Obrazy na stronie
PDF
ePub

SCENE III.

ZULIME, ATIDE, RAMIRE

RAMIR E.

Madame, enfin des cieux la clémence fuprême

Semble en notre défense agir comme vous-même ;
Et les mers & les vents fecondant vos bontés,
Vont nous conduire aux bords fi longtems souhaités.
Valence de ma race autrefois l'héritage,

A vos pieds plus qu'aux miens portera fon hommage.
Madame, Atide & moi libres par vos fecours,
Nous fommes vos fujets, nous le ferons toujours.
Quoi! vos yeux à ma voix répondent par des larmes!

[merged small][ocr errors]

Eh pouvez-vous penfer que je fois fans allarmes?
L'amour veut que je parte, il lui faut obéir.
Vous favez qui je quitte, & qui j'ai pu trahir.
J'ai mis entre vos mains ma fortune, ma vie,
Ma gloire encor plus chère, & que je facrific.
Je dépens de vous feul.... Ah Prince! avant ce jour
Plus d'un cœur a gémi d'écouter trop d'amour;
Plus d'une amante hélas! cruellement féduite
A pleuré vainement fa faibleffe & fa fuite.

RAMIRE.

RAMIR E.

Je ne condamne point de fi juftes terreurs.
Vous faites tout pour nous; oui, Madame; & nos cœurs
N'ont pour vous raffurer dans vôtre défiance,

Qu'un hommage inutile, & beaucoup d'efpérance.
Efclave auprès de vous, mes yeux à peine ouverts
Ont connu vos grandeurs, ma mifère, & des fers;
Mais j'attefte le Dieu qui foutient mon courage,
Et qui donne à fon gré l'empire & l'esclavage,
Que ma reconnaiffance & mes engagemens....

ZULIM E.

Pour me prouver vos feux vous faut-il des fermens?
En ai-je demandé, quand cette main tremblante
A détourné la mort à vos regards préfente?

Si mon ame aux frayeurs fe peut abandonner

[ocr errors]

Je ne crains que mon fort, puis-je vous foupçonner?
Ah! les fermens font faits pour un cœur qui peut feindre.
Si j'en avais befoin, nous ferions trop à plaindre.

RAM IR E.

Que mes jours immolés à vôtre fureté....

ZULIM E.

Confervez-les, cher Prince, ils m'ont affez coûté.
Peut-être que je fuis trop faible & trop fenfible;
Mais enûn, tout m'allarme en ce féjour horrible.
Vous-même devant moi triste, fombre, égaré,
Vous reffentez le trouble où mon cœur eft livré.

A TIDE.

Vous vous faites tous deux une pénible étude,
De nourrir vos chagrins & vôtre inquiétude.
Dérobez vous, Madame, aux peuples irrités,
Qui poursuivent fur nous l'excès de vos bontés.
Ce palais eft peut-être un rempart inutile;

Le vaiffeau vous attend, Valence est vôtre azile.
Calmez de vos chagrins l'importune douleur.

Vous avez tant de droits fur nous.... & fur fon cœur!
Vous condamnez fans doute une crainte odieufe.
Vôtre amant vous doit tout; vous êtes trop heureufe!

ZULIM E.

Je dois l'être, & l'hymen qui va nous engager....

SCENE IV.

ZULIME, ATIDE, RAMIRE, IDAMORE.

DA

Ciel !

IDA MORE.

Ans ce moment, Madame, on vient vous affiéger.

A TIDE.

I DA MORE.

On entend de loin la trompette guerrière; On voit des tourbillons de flamme, de pouffière;

D'armes

D'armes & de foldats les champs font inondés.
Le peu de nos amis dont ces murs font gardés,
Sur ces bords efcarpés qu'a formé fa nature,
Et qui de ce palais entourent la structure,
En défendront l'approche, & feront glorieux
De chercher un trépas honoré par vos yeux.
RAMIR E.

Dans ce malheur preffant je goûte quelque joye.
Eh bien pour vous fervir le ciel m'ouvre une voye.
De vos peuples unis je brave le courroux.
J'ai combatu pour eux, je combatrai pour vous.
Pour mériter vos foins je peux tout entreprendre,
Et mon fort en tout tems fera de vous défendre.

ZULIM E.

Que dis-tu? contre un père ! arrête, épargne moí.
L'amour n'entraine-t-il que le crime après foi ?
Tombe fur moi des cieux l'éternelle colère,
Plûtôt que mon amant ofe attaquer mon père.
Avant que fes foldats environnent nos tours,
Les flots nous ouvriront un plus jufte fecours.
Mon féjour en ces lieux me rendrait trop coupable.
D'un père courroucé fuyons l'œil refpectable.
Je vais hâter ma fuite, & j'y cours de ce pas.

RAMIRE (à Atide.)

Moi je vais fuir la honte & hâter mon trépas.

SCENE

[blocks in formation]

Vous n'irez point fans moi : non, cruel que vous êtes,

Je ne fouffrirai point vos fureurs indifcrêtes.
Cher objet de ma crainte, arbitre de mon fort,
Cher époux, commencez par me donner la mort.
Au nom des noeuds fecrets qu'à fon heure dernière
De fes mourantes mains vient de former mon père,•
De ces noeuds dangereux dont nous avons promis
De dérober l'étreinte à des yeux ennemis,
Songez aux droits facrés que j'ai fur vôtre vie ;
Songez qu'elle est à moi, qu'elle eft à la patrie,
Que Valence dans vous redemande un vengeur.
Allez la délivrer de l'Arabe oppreffeur.
Quittez fans plus tarder cette rive fatale:
Partez, vivez, régnez, fût-ce avec ma rivale.

RAMIR E.

[ocr errors]

Non, déformais ma vie eft un tiffu d'horreurs.
Je rougis de moi-même, & furtout de vos pleurs.
Je fuis né vertueux, j'ai voulu toujours l'être.
Voulez-vous me changer? chéririez-vous un traitre ?
J'ai fubi l'esclavage, & fon poids rigoureux,
Le fardeau de la feinte eft cent fois plus affreux.

Théatre Tom. V.

R

Fai

« PoprzedniaDalej »