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OLIMPIE effrayée.

Ah! Madame!...

STATI RA.

Approchez, jeune & tendre victime;

Cet augure effrayant femble annoncer le crime.
Vos attraits femblent nés pour la feule vertu.

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Dieux juftes! foutenez mon courage abattu! -
Et vous, de leurs decrets augufte confidente,
Daignez conduire ici ma jeuneffe innocente;
Je fuis entre vos mains, diffipez mon effroi.

STATIRA.

Ah! j'en ai plus que vous. - Ma fille, embraffez-moi. —
Du fort de vôtre époux êtes-vous informée?
Quel eft vôtre pais? quel fang vous a formée ?

OLIMPIE.

Humble dans mon état, je n'ai point attendu
Ce rang où l'on m'éléve, & qui ne m'eft pas dû.
Caffandre eft Roi, Madame; il daigna dans la Grèce,
A la cour de fon père élever ma jeuneffe.

Depuis que je tombai dans ses auguftes mains,
J'ai vû toujours en lui le plus grand des humains.
Je chéris un époux, & je révère un maître;
Voilà mes fentimens, & voilà tout mon être.

STA

STATI RA.

Qu'aifément, jufte Ciel, on trompe un jeune cœur -
De l'innocence en vous que j'aime la candeur !
Caffandre a donc pris foin de vôtre destinée ?
Quoi! d'un prince ou d'un roi vous ne feriez

OLIMPI E.

Pour aimer la vertu, pour en fuivre les loix,
Faut-il donc être né dans la pourpre des Rois?

STA TIRA.

pas

Non, je ne vois que trop le crime fur le trône.

OLIM PIE.

Je n'étais qu'une efclave.

STAT IR A.

Un tel deftin m'étonne.

née!

Les Dieux fur vôtre front, dans vos yeux, dans vos traits Ont placé la nobleffe ainfi que les attraits.

Vous efclave!

OLIM PIE.

Antipatre en ma première enfance

Par le fort des combats me tint fous fa puiffance;

Je dois tout à fon fils.

STAT IR A.

Ainfi vos premiers jours

Ont

Ont fenti l'infortune, & vu finir fon cours!
Et la mienne a duré tout le tems de ma vie.

En quel temps, en quels lieux futes-vous pourfuivie Par cet affreux deftin qui vous mit dans les fers?

OLIM PIE.

On dit que d'un grand Roi, maître de l'univers,
On termina la vie, on disputa le trône,

On déchira l'empire; & que dans Babilone
Caffandre conferva mes jours infortunés

Dans l'horreur du carnage au glaive abandonnés.

STA TIR A.

Quoi! dans ces tems marqués par la mort d'Alexandre à Captive d'Antipatre, & foumise à Caffandre!

OLIM PIE.

C'est tout ce que j'ai fçû. Tant de malheurs paffés,
Par mon bonheur nouveau doivent être effacés.

STATI R A.

Captive à Babilone! O puiffance éternelle!
Vous faites-vous un jeu des pleurs d'une mortelle?
Le lieu, le temps, fon âge ont excité dans moi
La joie & les douleurs, la tendreffe & l'effroi.
Ne me trompé-je point? Le ciel fur fon vifage
Du héros mon époux femble imprimer l'image....
OLIMP I E.

Que dites-vous?

>

Théatre, Tom. V.

K

STA

STATI RA.

Hélas! tels étaient fes regards,

Quand moins fier & plus doux, loin des fanglants hazards, Relevant ma famille au glaive dérobée,

Il la remit au rang dont elle était tombée

Quand fa main fe joignit à ma tremblante main.
Illufion trop chère! efpoir flateur & vain!
Serait-il bien poffible! - Ecoutez moi, Princeffe,
Ayez quelque pitié du trouble qui me presse.
N'avez-vous d'une mère aucun reffouvenir?

OLIM PIE.

Ceux qui de mon enfance ont pû m'entretenir,
M'ont tous dit, qu'en ce temps de trouble & de carnage
Au fortir du berceau, je fus en efclavage.

D'une mère jamais je n'ai connu l'amour.
J'ignore qui je fuis, & qui m'a mife au jour.
Hélas! vous foupirez, vous pleurez, & mes larmes
Se mèlent à vos pleurs, & j'y trouve des charmes. →
Eh quoi! vous me ferrez dans vos bras languiffans!
Vous faites pour parler des efforts impuiffans!

Parlez moi.

STATIR A.

Je ne puis. Je fuccombe

Le trouble que je fens me va coûter la vie.

Olimpie

SCENE

SCENE IV.

STATIRA, OLIMPIE, L'HIEROPHANTE.

L'HIER OPHANT E.

Prêtreffe des dieux! ô Reine des humains! Quel changement nouveau dans vos triftes deftins! Que nous faudra-t-il faire? & qu'allez-vous entendre?

STATIR A.

Des malheurs; je fuis prête, & je dois tout attendre.

L'HIER OPHANT E.

C'eft le plus grand des biens, d'amertume mêlé;
Mais il n'en eft point d'autre. Antigone troublé,
Antigone, les fiens, le peuple, les armées,
Toutes les voix enfin, par le zèle animées,
Tout dit que cet objet à vos yeux présenté,
Qui longtems comme vous fut dans l'obfcurité,
Que vos roïales mains vont unir à Caffandre,
Qu'Olimpie...

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