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HERMA S.

Mêleriez-vous du fang aux pleurs qu'on voit répandre, Aux flammes du bucher, à cette augufte cendre? Frapés d'un faint refpect, fachez que vos foldats Reculeront d'horreur, & ne vous fuivront pas.

ANTIGONE.

Non, je ne puis troubler la pompe funéraire;
J'en ai fait le ferment, Caffandre la révère:
Je fais qu'il eft des loix qu'il me faut refpecter,
Que pour gagner le peuple, il le faut imiter.
Vengeur de Statira, protecteur d'Olimpie,
Je dois ici l'exemple au refte de l'Afie.

Tout parle en ma faveur; & mes coups différés
En auront plus de force & font plus affurés.
(Le temple s'ouvre. )

SCENE II.

ANTIGONE, HERMAS, L'HIEROPHANTE, prê tres s'avançant lentement. OLIMPIE Soutenue par les prètreffes elle est en deuil.

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HERMA S.

ON amène Olimpie à peine respirante.

Je vois du temple faint l'augufte Hiérophante
Qui mouille de fes pleurs les traces de fes pas.
Les prêtreffes des Dieux la tiennent dans leurs bras.'

Théatre Tom, V.

N

ANTI

ANTIGONE.

Ces objets toucheraient le cœur le plus farouche,

( à Olimpie.)

Je veux bien l'avouer. - Permettez que ma bouche,
En mêlant mes regrets à vos tristes foupirs
Jure encor de venger tant d'affreux déplaifirs.
L'ennemi qui deux fois vous priva d'une mère,
Nourrit dans fa fureur un efpoir téméraire.
Sachez que tout eft prêt pour fa punition.
N'ajoutez point la crainte à vôtre affliction.
Contre fes attentats foyez en affurance.

OLIMPI E.

Ah! feigneur, parlez moins de meurtre & de vengeance. Elle a vécu...je meurs au refte des humains.

ANTIGONE.

Je déplore fa perte autant que je vous plains.
Je pourais rappeller fa volonté facrée,

Si chère à mon espoir, & par vous revérée.
Mais je fais ce qu'on doit, dans ce premier moment,
A fon ombre, à fa fille, à vôtre accablement.
Confultez vous, madame, & gardez fa promeffe.

(Il fort avec Hermas. )

SCENE

SCENE III.

OLIMPIE, L'HIEROPHANTE, Prêtres,

V

Prêtreffes.

OLIMPI E.

Ous, qui compatiffez à l'horreur qui me preffe,

Vous, ministre d'un Dieu de paix & de douceur,
Des cœurs infortunés le feul confolateur,
Ne puis-je fous vos yeux confacrer ma mifère
Aux autels arrofés des larmes de ma mère ?
Auriez-vous bien, feigneur, affez de dureté
Pour fermer cet afyle à ma calamité?

Du fang de tant de rois c'eft l'unique héritage;
Ne me l'enviez pas; laiffez moi mon partage.

L'HIEROPHANT E.

Je pleure vos destins, mais que puis-je pour vous ?
Vôtre mère en mourant a nommé vôtre époux.
Vous avez entendu fa volonté dernière,

Tandis que de nos mains nous fermions fa paupière;
Et fi vous réfiftez à fa mourante voix,

Caffandre eft vôtre maitre; il rentre en tous fes droits.

OLIMP I E.

J'ai juré, je l'avoue, à Statira mourante,

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De détourner ma main de cette main fanglante,

Je garde mes fermens.

L'HIER OPHANT E.

Libre encor dans ces lieux,

Vôtre main ne dépend que de vous & des Dieux.
Bientôt tout va changer. Vous pouvez, Olimpie,
Ordonner maintenant du fort de vôtre vie.

On ne doit pas fans doute allumer en un jour
Et les buchers des morts, & les flambeaux d'amour.
Ce mélange eft affreux; mais un mot peut fuffire,
Et j'attendrai ce mot fans ofer le prescrire.

C'eft à vous à fentir, dans ces extrémités,

Ce que doit vôtre cœur au fang dont vous fortez.

OLIMPI E.

Seigneur, je vous l'ai dit; cet hymen, & tout autre,
Eft horrible à mon cœur, & doit déplaire au vôtre.
Je ne veux point trahir ces mânes courroucés ;
J'abandonne un époux, c'eft obéir affez.
Laiffez moi fuir l'hymen & l'amour & le trône.

L'HIER OPHANT E.

Il faut fuivre Caffandre ou choifir Antigone.
Ces deux rivaux armés, fi fiers & fi jaloux,
Sont forcés maintenant à s'en remettre à vous.
Vous préviendrez d'un mot le trouble & le carnage,
Dont nos yeux reverraient l'épouvantable image,

Sans

Sans le refpect profond qu'infpirent aux mortels
Cet appareil de mort, ce bucher, ces autels,

Et ces derniers devoirs, & ces honneurs fuprêmes,
Qui les font pour un tems rentrer tous en eux-mêmes.
La pieté fe laffe, & furtout chez les grands.
J'ai du fang avec peine arrêté les torrens.
Mais ce fang dès demain va couler dans Ephèfe.
Décidez vous, princeffe, & le peuple s'appaife.
Ce peuple qui toujours eft du parti des loix,
Quand vous aurez parlé, foutiendra vôtre choix.
Sinon, le fer en main, dans ce temple, à ma vue,
Caffandre en réclamant la foi qu'il a reçue,
D'un bien qu'il poffédait, a droit de s'emparer
Malgré la juste horreur qu'il vous femble infpirer.

OLIMPI E.

Il fuffit; je conçois vos raifons & vos craintes.
Je ne m'emporte plus en d'inutiles plaintes.
Je fubis mon destin; vous voyez fa rigueur.

و

Il me faut faire un choix, il eft fait dans mon cœur Je fuis déterminée.

L'HIERO PHANTE.

Ainfi donc d'Antigone

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Vous acceptez les voeux, & la main qu'il vous donne?

OLIMPI E.

Seigneur, quoi qu'il en foit, peut-être ce moment

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