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STATIRA (courant embraffer Olimpie.)

Ah! mon cœur déchiré me l'a dit avant vous.
O ma fille! ô mon fang! ô nom fatal & doux!
De vos embraffemens faut-il que je jouiffe,
Lorfque par vôtre hymen vous faites mon fuplice!
OLIMPI E.

Quoi! vous feriez ma mère, & vous en gémiffez!

STATI R A.

Non, je bénis les Dieux trop longtems courroucés.
Je fens trop la nature & l'excès de ma joïe;
Mais le ciel me ravit le bonheur qu'il m'envoie
Il te donne à Caffandre!

OLIMPI E.

Ah! fi dans vôtre flanc

Olimpie a puifé la fource de fon fang,

Si j'en crois mon amour, fi vous êtes ma mère,
Le généreux Caffandre a-t-il pû vous déplaire?

L'HIER OPHANT E.

Oui, vous êtes fon fang, vous n'en pouvez douter,
Caffandre enfin l'avoue, il vient de l'attefter.

Pourrez-vous toutes deux avec lui réunies

Concilier enfin deux races ennemies?

OLIMPI E.

Qui? lui! vôtre ennemi! tel ferait mon malheur !

STA

STATI R A.

D'Alexandre ton père il eft l'empoisonneur.

Au fein de Statira dont tu tiens la naiffance,
Dans ce fein malheureux qui nourrit ton enfance,
Que tu viens d'embraffer pour la première fois,
Il plongea le couteau dont il frapa les Rois.
Il me pourfuit enfin jufqu'au temple d'Ephèfe;
Il y brave les Dieux, & feint qu'il les appaife;
A mes bras maternels il ofe te ravir ;
Et tu peux demander fi je dois le hair!

OLIMPI E.

Quoi! d'Alexandre ici le Ciel voit la famille !
Quoi! vous êtes fa veuve! Olimpie eft fa fille !
Et vôtre meurtrier, ma mère, eft mon époux!
Je ne fuis dans vos bras qu'un objet de courroux!
Quoi! cat himen fi cher était un crime horrible!

L'HIEROPHANT E.

Efpérez dans le Ciel.

OLIMPI E.

Ah! fa haine inflexible

D'aucune ombre d'efpoir ne peut flatter mes vœux ;
Il m'ouvrait un abime en éclairant mes yeux.

Je vois ce que je fuis, & ce que je dois être.

Le plus grand de mes maux eft donc de me connaître ! Je devais à l'autel où vous nous uniffiez,

Expirer en victime, & tomber à vos pieds.

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SCENE V.

STATIRA, OLIMPIE, L'HIEROPHANTE

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UN PRETRE.

LE PRET r e.

N menace le temple; & les divins mistères
Sont bientôt profanés par des mains téméraires.
Les deux rois défunis difputent à nos yeux

Le droit de commander où commandent les dieux.
Voilà ce qu'annonçaient ces voûtes gémiñantes,
Et fous nos pieds craintifs nos demeures tremblantes.
Il femble que le ciel veuille nous informer
Que la terre l'offenfe, & qu'il faut le calmer.
Tout un peuple éperdu, que la difcorde excite,
Vers les parvis facrés vole & fe précipite.
Ephèfe eft divifée entre deux factions.
Nous reffemblons bientôt aux autres nations.
La fainteté, la paix, les mœurs vont difparaîtres
Les rois l'emporteront, & nous aurons un maître,

L'HIER OPHANT E.

Ah! qu'au moins loin de nous ils portent leurs forfaits!
Qu'ils laiffent fur la terre un afyle de paix !
Leur intérêt l'exige. - O mère augufte & tendre,
Et vous-
dirai-je, hélas! l'époufe de Caffandre?

Aux pieds de ces autels vous pouvez vous jetter.
Aux Rois audacieux je vais me préfenter.

Je connais le refpect qu'on doit à leur couronne ;

Mais ils en doivent plus à ce Dieu qui la donne.

S'ils prétendent régner, qu'ils
Nous fommes, je le fais, fans

ne l'irritent pas. armes, fans foldats.

Nous n'avons que nos loix, voilà notre puiffance. Dieu feul eft mon appui, fon temple est ma défense ; Et fi la tirannie ofait en approcher

,

C'eft fur mon corps fanglant qu'il lui faudra marcher. (L'Hierophante fort avec le prêtre inférieur.)

SCENE VI

STATIRA,

OLIMPIE.

STATIR A.

Deftinée! & Dieu des autels & du trône!
Contre Caffandre au moins favorife Antigone.
Il me faut donc, ma fille, au déclin de mes jours,
De nos feuls ennemis attendre des fecours,
Rechercher un vengeur au fein de ma mifère,
Chez les ufurpateurs du trône de ton père !
Chez nos propres fujets, dont les efforts jaloux
Difputent cent Etats, que j'ai poffédés tous!
Ils rampaient à mes pieds, ils font ici mes maîtres.
O trône de Cyrus! ô fang de mes ancêtres !

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Dans quel profond abîme êtes-vous descendus!
Vanité des grandeurs, je ne vous connais plus.

OLIMP I E.

Ma mère, je vous fuis. Ah! dans ce jour funefte Rendez moi digne au moins du grand nom qui vous reste, Le devoir qu'il prescrit, eft mon unique espoir,

STATIR A.

Fille du Roi des Rois, - rempliffez ce devoir,

Fin du fecond Acte.

ACTE

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