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RAMIR E.

Si le ciel me rend mon héritage, Valence eft à vos pieds; je ne puis davantage; Et je ne réponds pas.....

ZULIM E.

Ciel! qu'eft-ce que j'entens!

De quelle bouche, hélas! en quels lieux! en quel tems!
Pour m'annoncer un doute à tous deux fi funefte,
Ramire, attendais-tu, qu'immolant tout le reste,
Perfide à ma patrie, à mon père, à mon Roi,
Je n'euffe en ces climats d'autre même que toi?
Sur ces rochers déferts, ingrat, m'as-tu conduite.
Pour trainer en Europe une efclave à ta fuite?

RAMIR E.

Je vous y mène en Reine, & mon peuple à genoux, En imitant fon Roi fléchira devant vous.

ZULIM E.

Ton peuple! tes refpects! quel prix de ma tendreffe!
Va, périffent les noms de Reine, de Princeffe!
Le nom de ton époufe eft le feul qui m'eft dû,
Le feul qui me rendrait l'honneur que j'ai perdu,
Le feul que je voulais. Ah barbare que j'aime!
Peux-tu me propofer d'autre prix que toi-même ?
Atide! vous tremblez, -vous détournez de moi
Des yeux remplis de pleurs & confternés d'effroi.
Atide!

Moi, madame!

A TIDE.

ZULIM E.

Ainfi j'étais trompée.

Quel voile fe déchire, & quels coups m'ont frapée !
Quel père j'offenfais! & pour qui, malheureux.
Tu creufas fous mes pas ce précipice affreux.
Des plus facrés devoirs la barrière eft franchie:
Mais il refte un retour à ma vertu trahie.

Je revole à mon père: il a plaint mes erreurs ;
Il eft fenfible, il m'aime, il vengera mes pleurs;
Et de fa main du moins il faudra que j'obtienne,
Dirai-je, hélas! ta mort? Non, ingrat, mais la mienne.
Tu l'as voulu, j'y cours.

A TIDE.

Madame!

RAMIR E.

Atide! ô ciel!

A TIDE.

Madame, écoutez-vous ce défespoir mortel?

C'eft vôtre ouvrage, hélas! que vous allez détruire. Vous vous perdez! Eh quoi, vous balancez, Ramire!

ZULIM E.

Madame, épargnez vous ces tranfports empreffés;

Son

Son filence & vos pleurs m'en ont appris affez.

Je vois fur mon malheur ce qu'il faut que je pense,
Et je n'ai pas befoin de tant de confidence,
Ni des fecours honteux d'une telle pitié.

J'ai prodigué pour vous la plus tendre amitié;
Vous m'en payez le prix, je vais le reconnaître.
Sortez; rentrez aux fers où vous avez dù naître ;
Efclaves, redoutez mes ordres abfolus;

A mes yeux indignés ne vous préfentez plus.
Laiffez moi.

RAMIR E.

Non, madame, & je perdrai la vie,

Avant d'être témoin de tant d'ignominie.
Vous ne flétrirez point cet objet malheureux,
Ce cœur digne de vous, comme vous généreux.
Si vous le connaiffiez, fi vous faviez....

ZULIM E.

Parjure,

Ta fureur à ce point infulte à mon injure;

Tu m'outrages pour elle! Ah vil couple d'ingrats!
Du fruit de mes douleurs vous ne jouïrez pas.
Vous expirez tous deux mes feux illégitimes.
Tremblez, ce jour affreux fera le jour des crimes.
Je n'en ai commis qu'un, ce fut de vous fervir,
Ce fut de vous' fauver; je cours vous en punir...
Tu me braves encor; & tu préfumes, traître,
Que des lieux où je fuis tu t'es rendu le maître,

Ainfi que tu l'étais de mes vœux égarés.

Tu te trompes, barbare...... A moi, gardes, courez,
Suivez moi tous, ouvrez aux foldats de mon père;
Que mon fang fatisfaffe à fa jufte colère,

Qu'il efface ma honte, & que mes yeux mourans
Contemplent deux ingrats à mes pieds expirans,

SCENE IV.

A TIDE, RAMIR E.

RAMIR E.

AH! fuyez fa vengeance, Atide, & que je meure.

A TIDE.

Non, je veux qu'à fes pieds vous vous jettiez für l'heure; Ramire, il faut me perdre, & vous justifier,

Laiffer périr Atide, & même l'oublier.

Vous !

RAMIR E.

ATID E.

Vos jours, vos devoirs, vôtre reconnaiffance, Avec ce trifte hymen n'entrent point en balance. Nos liens font facrés, & je les brife tous:

Mon cœur vous idolâtre, & je renonce à vous!

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RAM IR E.

Vous Atide!

A TIDE.

Il le faut; partez fous ces aufpices.

Ma rivale aura fait de moindres facrifices.

Mes mains auront brifé de plus puiffans liens ;
Et mes derniers bienfaits font au deffus des fiens.

RAMIR E.

Vos bienfaits font affreux! l'idée en eft un crime.
O chère & tendre époufe! ô cœur trop magnanime!
Il faut périr ensemble, il faut qu'un noble effort
Affure la retraite, ou nous mène à la mort.

A TID E.

Je mourrai, j'y confens: mais efpérez encore;
Tout eft entre vos mains: Zulime vous adore.
Ce n'eft pas votre fang qu'elle prétend verfer.
Penfez vous qu'à fon père elle ofat s'adreffer?
Vous voyez ces remparts qui ceignent notre asyle,'
Sont-ils pleins d'ennemis? tout n'eft-il pas tranquile?
A-t-elle feulement marché de ce côté ?

Sa colère trompait fon efprit agité.

Confiez vous à moi; mon amour le mérite.

Je vous réponds de tout, foufrez que je vous quitte, Soufrez.

(elle fort.)

RAMIR E.

Non je vous fuis.

SCENE

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