Le bonheur de Zulime, & le vôtre, peut-être. Vous êtes trop aimé, vous méritez de l'être. Allez, de ma rivale heureux & cher époux, Remplir tous les fermens qu'Atide a faits pour vous. RAMIR E.
Quoi vous l'avez conduite à ce vaiffeau funefte?
Des lieux que pour vous feul elle avait en horreur.
Atide en ce moment c'eft fait de votre vie.
Eh! ne favez-vous pas que je la facrifie ?
Vous êtes en ôtage auprès de Benaffar. Il n'eft plus d'efpérance, il n'eft plus de départ;
RAMIR E.
Où courir ? & que faire ?
Et comment réparer mon crime involontaire ?
Que dites-vous? quel crime, & quel engagement?
Benaffar vous pourfuit, vous, Atide, & Zulime. Le péril le plus grand eft celui qui m'anime. Seigneur, je viens combattre & mourir avec vous. J'ai vu ce Benaffar, enflammé de courroux, Aux fiens qui l'attendaient lui-même ouvrir la porte, Rentrer accompagné de leur fatale escorte Courir à fes vaiffeaux, la flamme dans les mains Il atteftait le ciel vengeur des Souverains : Sa fureur échauffait les glaces de fon âge.
Déja de tous côtés commençait le carnage.
Je me fraye un chemin, je revole en ces lieux. Sortons.... Entendez-vous tous ces cris furieux? D'où vient que Benaffar, au fort de la mêlée, Accufe votre foi lâchement violée ?
Des foldats de Zulime ont quitté fes drapeaux; Ils ont fuivi fon père, ils marchent aux vaiffeaux. D'où peut naître un revers fi promt & fi funefte? RAMIR E.
Allons le réparer, le défefpoir nous refte; Sauvons du moins Atide, & le fer à la main, Parmi ces malheureux ouvrons nous un chemin. Suivez moi. Dieu puiffant! daignez enfin défendre La vertu la plus pure, & l'amour le plus tendre. Suivez moi, dis-je.
O ciel! Ramire! Ah jour affreux !
Si vous vivez, ce jour est encor trop heureux.
Emerciez le ciel au comble des tourmens, D'avoir longtems perdu l'ufage de vos fens. Il vous a dérobé, propice en fa colère, Ce combat effrayant d'un amant & d'un père.
ZULIME (jettée dans un fauteuil, & revenant de fon évanouiffement. )
O jour! tu luis encor à mes yeux allarmés, Qu'une éternelle nuit devrait avoir fermés. O fommeil des douleurs! mort douce & paffagère! Seul moment de repos goûté dans ma mifère ! Que n'es-tu plus durable? & pourquoi laiffes-tu Rentrer encor la vie en ce cœur abatu?
Où fuis-je qu'a-t-on fait! ô crime! ô perfidie! Ramire va périr ! quel monftre m'a trahie? J'ai tout fait, malheureufe! & moi feule en un jour J'ai bravé la nature, & j'ai trahi l'amour.
Quoi! mon père, dis-tu, défend que je l'approche?
Plus le combat, Madame, & le péril eft proche, Plus il veut vous fauver de ces objets d'horreur, Qui préfentés de près à vôtre faible cœur,
Et redoublant les maux dont l'excès vous dévore, Peut-être vous rendraient plus criminelle encore.
SERAM E.
Ai-je donc pû fonger
Dans ces malheurs communs, qu'à vôtre feul danger? Ai-je pû m'occuper que du mal qui vous tue?
Qu'est-ce qui s'eft paffé? quelle erreur m'a perdue? Ah! n'ai-je pas tantôt, dans mes tranfports jaloux, Des miens contre Zulime allumé le courroux! J'accufais mon amant; j'eus trop de violence; On m'a trop obéi: je meurs de ma vengeance. Va, cours, informe toi des funeftes effets, Et des crimes nouveaux qu'ont produit mes forfaits. Jufte ciel je partais, & fur la foi d'Atide! M'aurait-elle trahie ! On m'arrête. Ah, perfide!... N'importe apren moi tout, ne me déguife rien, Raporte moi ma mort; va, cours, vole, & revien.
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