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cette magnificence; mais enfin, elles en retracent quelque idée; c'eft la plus belle éducation qu'on puiffe donner à la jeuneffe, le plus noble délaffement du travail, la meilleure inftruction pour tous les ordres des citoyens. C'est presque la feule maniére d'affembler les hommes pour les rendre fociables.

Emollit mores, nec finit effe feros.

Auffi, je ne me lafferai point de répéter que parmi vous le Pape Léon dix, l'Archevêque Triffino, le Cardinal Bibiena, & parmi nous les Cardinaux de Richelieu & Mazarin, reffufcitèrent la fcène; ils favaient qu'il vaut mieux voir l'Oedipe de Sophocle, que de perdre au jeu la nourriture de fes enfans, fon temps dans un caffé fa raifon dans un cabaret, fa fanté dans des réduits de débauche, & toute la douceur de fa vie dans le befoin & dans la privation des plaifirs de l'efprit.

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Il ferait à fouhaiter, Monfieur, que les fpectacles fuffent dans les grandes villes, ce qu'ils font dans vos terres & daus les miennes, & dans celles de tant d'amateurs; qu'elles ne fuffent point

point mercénaires; que ceux qui font à la tête des gouvernemens, fiffent ce que nous faifons, & ce qu'on fait dans tant de villes. C'eft aux Ediles à donner les jeux publics; s'ils deviennent une marchandise, ils rifquent d'être avilis. Les hommes ne s'accoutument que trop à méprifer les fervices qu'ils payent. Alors l'intérêt plus fort encor que la jaloufie, enfante les cabales. Les Claverets cherchent à perdre les Corneilles; les Pradons veulent écrafer les Racines.

C'est une guerre toûjours renaiffante, dans laquelle la méchanceté, le ridicule & la baffeffe font fans ceffe fous les armes.

Un entrepreneur des fpectacles de la foire, tâche à Paris de miner les Comédiens qu'on nomme Italiens: ceux-ci veulent anéantir les Comédiens Français par des parodies; les Comédiens Français fe défendent comme ils peuvent. L'Opéra eft jaloux d'eux tous; chaque compofiteur a pour ennemis tous les autres compofiteurs & leurs protecteurs, & les maîtreffes des protecteurs.

Souvent pour empêcher une piéce nouvelle de paraître, pour la faire tomber au theatre, & fi elle réuffit, pour la décrier à la lecture, &

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pour abîmer l'auteur, on employe plus d'intri gues que les Wighs n'en ont tramé contre les Toris, les Guelfes contre les Gibelins, les Moliniftes contre les Janfénistes, les Cocceiens contre les Voetiens. &c. &c. &c. &c.

Je fais de fcience certaine, qu'on accufa Phèdre d'être Janfénifte. Comment (difaient les ennemis de l'auteur) fera-t-il permis de débiter à une nation Chrétienne ces maximes diaboliques?

Vous aimez, on ne peut vaincre fa destinée;
Par un charme fatal vous futes entraînée.

N'eft-ce pas là évidemment un juste à qui la grace a manqué? J'ai entendu tenir ces propos dans mon enfance, non pas une fois, mais trente. On a vu une cabale de canailles, & un Abbé Des Fontaines à la tête de cette cabale, au fortir de Biffètre, forcer le gouvernement à fufpendre les représentations de Mahomet, joué par ordre du gouvernement; ils avaient pris pour prétexte que dans cette tragédie de Mahomet il y avait plufieurs traits contre ce faux prophète, qui pouvaient rejaillir fur les convulfionnaires; ainfi, ils eurent l'infolence d'empêcher pour quelque

tems

tems les représentations d'un ouvrage dédié à un Pape, approuvé par un Pape.

Si Mr. de l'Empirée, auteur de province, est jaloux de quelques autres auteurs, il ne manque pas d'affurer dans un long difcours public, que Meffieurs fes rivaux font tous des ennemis de l'Etat, & de l'Eglife Gallicane. Bientôt Arlequin accufera Polichinelle d'ètre Janféniste, Molinifte, Calvinifte, Athée, Déifte, collective

ment.

Je ne fais quels écrivains fubalternes fe font avifés, dit-on, de faire un Journal Chrétien, comme fi les autres journaux de l'Europe étaient idolâtres. Mr. de Ste Foix, gentilhomme Breton, célèbre par la charmante comédie de l'Oracle, avait fait un livre très utile & très-agréable fur plufieurs points curieux de nôtre histoire de France. La plupart de ces petits Dictionnaires ne font que des extraits des favans ouvrages du fiécle paffé. Celui-ci eft d'un homme d'efprit qui a vû & penfé. Mais qu'eft-il arrivé? Sa comédie de l'Oracle, & fes recherches fur l'hiftoiétaient fi bonnes, que Mrs. du Journal Chrétien l'ont accufé de n'être pas Chrétien. Il est vrai qu'ils ont effuyé un procès criminel, &

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qu'ils ont été obligés de demander pardon; mais rien ne rebute ces honnêtes gens.

La France fournissait à l'Europe un Dictionnaire encyclopédique dont l'utilité était reconnue. Une foule d'articles excellens rachetaient bien quelques endroits qui n'étaient pas des mains des maîtres. On le traduifait dans vôtre langue; c'était un des plus grands monumens des progrès de l'efprit humain. Un convulfionnaire s'avife d'écrire contre ce vafte dépôt des fciences. Vous ignorez peut-être, Monfieur, ce que c'eft qu'un convulfionnaire; c'eft un de ces énergumènes de la lie du peuple, qui pour prouver qu'une certaine bulle d'un Pape est erronnée, vont faire des miracles de grenier en grenier, rotiffant des petites filles fans leur faire de mal, leur donnant des coups de buche & de fouet pour l'amour de Dieu, & criant contre le Pape. Ce Monfieur convulfionnaire fe croit prédeftiné, par la grace de Dieu, à détruire l'Encyclopédie; il accufe, felon l'ufage, les auteurs de n'ètre pas Chrétiens; il fait un inlisible libelle en forme de dénonciation; il attaque à tort & à travers tout ce qu'il eft incapable d'entendre. Ce pauvre homme s'imaginant que l'article Ame de ce Diction

naire

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