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ANTIGONE, HERMAS, (dans le périftile.)

V

HERM A S.

Ous me l'aviez bien dit; les faints lieux profanés Aux horreurs des combats vont être abandonnés. Vos foldats près du temple occupent ce paffage. Caffandre yvre d'amour, de douleur & de rage, Des Dieux qu'il invoquait défiant le courroux, Par cet autre chemin s'avance contre vous. Le fignal eft donné: mais dans cette entreprise Entre Caffandre & vous le peuple se divise.

1

ANTIGONE ( en fortant. )

Je le réunirai.

SCENE II.

ANTIGONE, HERMAS, CASSANDRE,

SOSTEN E.

CASSANDRE ( arrêtant Antigone. )

Dem

Emeure, indigne ami,

Infidèle allié, détestable ennemi,

M'ofes-tu difputer ce que le ciel me donne ?

ANTIGONE.

Oui. Quelle eft la surprise où ton cœur s'abandonne !
La fille d'Aléxandre a des droits affez grands
Pour faire armer l'Afie, & trembler nos tyrans.
Babilone eft fa dot, & fon droit est l'empire.
Je prétens l'un & l'autre ; & je veux bien te dire
Que tes pleurs, tes regrets, tes expiations,
N'en impoferont pas aux yeux des nations.
Ne crois pas qu'à préfent l'amitié confidère,
Si tu fus innocent dès la mort de fon père.
L'opinion fait tout; elle t'a condamné.
Aux faibleffes d'amour ten cœur abandonné,
Séduifait Olimpie en cachant fa naiffance.
Tu crus enfevelir dans l'éternel filence
Ce funefte fecret dont je fuis informé.

Ce n'eft qu'en la trompant que tu pus être aimé.
Ses yeux s'ouvrent enfin; c'en est fait; & Caffandre
N'ofe lever les fiens, n'a plus rien à prétendre.
De quoi t'es-tu flatté? penfais-tu que fes droits
T'éléveraient un jour au rang de Roi des Rois? --
Je peux de Statira prendre ici la défense.

Mais veux-tu conferver nôtre antique alliance?
Veux-tu régner en paix dans tes nouveaux Etats?
Me revoir ton ami? t'apuïer de mon bras?...

CAS

Eh bien?

CASSANDRE.

ANTIGONE.

Cède Olimpie, & rien ne nous fépare.

Je périrai pour toi; finon, je te déclare
Que je fuis le plus grand de tous tes ennemis.
Connais tes intérêts, pèse-les, & choifis.

CASSANDRE.

Je n'aurai pas de peine, & je venais te faire
Une offre différente, & qui pourra te plaire.
Tu ne connais ni loi, ni remords, ni pitié,
Et c'eft un jeu pour toi de trahir l'amitié.
J'ai craint le Ciel du moins: tu ris de fa justice,
Tu jouïs des forfaits dont tu fus le complice;
Tu n'en jouïras pas, traître. . . .

ANTIGONE.

Que prétens tu?

CASSAN DR E.

Si dans ton ame atroce il eft quelque vertu,
N'employons pas les mains du foldat mercenaire
Pour affouvir ta rage & fervir ma colère.
Qu'a de commun le peuple avec nos factions?
Eft-ce à lui de mourir pour nos divifions?
C'eft à nous, c'est à toi, fi tu te fens l'audace
De braver mon courage, ainsi que ma difgrace.

Je

Je ne fus pas admis au commerce des Dieux,
Pour aller égorger mon ami fous leurs yeux.
C'eft un crime nouveau: c'eft toi qui le prépares.
Va, nous étions formés pour être des barbares.
Marchons; viens décider de ton fort & du mien,
T'abreuver de mon fang, ou verser tout le tien.

ANTIGONE.

J'y confens avec joïe: & fois fûr qu'Olimpie
Acceptera la main qui t'ôtera la vie.

(Ils mettent l'épée à la main.)

SCENE III.

CASSANDRE,

ANTIGONE,

HERMAS, SOSTÉN E.

L'HIEROPHANTE fort du Temple précipitam ment avec les prêtres & les initiés, qui se jettent avec une foule de peuple entre Caffandre & Antigone, & les défarment.

PRofan

L'HIEROPHANT E.

Rofanes, c'en est trop. Arrêtez, refpectez Et le Dieu qui vous parle, & fes folemnités. Prêtres, initiés, peuple, qu'on les fépare. Banniffez du lieu faint la difcorde barbare.

Expiez vos forfaits. Glaives, difparaiffez.

Pardonne

Pardonne, Dieu puiffant! vous Rois, obéiffez.

CASSANDRE.

Je cède au Ciel, à vous.

ANTIGONE.

Je perfifte; & j'atteste

Les mânes d'Alexandre & le courroux céleste,
Que tant que je vivrai, je ne fouffrirai pas
Qu'Olimpie à mes yeux paffe ici dans fes bras;
Et que cet hyménée illégitime, impie,
Eft la honte d'Ephèfe, & l'horreur de l'Afie.

CASSANDRE.

Sans doute il le ferait fi tu l'avais formé.

L'HIER OPHANT E.

D'un efprit plus remis, d'un cœur moins enflammé, Rendez vous à la loi, refpectez fa juftice.

Elle eft commune à tous, il faut qu'on l'accompliffe. La cabane du pauvre, & le trône des rois

Egalement foumis entendent cette voix.

Elle aide la faibleffe, elle est le frein du crime,

Et délie à l'autel l'innocente victime.

Si l'époux, quel qu'il foit, & quel que foit fon rang,

Des parens de fa femme a répandu le fang

Fût-il purifié dans nos facrés mystères,

Par le feu de Vefta, par les eaux falutaires,
Et par le repentir plus néceffaire qu'eux,

Son épouse en un jour peut, former d'autres nœuds.

Théatre Tom. V.

M

Elle

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