Obrazy na stronie
PDF
ePub
[graphic][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

(d'une voix baffe entrecoupée, les yeux baiffés, regardant à peine Mohadir.)

ALLEZ,

LLEZ, laiffez Zulime aux remparts d'Arzènie;
Partez; loin de vos yeux je vais cacher ma vie;
Je vais mettre à jamais dans un autre univers,
Entre mon père & moi, la barrière des mers.
Je n'ai plus de patrie, & mon deftin m'entraine.
Retournez, Mohadir, aux murs de Trémizène;

[blocks in formation]

Confolez les vieux ans de mon père affligé.

Je l'outrage & je l'aime; il eft affez vengé.
Puiffent les juftes cieux changer sa destinée!
Puiffe-t-il oublier fa fille infortunée !

MOHADIR.

Qui? lui! vous oublier! grand Dieu! qu'il en eft loin!
Que vous prenez, Zulime, un déplorable foin!
Outragez-vous ainfi le père le plus tendre,
Qui pour vous de fon trône était prêt à defcendre,
Qui vous laiffant le choix de tant de Souverains,
De fon fceptre avec joie aurait orné vos mains?
Quoi, dans vous, dans fa fille il trouve une ennemie!
Dans cet affreux deffein feriez-vous affermie?

Ah! ne l'irritez point, revenez dans fes bras.
Mes confeils autrefois ne vous révoltaient pas.
Cette voix d'un vieillard, qui nourrit vôtre enfance,
Quelquefois de Zulime obtint plus d'indulgence.
Bénaffar vôtre père efpérait aujourd'hui

Que mes foins plus heureux pouraient vous rendre à lui.
A fon cœur ulcéré que faut-il

que j'annonce?

ZULIM E.

Porte lui mes foupirs & mes pleurs pour réponse:
C'est tout ce que je puis: & c'eft t'en dire affez.

!

MOHADIR.

Vous pleurez vous Zulime, & vous le trahiffez?

ZULIME.

ZULIM E.

Je ne le trahis point. Le deftin qui l'outrage,
Aux cruels Turcomans livrait fon héritage.
Par ces brigands nouveaux preffé de toutes parts:
De Trémizène en cendre il quitta les remparts :
Et quel que foit l'objet du foin qui me dévore,
J'ai fuivi fon exemple.

MOHAD I R.

[ocr errors]

Hélas! fuivez le encore.

Il revient, revenez, diffipez tant d'ennuis:
Rempliffez vos devoirs, croyez moi.

ZULIM E.

Je ne puis.

MOHADIR.

Vous le pouvez. Sachez que nos triftes rivages
Ont vâ fuir à la fin nos deftructeurs fauvages;
Difperfés, affaiblis, & laffés déformais

Des maux qu'ils ont foufferts, & des maux qu'ils ont faits,
Trémizène renaît, & va revoir fon maître.
Sans fa fille, fans vous, le verrons-nous paraître?
Vous avez dans ce fort entrainé fes foldats.

Des efclaves d'Europe accompagnent vos pas.
Ces chrétiens, ces captifs, le prix de fon courage,
Dont jadis la victoire avait fait fon partage,

Ont arraché Zulime à fes. bras paternels,

[blocks in formation]

Avec qui fuyez-vous ?

Arrêtez, Mohadir.

ZULIM E.

Ah reproches cruels!

MOHADIR.

Non, je ne puis me taire;

Le reproche est trop jufte, & vous m'êtes trop chère.
Non, je ne puis penfer, fans honte & fans horreur,
Que l'esclave Ramire a fait votre malheur.

Ramire efclave!

ZULIME.

MOHAD I R.

Il l'eft, il était fait pour l'être :

Il nâquit dans nos fers; Bénaffar eft fon maître.
N'est-il pas defcendu de ces Gots odieux,
Dans leurs propres foyers vaincus par nos ayeux?
Son père à Trémizène eft mort dans l'esclavage,
Et la bonté d'un maître eft fon feul héritage.

ZULIM E.

Ramire efclave! lui?

MOHAD I R.

C'est un titre qui rend

Nôtre affront plus fenfible, & fon crime plus grand. Quoi donc, un Espagnol ici commande en maître!

A

A peine devant vous m'a-t-on laiffé paraitre.
A peine j'ai percé la foule des foldats,

Qui veillent à fa garde, & qui fuivent vos pas.
Vous pleurez malgré vous: la nature outragée
Déchire en s'indignant vôtre ame partagée.
A vos juftes remords n'ofez-vous vous livrer?
Quand on pleure fa faute, on va la réparer.

A TIDE.

Respectez plus fes pleurs, & calmez vôtre zèle:
Il ne m'apartient pas de répondre pour elle.
Mais je fuis dans le rang de ces infortunés
Qu'un maître redemande, & que vous condamnez.
Je fus comme eux efclave: & de leur innocence
Peut-être il m'apartient de prendre la défense.
Oui, Ramire a d'un maître éprouvé les bienfaits;
Mais vous lui devez plus qu'il ne vous dut jamais.
C'eft Ramire, c'est lui, dont l'étonnant courage,
Dans vos murs pris d'affaut, & fumans de carnage,
Délivra vôtre Emir, & lui donna le tems
De dérober fa tête au fer des Turcomans.
C'eft lui qui comme un Dieu veillant fur fa famille,
Ayant fauvé le père a défendu la fille.
C'est par fes feuls exploits, enfin, que vous vivez.
Quel prix a-t-il reçu? Seigneur, vous le favez.
Loin des murs tout fanglans de fa ville allarmée,
Bénaffar avec peine affemblait une armée;
Et quand vos citoyens, par nos foins refpirans,

« PoprzedniaDalej »