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Q

SCENE IV.

STATIRA, OLIMPIE.

STATI RA.

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Uel moment! quel blafphême! ô ciel qu'ai-je entendu! Ah! ma fille, à quel prix mon fang m'eft-il rendu! Tu reffens, je le vois, les horreurs que j'éprouve ; Dans tes yeux effrayés ma douleur fe retrouve; Ton cœur répond au mien; tes chers embraffemens Tes foupirs enflammés confolent mes tourmens; Ils font moins douloureux, puifque tu les partages. Ma fille eft mon afyle en ces nouveaux naufrages. Je peux tout fupporter, puifque je vois en toi Un coeur digne en effet d'Alexandre & de moi.

OLIMPI E.

Ah! le ciel m'eft témoin fi mon ame eft formée
Pour imiter la vôtre, & pour être animée
Des mêmes fentimens, & des mêmes vertus.
O veuve d'Alexandre! ô fang de Darius!
Ma mère! Ah! falait-il qu'à vos bras enlevée,
Par les mains de Caffandre on me vît élevée !
Pourquoi vôtre affaffin prévenant mes fouhaits,
A-t-il marqué pour moi fes jours par fes bienfaits?
Que fa cruelle main ne m'a-t-elle opprimée !
Bienfaits trop dangereux! Pourquoi m'a-t-il aimée!
L 2

STA

STATIR A.

Ciel! qui vois-je paraître en ces lieux retirés!

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Vous voyez un des Rois formés par Alexandre,
Qui refpecte fa veuve, & qui vient la défendre.
Vous pourriez remonter, du pied de cet autel,
Au premier rang du monde où vous plaça le ciel,
Y mettre vôtre fille, & prendre au moins vengeance
Du raviffeur altier qui tous trois nous offenfe.
Vôtre fort eft connu, tous les cœurs font à vous;
Ils font las des tyrans que vôtre augufte époux
Laiffa par fon trépas maîtres de fon empire;
Pour ce grand changement vôtre nom peut fuffire.
M'avourez-vous ici pour vôtre défenfeur?

STATI R A.

Oui, fi c'eft la pitié qui conduit vôtre cœur,
Si vous fervez mon fang, fi vôtre offre eft fincère,

ANTIGONE.

Je ne fouffrirai pas qu'un jeune téméraire
Des mains de vôtre fille & de tant de vertus
Obtienne un double droit au trône de Cyrus.
Il en eft trop indigne; & pour un tel partage
Je n'ai pas préfumé qu'il ait vôtre fuffrage.
Je n'ai point au grand-prêtre ouvert ici mon cœur ;
Je me fuis préfenté comme un adorateur,
Qui des Divinités implore la clémence.
Je me préfente à vous armé de la vengeance.
La veuve d'Aléxandre oubliant fa grandeur,
De fa famille au moins n'oublira point l'honneur.
STATI R A.

Mon cœur eft détaché du trône & de la vie ;
L'un me fut enlevé, l'autre eft bientôt finie.
Mais fi vous arrachez aux mains d'un raviffeur
Le feul bien que les Dieux rendaient à ma douleur,
Si vous la protégez, fi vous vengez fon père,
Je ne vois plus en vous que mon Dieu tutélaire.
Seigneur, fauvez ma fille au bord de mon tombeau
Du crime & du danger d'époufer mon bourreau.

ANTIGONE.

Digne fang d'Aléxandre, approuvez-vous mon zèle ? Acceptez-vous mon offre, & penfez-vous comme elle?

OLIMPI E.

Je dois hair Caffandre.

ANTI

L 3

ANTIG O ̊N E.

Il faut donc m'accorder

Le prix, le noble prix que je viens demander.
Contre mon allié je prends vôtre défense.

Je crois vous mériter, foyez ma récompenfe.
Toute autre eft un outrage, & c'est vous que je veux.
Caffandre n'eft pas fait pour obtenir vos vœux.

Parlez; & je tiendrai cette gloire fuprême

De mon bras, de la Reine, & furtout de vous-même, Prononcez; daignez-vous m'honorer d'un tel prix?

Décidez,

STATIR A.

OLIMPIE,

Laiffez moi reprendre mes efprits.

J'ouvre à peine les yeux. Tremblante, épouvantée,
Du fein de l'efclavage en ce temple jettée,
Fille de Statira, fille d'un demi - Dieu,

Je retrouve une mère en cet augufte lieu

De fon rang, de fes biens, de fon nom dépouillée,
Et d'un fommeil de mort à peine réveillée;
J'époufe un bienfaiteur, il eft un affaffin.
Mon époux de ma mère a déchiré le fein,
Dans cet entaffement d'horribles avantures,

Vous m'offrez vôtre main pour venger mes injures.

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Voyez fi les flambeaux des pompes nuptiales
Sont faits pour éclairer ces horreurs fi fatales,
Quelle foule de maux m'environne en un jour,
Et fi ce cœur glacé peut écouter l'amour,

STATIR A.

Ah! je vous répons d'elle, & le Ciel vous la donne.
La majesté peut-être, ou l'orgueil de mon trône,
N'avait pas destiné dans mes premiers projets
La fille d'Aléxandre à l'un de mes fujets;
Mais vous la méritez en ofant la défendre.
C'est vous qu'en expirant défignait Aléxandre.
Il nomma le plus digne, & vous le devenez.
Son trône est vôtre bien, quand vous le foutenez.
Que des Dieux immortels la faveur vous feconde !
Que leur main vous conduife à l'empire du monde !
Aléxandre & fa veuve enfevelis tous deux,

Lui dans la tombe, & moi dans ces murs ténébreux,
Vous verront fans regret au trone de mes pères :
Et puiffent déformais les deltins moins févères
En écarter pour vous cette fatalité

Qui renverfa toujours ce trône enfanglanté !

ANTIGONE.

Il fera relevé par la main d'Olimpie.
Montrez vous avec elle aux Peuples de l'Afie.
Sortez de cet afyle, & je vais tout preffer,
Pour venger Aléxandre, & pour le remplacer.

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