B E N A S S A R. Cruel, ce que je veux ? Après tes attentats, après ta fuite infame, L'humanité, l'honneur , entrent-ils dans ton ame? R A M I R E. Crois-moi, l'humanité régne au fond de ce cour , Qui pardonne à ton doute, & qui plaint ton malheur. L'honneur est dans ce cæur qui brava la misère. B E N A S S A R. Tu ne braves, ingrat, que les larmies d'un père : D’un D'un père, qui chérit un cæur dératuré. R A M IRE. Ecoute moi. BE N A S S A R. Toi, Ramire? Théatre Ton. V. T RAME R A M I R E. Zulime est un objet sacré, B E N A S S A R. Ah! si je puis l'aimer ! Que me demandes-tu ? conçois-tu bien la joie Du plus sensible pere au désespoir en proie, Qui noyé si longtems dans des pleurs fuperflus, Reprend sa fille enfin, quand il ne l'attend plus ? Moi, ne la plus chérir! Va , ma chère Zulime Peut avec un remords effacer tout son crime. Va, tout est oublié; j'en jure mon amour. Mais puis-je à tes fermens me fier à mon tour ? Zulime m'a trompé ! Quel cæur n'est point parjure! Quel cæur n'est point ingrat! R A MI R E. Que le tien fe raffure ; Atide est dans ces lieux, Atide est comme moi, Du Du sang infortuné de notre premier roi. B E N A S S A R. Je le puis, & j'y vole, Déja quelques guerriers honteux de me trahir , Reconnaissent leur maître, & font prêts d'obéir. Mais aurais-tu , Ramire, une ame affez cruelle , Pour abuser encor mon amour paternelle? Pardonne à mes soupçons. RAM I R E. Va, ne soupçonne riell z B E N A S S A R. A toi je m'abandonne, Dieu voit du liaut des cieux la foi que je te donne, R A MIRE. Adieu, reçoi la mienne, SCE SCENE VI. R A MIRE, A TID E. AT I DE AH: Prince, on vous attend. I! Prince, on vous attend, Il n'est plus de danger, l'amour feul vous défend. Zulime est appaisée; & tant de violence, Tant de transports affreux, tant d'aprèts de vengeance, Tout cède à la douceur d'un repentir profond; L'orage était soudain, le calme est aussi promt. J'ai dit ce que j'ai dû pour adoucir fa rage ; Et l'amour à fon caur cu disait davantage. Ses yeux auparavant fi fiers , si courroucés, Mélaient des pleurs de joie aux pleurs que j'ai verfés. J'ai faisi cet instant favorable à la fuite : Jusqu'au pied du vaisseau soudain je l'ai conduite ; J'ai hâté vos amis ; la moitié suit mes pas , L'autre moitié s'embarque, ainsi que vos soldats; On n'attend plus que vous : la voile se déploye. RAM I R E. Ah Ciel! qu'avez-vous fait ? ATI DE. Les pleurs où je me noye , Seront les derniers pleurs que vous verrez couler. C'en est fait, cher amant; je ne veux plus troubler Le |