Obrazy na stronie
PDF
ePub

Je vous prends en ces lieux pour fon juge & le mien.
Prononcez vôtre arrêt, & ne redoutez rien.

On vous verra, madame, & du moins je l'efpère,
Diftinguer l'affaffin du vengeur d'une mère.

La nature a des droits. Statira dans les cieux
A côté d'Alexandre arrête ici fes yeux.
Vous êtes dans ce temple encor ensevelie;
Mais la terre & le Ciel obfervent Olimpie.
Il faut entre nous deux que vous vous déclariez.

OLIMPI E.

J'y confens mais je veux que vous me refpectiez.
Vous voyez ces apprêts, ces dons que je dois faire
A nos Dieux infernaux, aux mânes d'une mère;
Vous choififfez ce tems, impétueux rivaux,
Pour me parler d'hymen au milieu des tombeaux !
Jurez moi feulement, foldats du Roi mon père,
Rois après fon trépas, que fi je vous fuis chère,
Dans ce moment du moins, reconnaiffant mes loix,
Vous ne troublerez point mes devoirs & mon choix.

CASSANDRE.

Je le dois, je le jure, & vous devez connaître
Combien je vous refpecte & dédaigne ce traître.

ANTIGONE.

Oui," je le jure auffi, bien fûr que vôtre cœur

Pour ce rival barbare eft pénétré d'horreur.

Pro

Prononcez, j'y foufcris.

OLIMP I E.

Songez, quoi qu'il en coûte,

Vous-même l'avez dit, qu'Alexandre m'écoute.

ANTIGONE.

Décidez devant lui.

CASSANDRE.

J'attends vos volontés.

OLIMPI E.

Connaiffez donc ce cœur que vous perfécutez,
Et vous-mêmes jugez du parti qui me reste.
Quelque choix que je faffe, il doit m'être funefte.
Vous fentez tout l'excès de ma calamité.

Apprenez plus, fachez que je l'ai mérité.

J'ai trahi mes parens, quand j'ai pu les connaître ;
J'ai porté le trépas au fein qui m'a fait naître.

Je trouvais une mère en ce féjour d'effroi,

Elle eft morte en mes bras, elle eft morte pour moi.
Elle a dit à fa fille, à fes pieds désolée,
Epoufez Antigone, & je meurs confolée.
Alors elle agonife; & moi pour l'achever,
Je la refufe.

ANTIGONE.

Ainfi vous pouvez me braver!

Outrager vôtre mère, & trahir la nature!

OLIMP I E.

A fes mânes, à vous, je ne fais point d'injure;
Je rends justice à tous, & je la rends à moi. —
Caffandre, devant lui je vous donnai ma foi;
Voyez fi nos liens ont été légitimes;

Je vous laiffe en juger: vous connaiffez vos crimes,
Il ferait fuperflu de vous les reprocher;

Réparez les un jour.

CASSANDRE.

Je ne puis vous toucher !

Je ne peux adoucir cette horreur qui vous preffe !

OLIMPI E.

Je vais vous éclaircir: gardez vôtre promeffe.

(Le temple s'ouvre ; on voit le bucher enflammé. )

SCENE

SCENE DERNIERE.

OLIMPIE, CASSANDRE, ANTIGONE, L'HIEROPHANTE, Prètres, Prêtreffes.

Prince

LA PRETRESSE inférieure.

Rinceffe, il en eft tems.

OLIMPIE (à Caffandre.)

Vois ce fpectacle affreux!

Caffandre, en ce moment plains toi fi tu le

peux.

Contemple ce bucher, contemple cette cendre,
Souvien toi de mes fers, fouvien toi d'Alexandre;
Voilà fa veuve, parle, & dis ce que je dois.

CASSANDRE.

M'immoler.

OLIMPIE (Elle monte fur l'eftrade de l'autel qui eft près du bucher. Les prêtresses lup préfentent les offrandes.)

Ton arrêt eft dicté par ta voix. --

Attends ici le mien. Vous, mânes de ma mère,
Mânes à qui je rends ce devoir funéraire,
Vous qu'un juste courroux doit encore animer,

Vous recevrez des dons qui pourront vous calmer.
De mon père & de vous ils font dignes peut-être.
Toi, l'époux d'Olimpie, & qui ne dus pas l'être,
Toi, qui me confervas par un cruel fecours,
Toi, par qui j'ai perdu les auteurs de mes jours,
Toi, qui m'as tant chérie, & pour qui ma faiblesse
Du plus fatal amour a fenti la tendreffe,

Tu crois mes lâches feux de mon ame bannis;
Appren que je t'adore - & que je m'en punis.
Cendres de Statira, recevez Olimpie.

Ciel !

(Elle fe frappe, & fe jette dans le bucher.)
TOUS ENSEMBLE. (*)

[blocks in formation]

Elle n'eft déja plus, tous nos efforts font vains.

(Reve

* L'Hierophante, les prêtres, & les prêtreffes témoignent leur

étonnement & leur confternation.

« PoprzedniaDalej »