Obrazy na stronie
PDF
ePub

SERAM E.

Je vous laiffe à regret dans ces horreurs mortelles.

ZULIM E.

Va, dis-je Ah j'en mérite encor de plus cruelles!

M'As-tu

SCENE II.

ZULIME feule.

L'As-tu trompée, Atide, avec tant de noirceur? Quoi, les pleurs quelquefois ne partaient point du cœur! Mais non, en me perdant tu te perdrais toi-même, Toi, tes amis, ton peuple, & ce cruel que j'aime ! Non, trop de vérité parlait dans tes douleurs ; L'impofture, après tout, ne verfe point de pleurs. Ton ame m'eft connue, elle est fans artifice; Et qui m'eût fait jamais un pareil facrifice ? Loin de moi, loin de lui tu voulais demeurer. Ah! de Ramire ainfi fe peut-on féparer ?

Atide n'aime point : j'étais peut être aimée. peut-être

Ma jaloufe fureur s'eft trop tôt allumée.

J'affaffine Ramire.

SCENE

Parle.

SCENE III.

ZULIME, SERA M E.

ZULIM E.

EH bien! que t'a-t-on dit?

SERAM E.

Un défordre horrible accable mon efprit. On ne voit, on n'entend que des troupes plaintives, Au dehors, au dedans, aux portes, fur les rives, Au palais, fur le port, autour de ce rempart; On fe raffemble, on court, on combat au hazard. La mort vole en tous lieux. Votre efclave perfide, Partout oppofe au nombre une audace intrépide. Preffé de tous côtés, Ramire allait périr : Croiriez-vous quelle main vient de le fecourir? Atide!

ZULIM E.

Atideô ciel!

SERAM E.

Au milieu du carnage,

D'un pas déterminé, d'un œil plein de courage,
S'élançant dans la foule, étonnant les foldats,
Sa beauté, fon audace ont arrêté leurs bras.

Vos guerriers qui penfaient venger votre querelle
Unis avec les fiens, fe rangent autour d'elle.
Voilà ce qu'on m'a dit, & j'en frémis d'effroi.
ZULIM E.

Ramire vit encor, & ne vit point pour moi!
Ramire doit la vie à d'autres qu'à moi-même;
Une autre le défend; c'est une autre qu'il aime.
Et c'eft Atide!... Allons, le charme eft diffipé;
Je déchire un bandeau de mes larmes trempé.
Je revois la lumière, & je fors de l'abime
Où me précipitaient ma faibleffe & leur crime.
Ciel, quel tiffu d'horreurs! ah! j'en avais befoin,..
De guérir ma bleffure ils ont pris l'heureux foin.
Va, je renonce à tout, & même à la vengeance.
Je verrai leur fuplice avec l'indifférence

Qu'infpirent des forfaits qui ne nous touchent pas.
Que m'importe en effet leur vie & leur trépas?
C'en eft fait.

SCENE IV.

ZULIME, MOHADIR, SERA ME.

ZULIM E.

Mohadir, parlez, que fait mon père?

Puiffe fur moi le ciel, épuifant fa colère,
Sur fes jours vertueux prodiguer fa faveur !
Qu'il foit vengé furtout.

MOHAD I R.

Madame, il eft vainqueur.

ZULIM E.

Ah! Ramire eft donc mort?

MOHA DI R.

Sa valeur malheureuse

A cherché vainement une mort glorieufe.
Laffé, couvert de fang, l'efclave révolté

Eft tombé dans les mains de fon maître irrité.
Je ne vous nierai point que fon cœur magnanime
Semblait juftifier les fautes de Zulime.

Madame, je l'ai vû maître de fon courroux,
Refpecter vôtre père, en détourner fes coups;
Je l'ai vû des fiens même arrêtant la vengeance,
Abandonner le foin de fa propre défense.

Lui!

ZULIM E.

MOHADIR.

Cependant, on dit qu'il nous a trahi tous,
Qu'il trompait à la fois & Beffarar, & vous.
Mais fans aprofondir tant de fujets d'allarmes,
Sans plus empoifonner la fource de vos larmes,
Il faut de vôtre père obtenir un pardon;
Il le faut mériter, je vais en vôtre nom

Des

Des rebelles armés pourfuivre ce qui refte.
Terminons fans retour un trouble fi funefte
Zulime, avec un père, il n'eft point de traité;
Vôtre repentir feul eft vôtre fureté ;

La nature dans lui reprendra fon empire,
Quand elle aura dans vous triomphé de Ramire.

ZULIM E.

Il me fuffit je fais tout ce que j'ai commis,
Et combien de devoirs en un jour j'ai trahis.
Aux pieds de Benaffar il faut que je me jette.
Hatons nous.

MOHADIR.

Retenez cette ardeur indiferette;

Gardez en ce moment de vous y préfenter.

ZULIM E.

Mohadir, & c'est vous qui m'ofez arrêter?

MOHADIR.

Refpectez la défenfe heureufe & néceffaire,
D'un père au défefpoir, & d'un maitre en colère.
Vous devez obéir, & furtout épargner

Sa bleffure trop vive & trop promte à faigner.
Il vous aime, il eft vrai: mais après tant d'injures,
Si vos reffentimens s'échapaient en murmures,
Frémiffez pour vous-même; un affront fi cruel
Serait le dernier coup à ce cœur paternel ;”

Dans

« PoprzedniaDalej »