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SCENE III.

CASSANDRE, SUSTENE, STATIRA, OLIMPIE.

CASSANDR E.

E Lle tremble, ó Ciel! & je frémis! —

ô

Quoi! vous baiez les yeux de vos larmes remplis !
Vous détournez de moi ce front où la nature
Peint l'ame la plus noble, & l'ardeur la plus pure!
OLIMPIE (Je jettant dans les bras de fa mère.)
Ah! barbare! Ah! madame!

CASSANDRE.

Expliquez vous, parlez.

Dans quels bras fuyez-vous mes regards défolés?

Que m'a-t-on dit? pourquoi me caufer tant d'allarmes? Qui donc vous accompagne & vous baigne de larmes?

STATI RA

(Je dévoilant, & fe retournant vers Caffandre.)

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Tes crimes.

STATI R A.

CASSANDRE.

Statira peut ici reparaître!

STATI R A.

Malheureux! reconnais la veuve de ton maître,

La mère d'Olimpie.

CASSANDRE.

O tonnerres du ciel,

Grondez fur moi, tombez fur ce front criminel!

STATI R A.

Que n'as-tu fait plutôt cette horrible prière?
Eternel ennemi de ma famille entière,

Si le ciel l'a voulu, fi par tes premiers coups,
Toi feul as fait tomber mon trône & mon époux;
Si dans ce jour de crime, au milieu du carnage,
Tu te fentis, barbare, affez peu de courage
Pour fraper une femme, & lui perçant le flanc
La plonger de tes mains dans les flots de fon fang,
De ce fang malheureux laiffe moi ce qui refte.
Faut-il qu'en tous les tems ta main me foit funefte?
N'arrache point ma fille à mon cœur, à mes bras;
Quand le ciel me la rend, ne me l'enléve pas.
Des tirans de la terre à jamais féparée,
Respecte au moins l'afyle où je fuis enterrée.
Ne viens point, malheureux, par d'indignes efforts,
Dans ces tombeaux facrés, perfécuter les morts,

CAS

CASSANDRE.

Vous m'avez plus frapé que n'eût fait le tonnerre,
Et mon front à vos pieds n'ofe toucher la terre.
Je m'en avoue indigne après mes attentats;
Et fi je m'excufais fur l'horreur des combats,
Si je vous apprenais que ma main fut trompée
Quand des jours d'un héros la trame fut coupée,
Que je fervais mon père en m'armant contre vous,
Je ne fléchirais point vôtre jufte courroux.

Rien ne peut m'excufer. Je pourrais dire encore
Que je fauvai ce fang que ma tendreffe adore,

Que je mets à vos pieds mon fceptre, & mes états.
Tout eft affreux pour vous! Vous ne m'écoutez pas !
Ma main m'arracherait ma malheureufe vie

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Moins pleine de forfaits que de remords punie,
Si vôtre propre fang, l'objet de tant d'amour,
Malgré lui, malgré moi ne m'attachait au jour.
Avec un faint refpect j'élevai vôtre fille;

Je lui tins lieu quinze ans de père & de famille;
Elle a mes vœux, mon cœur: & peut-être les dieux
Ne nous ont affèmblés dans ces auguftes lieux
Que pour y réparer, par un faint hyménée,
L'épouvantable horreur de nôtre destinée.

Quel hymen!

STATIR A.

O mon fang! tu recevrais la foi,

De qui? de l'affaffin d'Alexandre & de moi!

OLIMPIE,

OLIMPI E.

Non- ma mère, éteignez ces flambeaux effroyables, Ces flambeaux de l'hymen entre nos mains coupables; Eteignez dans mon coeur l'affreux reffouvenir

Des nœuds, des triftes noeuds qui devaient nous unir.
Je préfére ( & ce choix n'a rien qui vous étonne)
La cendre qui vous couvre au fceptre qu'il me donne.
Je n'ai point balancé ; laiffez moi dans vos bras
Oublier tant d'amour avec tant d'attentats.
Vôtre fille en l'aimant devenait fa complice.
Pardonnez, acceptez mon jufte facrifice.
Séparez, s'il fe peut, mon cœur de fes forfaits.
Empêchez moi fur-tout de le revoir jamais.

STATI R A.

Je reconnais ma fille, & fuis moins malheureufe.
Tu rends un peu de vie à ma langueur affreuse.
Je renais.

-Ah! grands dieux! vouliez-vous que ma main
Préfentát Olimpie à ce monftre inhumain?
Qu'exigiez-vous de moi? quel affreux ministère,
Et pour vôtre prêtreffe, hélas! & pour fa mère!
Vous en avez pitié, vous ne prétendiez pas
M'arrêter dans le piége où vous guidiez mes pas.
-Cruel! n'infulte plus & l'autel, & le trône..
Tu fouillas de mon fang les murs de Babilone;
J'aimerais mieux encor une feconde fois
Voir ce fang répandu par l'affaffin des rois,
Que de voir mon fujet, mon ennemi - Caffandre,

Théatre Tom. V.

L

Aimer

Aimer infolemment la fille d'Alexandre.

CASSANDR E.

Je me condamne encor avec plus de rigueur.
Mais j'aime, mais cédez à l'amour en fureur.
Olimpie eft à moi, je fais quel fut fon père ;
Je fuis roi comme lui, j'en ai le caractère,

J'en ai les droits, la force, elle eft ma femme enfin,
Rien ne peut féparer mon fort & fon deftin.

Ni fes frayeurs, ni vous, ni les dieux, ni mes crimes
Rien ne rompra jamais des nœuds fi légitimes.
Le ciel de mes remords ne s'eft point détourné,
Et puisqu'il nous unit, il a tout pardonné.
Mais fi l'on veut m'ôter cette épouse adorée,
Sa main qui m'appartient, fa foi qu'elle a jurée
Il faut verfer ce fang, il faut m'ôter ce cœur,
Qui ne connait plus qu'elle, & qui vous fait horreur
Vos autels à mes yeux n'ont plus de privilège;
Si je fus meurtrier, je ferai facrilège.

J'enléverai ma femme à ce temple, à vos bras,
Aux dieux même, à nos dieux, s'ils ne m'exauçaient pas.
Je demande la mort, je la veux, je l'envie,
Mais je n'expirerai que l'époux d'Olimpie.
Il faudra malgré vous que j'emporte au tombeau
Et l'amour le plus tendre, & le nom le plus beau,
Et les remords affreux d'un crime involontaire,
Qui fléchiront du moins les mânes de fon père.

(Caffandre fort avec Softéne.)

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SCENE

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