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ble que fi je me trouvais jamais avec l'Abbé Guyon dans la rue, (car je ne peux le rencontrer que là ) * je lui dirais, Mon ami, de quel droit prétends-tu être meilleur Chrétien que moi? eft-ce parce que tu affirmes dans un li vre auffi plat que calomnieux, que , que je t'ai fait bonne chère, quoique tu n'ayes jamais dîné chez moi? eft-ce parce que tu as revélé au public, c'est-à-dire à quinze ou feize lecteurs oififs, tout ce que je t'ai dit du Roi de Pruffe, quoique je ne t'aye jamais parlé, & que je ne t'aye jamais vû? ne fais-tu pas que ceux qui mentent fans efprit, ainfi que ceux qui mentent avec efprit, n'entreront jamais dans le royaume des Cieux?

Je te prie d'exprimer l'unité de l'Eglife, & l'invocation des Saints mieux que moi:

L'Eglife toujours une, & partout étendue,
Libre, mais fous un chef, adorant en tout lieu,
Dans le bonheur des Saints, la grandeur de fon Dieu.

Tu me feras encor plaifir de donner une idée

plus

* L'Abbé Guyon auteur d'un libelle déteftable, intitulé l'Oracle des Philofophes.

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plus jufte de la Tranfsubstantiation que
j'en ai donnée.

celle que

Le Chrift, de nos péchés victime renaissante,
De fes élus chéris nourriture vivante,
Defcend fur les autels à fes yeux éperdus,

Et lui découvre un Dieu fous un pain qui n'est plus.

Crois-tu définir plus clairement la Trinité qu'elle ne l'eft dans ces vers:

La puissance, l'amour, avec l'intelligence
Unis & divifés, compofent fon effence?

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Je t'exhorte toi & tes femblables, non-feulement à croire les dogmes que j'ai chantés en vers, mais à remplir tous les devoirs que j'ai enfeignés en profe. Mais ce n'est pas affez de croire, il faut faire il faut être foumis dans le fpirituel à fon Evêque, entendre la Meffe de fon Curé, communier à fa paroiffe, procurer du pain aux pauvres. Sans vanité, je m'acquitte mieux que toi de ces devoirs, & je confeille à tous les poliffons qui crient, d'être Chrétiens & de ne point crier. Ce n'eft pas encor affez; je fuis en droit de te citer Corneille.

Servez

Servez bien vôtre Dieu, fervez vôtre Monarque.

Il faut pour être bon Chrétien, être furtout bon fujet, bon citoyen; or, pour être tel, il faut n'être ni Janféniste, ni Molinifte, ni d'aucune faction; il faut refpecter, aimer, fervir fon Prince; il faut, quand nôtre patrie est en guerre, ou aller fe battre pour elle, ou payer ceux qui fe battent pour nous : il n'y a pas de milieu. Je ne peux pas plus m'aller battre à l'âge de foixante & fept ans, qu'un Confeiller de grandchambre; il faut donc que je paye fans la moindre difficulté ceux qui vont fe faire eftropier pour le fervice de mon Roi, & pour ma fûreté particulière.

J'oubliais vraiment l'article du pardon des injures. Les injures les plus fenfibles, dit-on, font les railleries; je pardonne de tout mon cœur à tous ceux dont je me fuis moqué.

Voilà, Monfieur, à peu près ce que je dirais à tous ces petits prophêtes du coin, qui écrivent contre le Roi, contre le Pape, & qui daignent quelquefois écrire contre moi & contre des perfonnes qui valent mieux que moi. J'ai le malheur de ne point regarder du tout comme des pères

pères de l'Eglife, ceux qui prétendent qu'on ne peut croire en Dieu fans croire aux convulfions, & qu'on ne peut gagner le Ciel qu'en avalant des cendres du cimetière de St. Médard, en fe faifant donner des coups de buche dans le ventre, & des claques fur les feffes. Pour moi, je crois que fi on gagne le Ciel, c'est en obéiffant aux puiffances établies de Dieu, & en faifant du bien à fon prochain.

Un journaliste a remarqué que je n'étais pas adroit, puisque je n'époufais aucune faction, & que je me moquais fouvent de tous ceux qui veulent former des partis. Je fais gloire de cette maladreffe; ne foyons ni à Apollo, ni à Paul, mais à Dieu feul, & au Roi que Dieu nous a donné. Il y a des gens qui entrent dans un parti pour être quelque chofe, il y en a d'autres qui exiftent fans avoir besoin d'aucun parti.

Adieu, Monfieur, je penfais ne vous envoyer qu'une tragédie, & je vous ai envoyé ma profeffion de foi. Je vous quitte pour aller à la Messe de minuit avec ma famille & la petite fille du grand Corneille. Je fuis faché d'avoir chez moi

quel

* Ce font les miftères des Janféniftes convulfion nuires

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quelques Suiffes qui n'y vont pas'; je travaille à les ramener au giron, & fi Dieu veut que je vive encor deux ans, j'efpère aller baifer les pieds du St. Père avec les Huguenots que j'aurai convertis, & gagner les indulgences.

In tanto la prego di gradire gli auguri di felicità ch'io le reco nella congiuntura delle prossime fante fefte natalizie; e viva.

OLIM

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