Par mon ordre en ces lieux elle avance vers vous.
ARGIRE, ORBASSAN, AMENAIDE.
E bien de cet Etat, les voix de Syracuse,
Vôire pére, le cicl, vous donnent un époux; Leurs ordres réunis ne foutient point d'excuse. Ce noble chevalier , qui se rejoint à moi, Aujourd'hui par ma bouche a reçu votre foi. Vous connaitiez son nom, fona
rang,
sa renommée : Puillant dans Syracuse, il commande l'armée : Tous les droits de Tancrède entre les mains remis....
.. A mes yeux font le moins digne prix Qui relève l'éclat d'une telle alliance.
Elle m'honore assez, feigneur, & fa présence Rend plus cher à mon cour le don que je reçois. Puillai-je en méritant vos bontés & son choix, Du bonheur de tous trois confirmer l'espérance !
AMENAÏDE.
Mon pére, en tous les tens, je fais que votre caur Sentit tous mes chagrins, & voL'ut moi bendeur. Vôtre choix me destine un héros eri parunge; Et quand ces longs débats qui troublerert vos jours, Grace à votre fagelle ont terminé leurs cours, Du ncud qui vous rejoint vôtre fille est le gage; D'une telle union je conçois l'avantage. Orballan permettra que ce cour étonné, Qu'opprima des l'enfance un fort toujours contraire, Par ce changement même au trouble abandonné, Se recueille un moment dans le sein de fon pére.
Vous le devez, Madame; & loin de m’opposer A de tels sentimens, dignes de mon cítime, Loin de vous détourner d'un soin si légitime, Des droits que j'ai sur vous je craindrais d'abuser. J'ai quitté nos guerriers, je revole à leur tėte; C'est peu d'un tel hymen , il le faut mériter ; La victoire en rend digne, & j'ose me flater Que bientôt des lauriers en orneront la fete,
ARG I R E. Ous semblez interdite : & vos yeux pleins d'effroi, , De larmes obfcurcis , se détournent de moi. Vos foupirs écoutfés semblent me faire injure. La bouche obéit mal, lorsque le cour murmure.
Seigneur , je l'avourai, je ne m'attendais pas Qu'après tant de malheurs , & de íi longs débats , Le parti d'Orbaijan dut etre un jour le vôtre, Que mes tremblantes mains uniraient l'un & l'autre, Et que votre ennemi dût passer dans mes bras. Je n'oublirai jamais que
la Dans vos propres foyers vous priva d'un azile ; Que ma mére à regret évitant le danger , Chercha loin de nos murs un rivage étranger ; Que des bras paternels avec elle arrachée , A ses tristes destins dans Bizance attachée , J'ai partagé longtemps les maux qu'elle a soufferts. Au sortir du berceau j'ai connu les revers : J'appris fous une mére abandonnée, errante , A supporter l'exil & le fort des proscrits L'accueil impérieux d'une cour arrogante , Et la fausse pitié pire que les mépris.
Dans
Dans un fort avili noblement élevéc, De ma mére bientôt cruellement privée, Je me vis feule au monde, en proie à mon effroi, Roseau faible & tremblant, n'ayant d'appui que moi. Vôtre destin changea. Syracule en allarmies Vous remit dans vos biens, vous rendit vos honncurs, Se reposa für vous du destin de les armes, Et de ses murs fanglans repoutta ses vainqueurs. Dans le féin paternel je me vis rappellée; Un malheur inoui m'en avait exilée; Peut-être jy reviens pour un maleur nouveau. Vos muins de moi hymen aument le flambedui. Je fais quel intérêt, quel espoir vous anime; Mais de vos chaemis je me vis la victime. Je suis enfin la vótre: & ce jour dangereux Peut-être de nos jours sera le plus affreux.
Il sera fortuné; c'est à vous de m'en croire. Je vous aime, ma fille, & j'aime vôtre gloire. On a trop murmuré, quand ce fier Solamir, Pour le prix de la paix qu'il venait nous offrir, Osa me proposer de l'accepter pour gendre; Je vous donne au héros qui marche contre lui, Au plus grand des guerriers armés pour nous défendre Autrefois mon émule, à présent notre appui.
A M E N A Ï D E.
M EN Quel appui ! vous vantez fa fuperbe fortune ;
Mes
Mes væux plus modérés la voudraient plus commune; Je voudrais qu'un héros fi fier & si puissant N'eût point pour s'agrandir dépouillé l'innocent.
ARGIRE. Du Conseil, il est vrai, la prudence sévère Veut punir dans Tancrède une race étrangère. Elle abusa longtems de fon autorité. Elle a trop d'ennemis.
AMENA Ï D E.
Seigneur, ou je n’abuse, Ou Tancrède est encor aimé dans Syracuse.
Nous rendons tous justice à son cæur indonité ; Sa valeur a, dit-on, fubjugué l'Illirie; Mais plus il a fervi sous l'aigle des Céfars , Moins il doit espérer de revoir fa patrie. Il est par un décret chassé de nos remparts.
A M E N A Ï D E. Pour jamais! lui Tancrède ? *
ARGIRE.
Oui, l'on craint sa présence, Et si vous l'avez vû dans les murs de Bizance, Vous savez qu'il nous hait.
AMENAÏDE.
* Si on joue cette Tragédie dans les Provinces, l'Aarice représentant Aménaide doit savoir que ces vers marqués * doivent être récités avec l'air & le ton d'une froideur contrainte, Théatre. Tom, V,
B
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