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aux mystères d'Eleufine. Zozime prétend que Conftantin, après avoir fait mourir fa femme, fon fils, fon beau-père, & fon neveu, ne put jamais trouver d'Hiérophante qui l'admit à la participation des mystères.

On pourrait remarquer ici que Caffandre eft piécilement dans le cas où il doit être admis au nombre des initiés. Il n'eft point coupable de l'empoifonnement d'Alexandre; il n'a répandu le fang de Statira que dans l'horreur tumultueufe d'un combat, & en défendant fon père. Ses remords font plutôt d'une ame fenfible, & née pour la vertu, que d'un criminel qui craint la vengeance célefte.

SCENE II.

Il était un grand homme. (ALEXANDRE.)

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L eft bon d'opofer ici le jugement de Plutarque fur Alexandre, à tous les paradoxes, & aux lieux communs qu'il a plû à Juvenal, & à fes imitateurs de débiter contre ce héros. Plutarque dans fa belle comparaifon d'Alexandre & de Céfar, dit que le héros de la Macédoine femblait né pour le bonheur du monde, &le héros Romain pour fa ruine. En effet, rien n'eft plus jufte que la guerre d'Alexandre, général de la Grèce, contre les ennemis de la Grèce, & rien de plus injufte que la guerre de Céfar contre fa patrie.

Remarquez furtout que Plutarque ne déci

de qu'après avoir pefé les vertus & les vices d'Alexandre & de Céfar. J'avoue que Plutarque, qui donne toujours la préférence aux Grecs, femble avoir été trop loin. Qu'aurait-il dit de plus de Titus, de Trajan, des Antonins, de Julien même, fa religion à part? Voilà ceux qui paraiffaient être nés pour le bonheur du monde, plutôt que le meurtrier de Clitus, de Califtène & de Parménion.

SCENE IV.

Protégez à jamais, à Dieux en qui j'espère.

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E fpectacle ferait peut-être un bel effet au théatre, fi jamais la piéce pouvait être repréfentée. Ce n'eft pas qu'il y ait aucun mérite à faire paraître des prètres & des prêtreffes, un autel, des flambeaux, & toute la cérémonie d'un mariage. Cet apareil, au contraire, ne ferait qu'une miférable reffource, fi d'ailleurs il n'excitait pas un grand intérêt, s'il ne formait pas une fituation, s'il ne produifait pas de l'étonnement & de la colère dans Antigone, s'il n'était pas lié avec des deffeins de Caffandre, s'il ne fervait à expliquer le véritable fujet de fes expiations. C'est tout cela ensemble qui forme une fituation. Tout appareil dont il ne réfulte rien, eft puérile. Qu'importe la décoration au mérite d'un poëme? Si le fuccès dépendait de ce qui frappe les yeux, il n'y aurait qu'à mon

trer

trer des tableaux mouvans. La partie qui regarde la pompe du fpectacle, eft fans doute la dernière; on ne doit pas la négliger, mais il ne faut pas s'y trop attacher.

Il faut que les fituations théatrales forment des tableaux animés. Un peintre qui met fur la toile la cérémonie d'un mariage, n'aura fait qu'un tableau affez commun, s'il n'a peint que deux époux, un autel & des affiftans. Mais s'il y ajoute un homme dans l'attitude de l'étonnement & de la colère, qui contrafte avec la joie des deux époux, fon ouvrage aura de la vie & de la force. Ainfi au fecond acte Statira qui embraffe Olimpie avec des larmes de joye, & l'Hiérophante attendri & affligé; ainfi au troifiéme acte Caffandre reconnaislant Statira avec effroi, & limpie dans l'embarras, & dans la douleur; ainfi au quatriéme acte Olimpie aux pieds d'un autel, défespérée de fa faibleffe, & repouffant Cafandre qui fe jette à fes genoux; ainfi au cinquième, la même Olipie s'élançant dans le bucher aux yeux de fes amans épouvantés, & des prêtres, qui tous enfemble font dans cette attitude douloureufe, empreffée, égarée, qui annonce une marche précipitée, les bras étendus, & prêts à courir au fecours; toutes ces peintures vivantes formées par des acteurs pleins d'ame & de feu, pourraient donner au moins quelque idée de l'excès où peuvent être poulées la terreur & la pitié, qui font le feul but, la feule conftitution de la tragédie. Mais il faudrait un ouvrage dramatique,

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qui

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ACTE II.

SCENE II.

Elle (STATIRA) vous parle ici, ne l'interrogez plus.

On feulement les défauts de cette tragédie ont empêché l'auteur d'ofer la faire jouer fur le théatre de Paris, mais la crainte que le peu de beautés qui peut y être, ne fût expofé à la raillerie, a retenu l'auteur encor plus que fes défauts. La même légèreté qui fit condamner Athalie pendant plus de vingt années par ce même peuple qui applaudiffait à la Judith de Boyer, les mêmes prétextes qui fervirent à jetter du ridicule fur un prêtre & fur un enfant, peuvent fubfifter aujourd'hui. Il eft à croire qu'on dirait, Voilà une tragédie jouée dans un couvent; Statira eft religieufe, Caf fandre a fait une confeflion générale, l'Hierophante eft un directeur &c.

Mais auffi, il fe trouvera des lecteurs éclairés & fenfibles, qui pourront être attendris de ces mêmes reffemblances, dans lefquelles d'autres ne trouveront que des fujets de plaifanterie. Il n'y a point de Royaume en Europe qui n'ait vu des Reines s'enfevelir les derniers jours de leur vie dans des monaftères après

les

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