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LA vérité l'emporte, il n'eft plus tems de taire

Ce funefte fecret qu'avait caché mon père.
Il a falu céder à la publique voix.

Oui, j'ai rendu justice à la fille des Rois.
Devais-je plus longtems, par un cruel filence,
Faire encor à fon fang cette mortelle offense?
Je fus coupable affez.

SOSTEN E.

Mais un rival jaloux

Du grand nom d'Olimpie abuse contre vous.
Il anime le peuple, Ephèse est allarmée.
De la Religion la fureur animée,

Qu'Antigone méprife, & qu'il fait exciter,

Vous fait un crime affreux, un crime à détefter,
De pofféder la fille, ayant tué la mère.

CAS

CASSANDRE.

Les reproches fanglans qu'Ephefe peut me faire,
Vous le favez, grand Dieu, n'approchent pas des miens.
J'ai calmé, grace au Ciel, les cœurs des citoyens
Le mien fera toujours victime des furies,
Victime de l'amour & de mes barbaries.

Hélas! j'avais voulu qu'elle tint tout de moi,
Qu'elle ignorat un fort qui me glaçait d'effroi.
De fon père en fes mains je mettais l'héritage
Conquis par Antipatre, aujourd'hui mon partage.
Heureux par mon amour, heureux par mes bienfaits,
Une fois en ma vie avec moi-même en paix,
Tout était réparé, je lui rendais juftice.

D'aucun crime après tout mon coeur ne fut complice.
J'ai tué Statira, mais c'est dans les combats;
C'est en fauvant mon père, en lui prêtant mon bras ;
C'est dans l'emportement du meurtre & du carnage,
Où le devoir d'un fils égarait mon courage;
C'est dans l'aveuglement que la nuit & l'horreur
Répandaient fur mes yeux troublés par la fureur.
Mon ame en frémiffait avant d'être punie
Par ce fatal amour qui la tient afservie.
Je me crois innocent au jugement des Dieux,
Devant le monde entier, mais non pas à mes yeux,
Non pas pour Olimpie, & c'eft là mon fupplice,
C'est là mon défefpoir. Il faut qu'elle choififfe
Ou de me pardonner, ou de percer mon cœur,
Ce cœur défefpéré, qui brule avec fureur.

Sos

SOSTEN E.

On prétend qu'Olimpie en ce temple amenée
Peut retirer la main qu'elle vous a donnée.

CASSANDRE.

Oui, je le fais, Softène, & fi de cette loi
L'objet que j'idolatre, abufait contre moi,
Malheur à mon rival, & malheur à ce temple.
Du culte le plus faint je donne ici l'exemple;
J'en donnerais bientôt de vengeance & d'horreur.
Ecartons loin de moi cette vaine terreur.

Je fuis aimé fon cœur eft à moi dès l'enfance,
Et l'amour est le Dieu qui prendra ma défense.
Courons vers Olimpie.

SCENE II.

CASSANDRE, SOSTENE, L'HIEROPHANTE (fortant du Temple.)

CASSANDR E.

INterprète du ciel,

Miniftre de clémence en ce jour folemnel,
J'ai de vôtre faint temple écarté les allarmes.
Contre Antigone encor je n'ai point pris les armes.
J'ai refpecté ces temps à la paix confacrés ;

Mais donnez cette paix à mes fens déchirés.
J'ai plus d'un droit ici: je faurai les défendre.
Je meurs fans Olimpie, & vous devez la rendre.
Achevons cet himen.

L'HIER OPHANT E.

Elle remplit, feigneur,

Des devoirs bien facrés, & bien chers à fon cœur.

CASSANDRE.

Tout le mien les partage. Où donc est la prêtresse
Qui doit m'offrir ma femme, & bénir ma tendreffe ?

L'HIEROPHANT E.

Elle va l'amener. Puiffent de fi beaux noeuds
Ne point faire aujourd'hui le malheur de tous deux!

CASSANDR E.

Nôtre malheur! - Hélas! cette feule journée
Voyait de tant de maux la course terminée.
Pour la première fois un moment de douceur
De mes affreux chagrins diffipait la noirceur.

L'HIER OPHANT E.

Peut-être plus que vous Olimpie eft à plaindre.

CASSANDRE.

Comment! que dites-vous?.. Eh! que peut-elle craindre?

L'HI E

L'HIEROPHANTE (s'en allant.)

Vous l'apprendrez trop tôt.

CASSANDR E.

Non, demeurez. Eh quoi!

Du parti d'Antigone êtes-vous contre moi?

L'HIEROPHANT E.

Me préfervent les cieux de paffer les limites
Que mon culte paifible à mon zèle a prefcrites!
Les intrigues des cours, les cris des factions,
Des humains que je fuis les triftes paffions,
N'ont point encor troublé nos retraites obfcures :
Au Dieu que nous fervons, nous levons des mains pures.
Les débats des grands Rois promts à fe divifer,
Ne font connus de nous que pour les appaifer;
Et nous ignorerions leurs grandeurs paffagères
Sans le fatal befoin qu'ils ont de nos prières.
Pour vous, pour Olimpic, & pour d'autres, feigneur
Je vais des immortels implorer la faveur.

Olimpie!...

CASSANDRE.

L'HIER OPHANT E.

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En ces lieux ce moment la rappelle.

Voyez fi vous avez encor des droits fur elle.

Je vous laiffe.

(Il fort, le temple s'ouvre. )

SCE

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