

Et mieux tournés, & plus forts, plus ingambes?
Une cervelle avec quoi nous penfons
Beaucoup mieux qu'eux, car nous les atrapons?

Som

Sommes-nous pas cent contre un? ça m'étonne
De voir toujours qu'une feule perfonne
Commande en maître à tous fes compagnons,
Comme un berger fait tondre fes moutons.
Quand je fuis feul, à tout cela je penfe
Profondément. Je vois nôtre naifance
Et nôtre mort, à la ville, au hameau,
Se reffembler comme deux goutes d'eau.
Pourquoi la vie eft-elle différente?

Je n'en vois pas la raison: ça tourmente.
Les Maturins & les godeluraux,

Et les Baillifs, ma foi font tous égaux.

LE BAIL LIF.

C'eft très bien dit, Maturin; mais, je gage,
Si tes valets te tenaient ce langage,
Qu'un nerf de boeuf apliqué fur le dos
Refuterait puiffamment leurs propos.
Tu les ferais rentrer vite à leur place.

MATUR I N.

Oui, vous avez raifon; ça m'embarrasse;
Oui, ça pourait me donner du fouci.
Mais palfambleu, vous m'avoùrez auffi,
Que quand chez moi mon valet fe marie,
C'eft pour lui feul, non pour ma feigneurie,

Qu'à

Qu'à fa moitié je ne prétens en rien,
Et que chacun doit jouir de fon bien.

LE BAILL I F.

Si les petits à leurs femmes fe tiennent
Compère, aux grands les nôtres appartiennent.
Que ton efprit eft bas, lourd & brutal?
Tu n'as pas lû le code féodal.

MATUR IN.

Féodal! qu'eft-ce?

LE BAIL LIF.

Il tient fon origine

Du mot fides de la langue Latine :

C'eft comme qui dirait...!

MATUR I N.

Sais-tu qu'avec

Ton vieux Latin & ton ennuyeux Grec,

Si tu me dis des fotifes pareilles,

Je pourais bien froter tes deux oreilles ?

(Il menace le Baillif, qui parle toujours en reculant, Maturin court après lui. )

[blocks in formation]

Je fuis Baillif, ne t'en avise pas.

Fides veut dire foi. Conviens-tu pas

Que

Que tu dois foi, que tu dois plein hommage
A Monfeigneur le Marquis du Carrage?
Que tu lui dois dixmes, champ-part, argent?
Que tu lui dois....

MATUR IN.

Baillif outrecuidant,

Oui, je dois tout; j'en enrage dans l'ame; Mais palfandié je ne dois point ma femme, Maudit Baillif!

LE BAIL LIF(en s'en allant. )

Va, nous favons la loi ;

Nous aurons bien ta femme ici fans toi.

SCEN E II.

MATUR IN Seul.

Hien de Baillif! que ton Latin m'irrite!

CH

Ah! fans Latin marions nous bien vite;

Parlons au père, à la fille furtout

Car ce que je veux, moi, j'en viens à bout. Voilà comme je fuis. J'ai dans ma tête Prétendu faire une fortune honnête,

La voilà faite. Une fille d'ici

Théatre Tom. V.

Y

Mo

« PoprzedniaDalej »