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CINQUIÈME CHAPITRE.

ASCENSION.

§ CXXXIX.

Dernières prescriptions et dernières promesses de Jésus.

Dans la dernière entrevue avec ses disciples, laquelle, d'après Marc et Luc, se termina par l'ascension, Jésus donna, suivant les trois premiers évangélistes (le quatrième a quelque chose de semblable dès la première entrevue), ses dernières prescriptions et ses dernières promesses, qui se rapportèrent à la fondation et à la propagation du royaume messianique sur la terre.

Quant aux prescriptions, Jésus, chez Luc (24, 47 seq.; Act. Ap., 1, 8), désigne, en prenant congé d'eux, ses apôtres pour être témoins de sa messianité, et il les charge d'annoncer en son nom, depuis Jérusalem jusqu'aux extrémités de la terre, le repentir et la rémission des péchés, μETávorav xai peciv áμapтiov. Chez Marc (16, 15 seq.), il leur enjoint d'aller dans toutes les parties du monde porter à toute créature la joyeuse nouvelle du royaume messianique fondé par lui, ajoutant que celui qui croira et se fera baptiser sera sauvé, mais que celui qui ne croira pas sera condamné (dans le jugement messianique à venir). Dans Matthieu (28, 19 seq.), les apôtres sont également chargés d'enseigner toutes les nations, ñávτa tà ¤0vn; et ici le baptême n'est pas mentionné seulement en passant, comme chez Marc, mais l'évangéliste le met en lumière, en en faisant une prescription expresse de Jésus, et en outre il le caractérise en le désignant comme un baptême au nom du

Père, du Fils et du Saint-Esprit, eiç tò ovoμa toŬ πATρÒS, καὶ τοῦ υἱοῦ, καὶ τοῦ ἁγίου πνεύματος.

Or, une pareille réunion des noms du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ne se trouve ailleurs que dans les Épîtres apostoliques et comme formule de salut (2. Cor., 13, 13: ἡ χάρις τοῦ Κυρίου Ι. Χ., κτλ.) ; le passage cité du premier évangile est l'unique passage de tout le Nouveau Testament où elle soit employée à désigner le baptême. Dans les Épîtres apostoliques et aussi dans les Actes des Apôtres, le baptême est exprimé seulement par les mots : Baptiser en Jésus-Christ ou au nom du Seigneur Jésus, Bantiev eis Χριστὸν Ἰησοῦν, εἰς τὸ ὄνομα τοῦ Κυρίου Ἰησοῦ, et d'autre façon semblable (Rom., 6, 3; Gal., 3, 27; Act. Ap., 2, 38; 8, 16; 10, 48; 19, 5). Ce n'est que dans les écrivains ecclésiastiques, tels que Justin (1), que se trouve cette triple relation à Dieu, à Jésus et à l'Esprit. En outre, la formule de Matthieu ressemble tellement au rituel de l'Église, qu'il n'y a aucune invraisemblance à admettre qu'elle ait passé de ce rituel dans l'évangile pour y être attribuée à Jésus. Mais cela n'autorise pas à rejeter du texte ce passage comme une interpolation (2); car, si l'on voulait déclarer interpolé tout ce qui, dans les évangiles, ne peut ni être arrivé à Jésus, ni avoir été fait par lui, ni avoir été dit par lui, les interpolations deviendraient beaucoup trop nombreuses. C'est donc avec raison que, de ce côté, l'authenticité de la formule baptismale a été défendue par d'autres (3). Mais les arguments qu'ils font valoir ne suffisent pas pour établir qu'elle ait été proférée de cette façon par Jésus lui-même. Les deux opinions viennent donc se concilier en une troisième, qui est que cette formule précise du baptême appartient au texte original du premier évangile, sans avoir été cependant proférée par Jésus lui-même en ces termes (4). Jésus, à diverses reprises, avait, durant sa vie, prédit l'ex

(1) Apol., 1, 61.

(2) Comme Teller, dans Excurs., 2, ad Burneti 1, de fide et offic. Christ., p. 262. (3) L'écrit de Beckhaus, Ueber die Aech

theit der sog. Taufformel, 1794, a trouvé un assentiment général.

(4) Comparez De Wette, Exeg. Handb., 1, 1, S. 246.

tension de son royaume au-delà des limites du peuple juif; peut-être aussi avait-il fait connaître que sa volonté était qu'on introduisît le baptême; et, soit que les apôtres, comme le dit le quatrième évangile, eussent baptisé dès le vivant de Jésus, soit qu'ils n'eussent fait de cette cérémonie le signe de l'admission dans la nouvelle société messianique qu'après la mort de Jésus, en tout cas il était complétement dans l'esprit de la légende d'attribuer au Christ, comme dernière volonté et au moment du dernier adieu, l'ordre de baptiser ainsi que celui d'aller dans toutes les parties du monde.

Les promesses que Jésus fit aux siens en prenant congé d'eux se bornent, chez Matthieu, où elles sont exclusivement adressées aux onze, simplement à ceci : Que lui qui, Messie glorifié, a reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre, sera toujours invisiblement auprès d'eux, même pendant le siècle présent, aiúv, jusqu'à la consommation, ouvréλeia, de ce siècle, où il sera éternellement et visiblement auprès d'eux; cela est l'exacte expression des sentiments qui se formèrent dans la première communauté chrétienne quand l'équilibre fut rétabli après les oscillations causées par la mort de Jésus. - Dans Marc, les dernières promesses de Jésus paraissent dériver de l'opinion populaire qui avait cours au temps de la rédaction de cet évangile sur les dons merveilleux des chrétiens. Parmi les signes, onμeta, qui sont promis aux fidèles, il est question de parler des lanques nouvelles, λαλεῖν γλώσσαις καιναῖς. Cela a eu réellement lieu au sein de la première communauté, dans le sens de 1 Cor., 14, mais non dans le sens déjà mystique des Act. Ap., 2 (1). De même, l'expulsion des démons, Saióγια ἐκβάλλειν, et la guérison des malades par la foi dans l'efficacité de l'imposition des mains d'un chrétien, imídeois Xapov, tout cela peut se concevoir comme produit d'une manière naturelle. Mais la faculté de prendre des serpents, opeis apetv (comparez Luc, 10, 19), et la faculté d'avaler,

(1) Comparez Baur, dans Tübinger Zeitschrift für Theologie, 1830, 2, S. 75 ff.

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sans danger, des breuvages mortels, n'ont jamais eu d'existence que dans les superstitions populaires; et ce sont les signes d'apostolat auxquels Jésus aurait attaché le moins de prix. Dans Luc, l'objet de la dernière promesse de Jésus est la vertu d'en haut, dúvaμıç ü↓ous, qu'il enverra aux apôtres conformément à l'annonce du Père, èñayyɛλíz TOU аTpós, et dont ils doivent attendre la communication à Jérusalem (24, 49); et, dans les Actes des Apôtres, 1, 3 seq., Jésus précise cette communication de force en l'appelant un baptême par le Saint-Esprit, TVεμα уtov, qui, dans peu de jours, sera le partage des apôtres et les mettra en état de prêcher l'Évangile. - Ces passages de Luc, qui placent la communication du Saint-Esprit dans les jours qui suivirent l'ascension, paraissent contredire le quatrième évangile, qui dit que Jésus, dès le jour de sa résurrection et même lors de sa première apparition au milieu des onze, leur avait communiqué le Saint-Esprit. En effet, chez Jean, 20, 22 seq., nous lisons que Jésus, apparaissant malgré les portes fermées, souffla sur ses disciples et leur dit : Recevez le Saint-Esprit, hábεтe TVεuμα äɣlov; à quoi il ajouta la qualification pour remettre et pour retenir les péchés.

Si l'on n'avait sur la communication de l'esprit, vεūμz, que ce passage, chacun croirait que les apôtres le recurent dès lors de Jésus en personne, et non plus tard après qu'il eut été enlevé au ciel. Mais déjà, dans l'intérêt de concilier les évangélistes, Théodore de Mopsueste, comme aujourd'hui Tholuck (1), a conclu que, chez Jean, le mot recevez, λábɛte, devait être pris dans le sens de vous recevrez, λεobe, parce que, d'après Luc, le Saint-Esprit ne fut communiqué aux apôtres que plus tard, à la Pentecôte. Mais l'évangéliste, comme s'il voulait prévenir une pareille entorse donnée au texte, dit que Jésus joignit à ses paroles l'action symbolique de souffler; ce qui met au présent, de la manière la moins méconnaissable, l'action de recevoir

(1) Comm, z. Joh., S. 332.

l'esprit (1). A la vérité, les commentateurs savent éluder aussi cette insufflation, en disant qu'elle signifie : autant il est certain que Jésus souffle en ce moment sur les apôtres, autant il l'est que plus tard ils recevront le Saint-Esprit (2). Mais l'insufflation est un symbole d'une communication présente non moins positivement que l'imposition des mains; et comme ceux à qui les apôtres imposaient les mains étaient immédiatement remplis de l'esprit, veux (Act. Ap., 8, 17; 19, 6), nécessairement le rédacteur du quatrième évangile a dû, d'après sa narration, se figurer que dès lors Jésus avait communiqué l'esprit aux apôtres. Pour ne pas être obligés de nier, contre les paroles claires de Jean, que réellement il y eut dès la résurrection une communication de l'esprit, et pour ne pas non plus tomber en contradiction. avec Luc, qui met plus tard l'effusion de l'esprit, les commentateurs admettent aujourd'hui d'ordinaire les deux choses, à savoir que l'esprit fut communiqué aux apôtres aussi bien dès lors que plus tard, et que la communication antécédente ne fut qu'amplifiée et complétée à la Pentecôte (3). En d'autres termes, comme il est question, dans le dixième chapitre de Matthieu, (10, 20), de l'esprit du Père, πνεῦμα TOỮ Taτρós, qui devait soutenir les apôtres dès leur premier voyage de mission, on admet que dès avant ce voyage, du vivant de Jésus, ils reçurent une force supérieure quelconque; qu'elle fut augmentée ici, après la résurrection, et que toute la plénitude de l'esprit ne fut épanchée sur eux que lors de la Pentecôte (4). Mais, comme Michaëlis l'a déjà fait remarquer, on ne voit pas en quoi consistent les différences de ces gradations, ni en particulier ce qu'aurait été l'accroissement des dons spirituels opéré lors de la communication racontée par Jean. Si, dès la première fois, les apôtres avaient reçu le don de miracle (Matth., 10, 1, 8) avec le don de parler devant les tribunaux sous l'in

(1) Lücke, Comm. z. Joh., 2, S. 686; De Wette, S. 204.

(2) Less, Auferstehungsgeschichte, S. 281; Kuincel, sur ce passage.

(3) Lücke, S. 687.

(4) Voyez dans Michaelis, Bregræbnissund Auferstehungsgeschichte, S. 268; Olshausen, 2, S. 533.

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