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FA NIE.

Une loi de rigueur

Contre vous, après tout, ferait-elle écoutée ?
Pour effrayer le peuple elle paraît dictée.

A MEN A i D E.

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Elle attaque Tancrède; elle me fait horreur.
Que cette loi jaloufe eft digne de nos maîtres!
Ce n'était point ainfi que fes braves ancêtres,
Ces généreux Français, ces illuftres vainqueurs
Subjuguaient l'Italie, & conquéraient des cœurs.
On aimait leur franchife, on redoutait leurs armes ;
Les foupçons n'entraient point dans leurs efprits altiers.
L'honneur avait uni tous ces grands Chevaliers;
Chez les feuls ennemis ils portaient les allarmes ;
Et le peuple amoureux de leur autorité,
Combattait pour leur gloire & pour fa liberté,
Ils abaiffaient les Grecs, ils triomphaient du Maure.
Aujourd'hui je ne vois qu'un Sénat ombrageux,
Toûjours en défiance, & toûjours orageux

Qui lui-même fe craint, & que le peuple abhorre.
Je ne fais fi mon cœur eft trop plein de fes feux.
Trop de prévention peut-être me poffède ;
Mais je ne puis fouffrir ce qui n'eft pas Tancrède.
La foule des humains n'exifte point pour moi ;
Son nom feul en ces lieux diffipe mon effroi,
Et tous fes ennemis irritent ma colère.

SCENE

SCENE II.

AMENAIDE, FANIE, fur le devant. ARGIRE, les Chevaliers au fond.

ARGIR E.

Chevaliers, - je fuccombe à cet excès d'horreur.

Ah! j'efpérais du moins mourir fans deshonneur. (à fa fille avec des fanglots mêlés de colère.)

Retirez-vous,

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fortez..

A MENA ïD E.

Qu'entends-je! vous, mon père?

ARGIRE.

Moi, ton père! - eft-ce à toi de prononcer ce nom,'
Quand tu trahis ton fang, ton pays, ta maison?

A MENAIDE (faisant un pas appuyée sur Fanie. ) · Je fuis perdue!...

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A MENA i D E.

Je n'en ai point commis.

ARGIR E.

Quoi! tu démens ton feing?

A MENA ï D E.

Non...

Tu vois

que

ARGIR E.

le crime eft écrit de ta main.

Tout fert à m'accabler, tout fert à te confondre.

Ma fille! - il eft donc vrai? — tu n'ofes me répondre!
Laiffe au moins dans le doute un père au défespoir.

J'ai vécu trop longtems, -- qu'as-tu fait ?....

A MENA ï D E.

Aviez-vous fait le vôtre?

ARGIR E.

Mon devoir.

Ah! c'en eft trop, cruelle!

Ofes-tu te vanter d'être fi criminelle ?

Laiffe moi, malheureufe! ôte toi de ces lieux :

Va, fors, une autre main faura fermer mes yeux.

A MENAID E (fort, prefque évanouie entre les bras de Fanie.)

Je me meurs!

SCENE

SCENE III.

ARGIRE, les Chevaliers.

ARGIR E.

MES

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Es amis, dans une telle injure Après fon aveu même, après ce crime affreux, Excufez d'un vieillard les fanglots douloureux.

Je dois tout à l'Etat,

mais tout à la nature.

Vous n'exigerez pas qu'un pére malheureux
A vos févères voix mêle fa voix tremblante.
Aménaïde, hélas! ne peut être innocente;
Mais figner à la fois mon opprobre & fa mort,
Vous ne le voulez pas, --- c'est un barbare effort;
La nature en frémit, & j'en fuis incapable.

LOREDAN.

Nous plaignons tous, Seigneur, un père refpectable;
Nous fentons fa bleffure, & craignons de l'aigrir ;
Mais vous-même avez vû cette lettre coupable;
L'efclave la portait au camp de Solamir;
Auprès de ce camp même on a furpris le traître,
Et l'infolent Arabe a pû le voir punir.
Ses odieux deffeins n'ont que trop fçû paraître.
L'Etat était perdu. Nos dangers, nos fermens
Ne fouffrent point de nous de vains ménagemens.
Les loix n'écoutent point la pitié paternelle ;

L'Etat

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Seigneur, je vous entens.

Je fais ce qu'on prépare à cette criminelle;

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Mais elle était ma fille, & voilà fon époux.

Je cède à ma douleur, - je m'abandonne à vous.
Il ne me refte plus qu'à mourir avant elle.

SCENE IV.

LES CHEVALIER S.

CATAN E.

(il fort.)

DEja de la faifir l'ordre eft donné par nous.

Sans doute il eft affreux de voir tant de nobleffe,
Les graces, les attraits, la plus tendre jeuneffe,
L'efpoir de deux maifons, le deftin le plus beau,
Par le dernier fuplice enfermés au tombeau.
Mais telle eft parmi nous la loi de l'hymenée;
C'eft la Religion lâchement profanée,
C'est la patrie enfin que nous devons venger.
L'infidèle en nos murs appelle l'étranger !
La Grèce & la Sicile ont vû des citoyennes
Renonçant à leur gloire, au titre de chrétiennes,
Abandonner nos loix pour ces fiers Mufulmans,
Vainqueurs de tous côtés, & partout nos tyrans :
que d'un Chevalier la fille refpectée,

Mais

(à Or

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