Obrazy na stronie
PDF
ePub

Elle le peut fans honte, à moins que fa clémence
A l'exemple des dieux ne pardonne l'offenfe.
Statira vit encor, & vous devez penfer
Que du fort de fa fille elle peut difpofer.
Refpectez les malheurs & les droits d'une mère,
Les loix des Nations, le facré caractère

Que la nature donne, & que rien n'affaiblit.
A fon augufte voix Olimpie obéit.

Qu'ofez-vous attenter, quand c'est à vous d'attendre
Les arrêts de la veuve, & du fang d'Alexandre?

(Il fort avec fa fuite.)

ANTIGONE.

C'eft affez, j'y fouscris, Pontife, elle est à moi.

(Antigone fort avec Hermas.)

SCENE IV.

CASSANDRE, SOSTENE (dans le périftile.)

CASSANDRE.

Elle n'y fera pas, cœur barbare & fans foi.

Arrachons-la, Softéne, à ce fatal afyle,

A l'espoir infolent de ce coupable habile,
Qui rit de mes remords, infulte à ma douleur,
Et tranquille & ferein vient m'arracher le cœur.

Sos

SOSTÉN E.

Il féduit Statira, feigneur, il s'autorife

Et des loix qu'il viole, & des dieux qu'il méprife.

CASSANDRE.

Enlevons-la, te dis-je, aux dieux que j'ai fervis,
Et par qui déformais tous mes foins font trahis.
J'accepterais la mort, je bénirais la foudre;
Mais qu'enfin mon épouse ofe ici fe réfoudre
A paffer en un jour à cet autel fatal

De la main de Caffandre à la main d'un rival!
Tombe en cendres ce temple avant que je l'endure.
Ciel! tu me pardonnais. Plus tranquille & plus pure
Mon ame à cet efpoir ofait s'abandonner;
Tu m'ôtes Olimpie, eft-ce là pardonner?

SOSTENE.

Il ne vous l'ôte point: ce cœur docile & tendre,
Si foumis à vos loix, fi content de fe rendre,
Ne peut jufqu'à l'oubli paffer en un moment.
Le cœur ne connait point un fi promt changement.
Elle peut vous aimer fans trahir la nature.

Vos coups dans les combats portés à l'avanture
Ont verfé, je l'avoue, un fang bien précieux.

C'est un malheur pour vous que permirent les Dieux.
Vous n'avez point trempé dans la mort de fon père.
Vos pleurs ont effacé tout le fang de fa mère.
Ses malheurs font paflés, vos bienfaits font préfens.

[blocks in formation]
[ocr errors]

CASSANDRE.

Vainement cette idée appaise mes tourmens.
Ce fang de Statira, ces mânes d'Aléxandre,
D'une voix trop terrible ici fe font entendre.
Softène, elle eft leur fille; elle a le droit affreux
De hair fans retour un époux malheureux.
Je fens qu'elle m'abhorre, & moi je la préfére
Au trône de Cyrus, au trône de la terre.
Ces expiations, ces mystères cachés,
Indifférens aux Rois, & par moi recherchés,
Elle en était l'objet ; mon ame criminelle

Ne s'approchait des Dieux que pour s'approcher d'elle.'

( apercevant Olimpie.)

SOSTÉN E.

Hélas! la voyez-vous en proie à fes douleurs?
Elle embraffe un autel, & le baigne de pleurs.

CASSANDR E.

Au temple, à cet autel, il eft tems qu'on l'enléve.
Va, cours, que tout foit prêt.

( Softène fort.).

SCENE

SCENE V.

CASSANDRE,

OLIMPIE

( courbée fur l'autel fans voir Caffandre. )

OLIMPI E.

Qu

Ue mon cœur fe fouléve!

Qu'il eft défefpéré ! - qu'il fe condamne! - Hélas!

(apercevant Caffandre.)

Que vois - je!

CASSANDR E.

Vôtre époux.

OLIMPI E.

Non, vous ne l'êtes pas.

Non, Caffandre - jamais ne prétendez à l'ètre.

CASSANDRE.

Eh bien, j'en fuis indigne, & je dois me connaître.
Je fais tous les forfaits que mon fort inhumain
Pour nous perdre tous deux a commis par ma main.
J'ai cru les expier, j'en comble la mesure.
Ma présence est un crime, & ma flamme une injure..
Mais, daignez me répondre. Ai-je par mes fecours
Aux fureurs de la guerre arraché vos beaux jours?

[blocks in formation]

OLIMP. I E.

Pourquoi les conferver?

CASSANDR E.

Au fortir de l'enfance,

Ai-je affez refpecté vôtre aimable innocence?

Vous ai-je idolatrée ?

OLIMPI E.

Ah! c'est là mon malheur.

CASSANDRE.

Après le tendre aveu de la plus pure ardeur,
Libre dans vos bontés, maitreffe de vous-même,
Cette voix favorable à l'époux qui vous aime,
Aux lieux où je vous parle, à ces mêmes autels,
A joint à mes fermens vos fermens folemnels!

OLIMPI E.

Hélas! il eft trop vrai! Que le courroux célefte
Ne me puniffe pas d'un ferment fi funeste!

CASSANDRE,

Vous m'aimiez, Olimpie!

OLIMPI E.

Ah! pour comble d'horreur,

Ne me reproche pas ma déteftable erreur.
Il te fut trop aifé d'éblouir ma jeuneffe;
D'un cœur qui s'ignorait tu trompas la faibleffe,

C'est

« PoprzedniaDalej »