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Dans Ramire & dans vous il confondrait peut-être..

ZULIM E.

Ofez-vous bien penfer que je protège un traître?

MOHADIR.

Madame, pardonnez un injufte foupçon.
Vôtre ame détrompée a repris fa raison.
Je le vois, & je cours, en ferviteur fidèle,
Apprendre à Benaffar le fuccès de mon zèle.
Daignez de fa juftice attendre ici l'effet.

(il fort.)

SCENE V.

ZULIME, SÉRA ME.

ZULIM E.

AH! j'attens le trépas! Juste ciel qu'ai-je fait ?

SÉRAM E.

Vous laiffez un perfide au deftin qui l'accable.

Vos jours font à ce prix. ....

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SÉRAM E.

Tous deux feront punis; ne fongez plus qu'à vous.
D'un père infortuné défarmez le courroux,

Détournez.....

ZULIM E.

Il ne voit en moi qu'une ennemie ;

Il ne fait point, hélas! combien je fuis punie;
Mon chatiment, Sérame, eft dans mes attentats.
J'étais dénaturée, & j'ai fait des ingrats.

SÉRAM E.

Eh bien, de leurs forfaits féparez vôtre cause.
Quelque punition qu'un père fe propose,
Aux traits de fon courroux fon fang doit échaper,
Et fa main s'amollit fur le point de fraper.

Obtenez qu'il vous voye, & vôtre grace eft fûre.
Uniffez vous à lui pour venger fon injure.
Abandonnez les jours justement menacés
De ce parjure amant qu'enfin vous haiffez.

De Ramire!

ZULIM E.

SÉRAM E.

De lui. Son indigne artifice

Vous faifait fa victime, ainfi que fa complice.

ZULIM E.

Je ne le fais que trop. Hélas que de forfaits!

SÉRAME.

SÉRA ME.

Que j'aime à voir vos yeux deffillés pour jamais!
Des pleurs que vous verfiez fa vanité s'honore :
Il vous trompe, il vous hait.

ZULIM E.

Sérame, je l'adore.

SÉRA ME.

Qui! vous ?

ZULIM E.

Un Dieu barbare affemble dans mon cœur

L'excès de la faibleffe, & celui de l'horreur.

C'est en vain que j'ai cru triompher de moi-même.
Je détefte mon crime, & je fens que je l'aime :
Je n'y réfifte plus : ce poifon détesté,
Par mes tremblantes mains aujourd'hui rejetté,
De toutes les fureurs m'embrafe & me déchire.
Au bord de mon tombeau j'idolâtre Ramire.
Tel eft dans les replis de ce cœur dévoré
Ce pouvoir malheureux, de moi-même abhorré,
Que fi pour couronner fa lâche perfidie,
Ramire en me quittant eût demandé ma vie,
S'il m'eût aux pieds d'Atide immolée en fuïant,
S'il eût infulté même à mon dernier moment,
Je l'euffe aimé toujours, & mes mains défaillantes
Auraient cherché fes mains de mon fang dégoutantes.
Quoi! c'est ainsi que j'aime, & c'eft moi qu'il trahit !
Théatre Tom. V.

V

Et

Et c'est moi qui le perds! c'eft par moi qu'il périt!
Non, je le fauverai, le parjure que j'aime,
Dût-il me détefter, & m'en punir lui-même.
. Mais Atide est aimée!

SCENE VI.

ZULIME, ATIDE (amenée par des gardes.)

ZULIM E.

AH! qu'eft-ce que je voi!

Ma rivale à mes yeux! Atide devant moi!

A TID E.

Oui, Madame, il eft vrai, je fuis vôtre rivale;
Le malheur nous rejoint, le deftin nous égale.
Je fens les mêmes feux; je meurs des mêmes coups;
Et Ramire eft perdu pour moi comme pour vous.

ZULIM E.

Avez-vous vû Ramire?

A TIDE.

Oui, je l'ai vû combattre,

Et braver fon deftin, qui ne pouvait l'abattre ;
Mais je ne l'ai point vû depuis qu'il eft chargé
De ces indignes fers où vous l'avez plongé.

On

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! On prépare pour lui la mort la plus fanglante;
Vous le voulez, Madame, & vous ferez contente.
Il ne vous refte ici qu'à terminer mon fort,
Avant d'avoir apris s'il vit, ou s'il eft mort.

ZULIM E.

S'il eft mort, je fais trop le parti qu'il faut prendre.
A TIDE.

Ah! fi vous le vouliez, vous pouriez le défendre,
Madame; vous l'aimez, & je connais l'amour ;
Vous périrez des coups dont il perdra le jour;
Et quelque fentiment qu'un père vous inspire,
Le plus grand des forfaits eft de trahir Ramire.
Il n'eut jamais que vous, & le Ciel pour appui ;
Et n'eft-ce pas à vous d'avoir pitié de lui?
Quelques amis encor échapés au carnage

Vendent bien cher leur vie & marchent au rivage;
Vous êtes mal gardée; on peut les réunir.

ZULIM E.

Et vous me commandez encor de vous fervir?

A TIDE.

Quand je vous l'ai cédé, quand vous donnant ma vie,
Je me fuis immolée à vôtre jaloufie,

Quand j'ofais en ces lieux vous preffer à genoux
De m'abandonner feule & de fuivre un époux,

Puis-je encor mériter vos fureurs inquiétes ?
V 2

Que

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