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Que vous faut-il? parlez, cruelle que vous êtes!
Quel fruit recueillez-vous de toutes vos erreurs?
Et qui peut contre moi vous irriter?

ZULIM E.

Vos pleurs,

Votre attendriffement, vôtre excès de courage,
Vôtre crainte pour lui, vos yeux, vôtre langage
Vos charmes, mon malheur, & mes tranfpors jaloux;
Tout m'irrite, cruelle, & m'arme contre vous.
Vous avez mérité que Ramire vous aime;
Vous me forcez enfin d'immoler pour vous-même,
Et l'amour paternel, & l'honneur de mes jours.
Je vous fers, vous, Madame; il le faut ; & j'y cours.
Mais vous me répondrez... ..

A TIDE.

Ah c'en eft trop, barbare!

Eh bien, j'aime Ramire: oui, je vous le déclare ;
Je l'aime, je le cède, & vous vous indignez !
J'ai fauvé vôtre amant, & vous vous en plaignez!
Quel tems pour les fureurs de vôtre jaloufie!
Quel tems pour le reproche ! il s'agit de fa vie.
Je jure ici par lui, par ce commun effroi,
J'en attefte le jour, ce jour que je vous doi,
Que vous n'aurez jamais à redouter Atide.
Ne vous figurez pas que ma douleur timide
S'exhale en vains fermens qu'arrache le danger;

Je

Je jure encor ce ciel, lent à nous protéger,
Que s'il me permettait de délivrer Ramire,
S'il ofait me donner fon cœur & fon empire,
Si du plus tendre amour il écoutait l'erreur,
Je vous facrifierais fon empire & fon cœur.

Confervez-le à ce prix, au prix de mon fang même.
Que voulez-vous de plus, s'il vit, & s'il vous aime ?
Je ne difpute rien, Madame, à vôtre amour,
Non pas même l'honneur de lui fauver le jour.
Vous en aurez la gloire, ayez-en l'avantage.
ZULIM E.

Non, je ne vous crois point; je vois tout mon outrage;
Je vois jufqu'en vos pleurs un triomphe odieux.

La douceur d'ètre aimée éclate dans vos yeux.
Mais ceffez de prétendre au fuperbe partage,
A l'honneur infultant d'exciter mon courage.
Ce courage intrépide, autant qu'il eft jaloux,
Pour braver cent trépas n'a pas befoin de vous.
Suivez moi feulement: je vous ferai connaître
Que je fais tout tenter, & même pour un traître.
Je devrais l'oublier; je devrais le punir,
Et je cours le fauver, le venger, ou périr.
Sérame! quelle horreur a glacé ton visage?

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SCENE VII

ZULIME, ATIDE, SERAME.

Madame

SÉRAM E.

Adame, il faut du fort dévorer tout l'outrage.
Il faut d'un cœur foumis fouffrir ce coup affreux.
Vainement Mohadir fenfible & généreux,

Du coupable Ramire a demandé la grace.
Tous les chefs irrités de fa perfide audace
L'ont condamné, Madame, à ces tourmens cruels
Réfervés en ces lieux pour les grands criminels.
Il vous faut oublier jufqu'au nom de Ramire.

ZULIM E.

Il ne mourra pas feul, & devant qu'il expire....

SERAM E.

Madame, ah gardez vous d'un téméraire effort!

A TIDE.

Vous l'abandonneriez à cette indigne mort?
Oublieriez-vous ainfi là grandeur de votre ame?

ZULIME.

ZULIM E.

Je préviens vos confeils: n'en doutez point, Madame;
Ne les prodiguez plus. Et toi, nature, & toi!
Droit éternels du fang toujours facrés pour moi!
Dans cet égarement dont la fureur m'anime,
Soutenez bien mon cœur, & gardez moi d'un crime.

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ACTE V.

I.

CE

SCENE

BENASSAR, MOHADIR.

MOHAD I R.

E dernier trait, fans doute, eft le plus criminel,

Je fens le defefpoir de ce cœur paternel :

Je partage en pleurant fon trouble & fa colère.

Mais vous avez toujours des entrailles de père;

Et tous les attentats de ce funefte jour,

Ne font qu'un même crime, & ce crime eft l'amour,
Dans fon aveuglement Zulime enfevelie,
Mérite d'être plainte, encor plus que punie;
Et fi vôtre bonté parlait à vôtre cœur.....

BENASSAR.

Ma bonté fit fon crime, & fit tout mon malheur.
Je me reproche affez mon excès d'indulgence.
Ciel! tu m'en as donné l'horrible récompenfe.
Ma fille était l'idole à qui mon amitié,
Cette amitié fatale, a tout facrifié.

Je lui tendais les bras, quand fa main ennemie
Me plongeait au tombeau chargé d'ignominie.

Ah!

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